Guérir d’un PN est un chemin à la fois long et complexe qui vous en apprendra sûrement plus sur vous que toute autre relation. En effet, il ne s’agit pas simplement de couper le lien d’emprise, de serrer les dents un bon coup et d’attendre que le “temps fasse son œuvre” pour oublier le vampire émotionnel. Surmonter les impacts de la perversion narcissique demande une profonde introspection pour comprendre ses mécanismes, mais aussi le contexte personnel et propre à chacun qui a favorisé leur installation. Si l’on sait déjà que la recherche d’un nouvel équilibre émotionnel passe par la réparation d’une estime de soi fortement mise à mal, de nombreuses victimes de manipulation sentimentale vivent encore longtemps avec une mémoire traumatique difficile à apaiser sans une aide thérapeutique adaptée. À défaut de résilience, le risque de retomber perpétuellement dans des liens dysfonctionnels est considérable. Voyons pourquoi c’est si long de rompre avec des schémas répétitifs délétères et comment accélérer le rétablissement de l’autonomie, l’indépendance et la confiance en soi.
En combien de temps guérit-on des séquelles laissées par un pervers narcissique ? Ce que vous devez savoir
N’y allons pas par quatre chemins : guérir d’un PN est long, parfois très long. Mais, pour reprendre une expression météorologique, entre le temps réel et le temps ressenti, il y a un gouffre. Chaque cas étant unique, il est impossible de déterminer un délai d’éradication des séquelles laissées par un manipulateur sentimental, si tant est que ce but soit réaliste. Par l’expérience de plusieurs décennies de notre équipe de psychologues spécialisés dans la perversion narcissique, nous pouvons cependant affirmer qu’il faudra au minimum plusieurs mois. N’imaginez pas toutefois que vous irez mal pendant 6 mois pour ensuite aller bien d’un coup de baguette magique, ni même qu’il vous faudra attendre avant de vous remettre en couple.
En réalité, il faut considérer que la relation toxique est l’impulsion qui vous mène au travail thérapeutique. Elle devient ensuite secondaire, car le réel enjeu, c’est que la personne qui consulte accède à une meilleure satisfaction de vie. C’est finalement l’exploration de soi qui constituera le véritable focus et cela peut prendre plusieurs années. Sachez néanmoins que c’est une démarche passionnante qui mène à une véritable libération. Par contre, nous tenons à vous avertir d’une chose : la progression n’est pas linéaire et constante. Il faut s’attendre à des phases tourmentées autant qu’à des phases d’accalmie. La rencontre avec soi n’est pas simple, mais elle vaut la peine d’y mettre son énergie. Après vous être dédiée à quelqu’un d’autre qui voulait, de surcroît, vous nuire, vous savez que vous êtes capables de déployer une force, une détermination et surtout, une endurance, qui surpassent vos attentes, alors faites-le pour vous. De plus, ce sera bénéfique aussi pour tous ceux qui vous entourent et comptent sur vous, notamment les enfants. Voyons maintenant de quoi peut dépendre la durée de votre rétablissement après les dégâts causés par un manipulateur sentimental.
Quels facteurs influent sur la durée du processus de résilience post-PN ?
Guérir d’un PN est très long et fastidieux, car plusieurs facteurs interviennent dans le processus de résilience. Propres à chaque situation, ils sont toutefois identifiables et catégorisables par thématiques.
La durée de la relation d’emprise
Une relation prolongée sur des années, voire des décennies entre comme le premier déterminant de la durée du processus de guérison. Elle induit l’idée d’une forte habituation aux violences ordinaires comme celles axées sur le financier, par exemple. Cependant, la première année avec un PN étant souvent idyllique, il est difficile de trouver des relations toxiques qui n’auraient duré que quelques semaines.
L’intensité du lien toxique
Des relations très exhaltées ou “passionnelles” comme ont coutume de dire les romantiques (ou faussement romantiques !), jalonnées de grands actes comme le mariage sur un coup de tête, les naissances dans la foulée et des cycles répétés de ruptures et de rechutes rendent la reconstruction personnelle plus complexe. De plus, des situations à forte charge émotionnelle encouragent les prises de décisions déraisonnables. C’est ce qui explique en partie le syndrome de Stockholm, par exemple.
La fréquence des effractions psychiques
Nous avons déjà expliqué combien les microtraumatismes cumulatifs avaient la capacité de modifier la biochimie de votre cerveau, au point de vous priver de votre capacité de discernement et d’action. Si un état de stress post-traumatique complexe est présent, il faut qu’il soit traité par un psychothérapeute, sans quoi, la guérison pourrait être compromise.
La gravité des violences subies
Cette catégorie exige une certaine nuance. En effet, nous savons que les pervers narcissiques font en sorte d’éviter d’aller trop loin dans leurs actes destructeurs afin de préserver leur bonne image sociale. Cette retenue stratégique permet aussi de ne pas donner de raison trop évidente de les fuir. Pourtant, il leur arrive d’user de violence physique et sexuelle. L’effet hautement traumatisant de telles agressions peut ralentir la guérison de la personne qui les a subies.
Les dégâts psychiques
Tout le monde ne dispose pas des mêmes capacités à s’ajuster à une situation et donc tout le monde ne partira pas du même point sur le chemin de la guérison post-PN. D’ailleurs, il est important de rappeler combien la croyance selon laquelle “ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort” est erronée. L’impact des atteintes psychiques dépend autant de votre parcours de vie tout entier, c’est-à-dire des répercussions de votre première relation toxique, que de votre vécu avec votre PN. De même, nous n’avons pas tous les mêmes schémas de pensée et de comportements, et ce serait une aberration de considérer que c’est une faiblesse de caractère que d’être en dépression, voire au bord du suicide forcé à cause des manipulations d’un sadique narcissique. Ces situations constituent des cas d’urgence pour lesquelles il faut réagir sans attendre en ayant recours aux autorités compétentes.
Les dégâts physiques
Outre les blessures par les coups, nous souhaitons parler ici des états physiques dégradés qui ne sont pas forcément perçus comme découlant de la relation nocive. Et pourtant, psychosomatisation, fibromyalgie, troubles du comportement alimentaire ou addictif, etc. sont malheureusement le lot de nombreuses victimes d’abus émotionnels. Prendre soin de son corps est tout aussi important que s’occuper de sa santé mentale dans le cheminement vers la guérison.
La capacité à l’introspection
C’est un thème que nous abordons de façon récurrente, mais il est essentiel d’intégrer que la seule façon de ne pas répéter un schéma dysfonctionnel, c’est de comprendre sa propre part de responsabilité dans la relation néfaste. Il ne s’agit pas ici de stigmatiser les victimes, mais plutôt de leur redonner le pouvoir de mener leur vie en toute connaissance de cause, y compris de leurs propres schémas délétères. Si elles sont dans le déni, elles n’auront pas accès aux mécanismes psychologiques permettant la résolution de l’événement traumatique. La thérapie nécessite un temps d’intégration des nouveaux réagencements qu’elle engendre dans les systèmes de pensée. Le temps est donc une nécessité, bien plus qu’une contrainte.
L’efficacité des ressources externes
Vos ressources internes, c’est-à-dire votre capacité à faire face à la situation, se renforcent en psychothérapie. Le psy est quant à lui une ressource externe, tout autant qu’un avocat, un service social, des amis proches ou la famille bienveillante. Il est impératif de se constituer un système de soutien efficace pour accroître vos chances de rétablissement. Guérir d’un PN en restant dans l’isolement est quasiment impossible. Ce n’est pas un hasard si votre mise à l’écart a sans doute été la première stratégie de mise sous emprise de votre bourreau. Ceci nous donne l’occasion de déconstruire un autre adage : “Seul, on va plus vite, à deux, on va plus loin”. Dans le cas de la guérison post-PN, ça ne s’applique absolument pas. Mieux vous serez accompagnée et plus vous irez vite et loin dans la reconquête de votre pouvoir personnel. Mais prenez garde : les coachs anti-PN qui vous promettent un rétablissement complet en 6 semaines, avec garantie “satisfait ou remboursé” sont des spécialistes en marketing, pas en psychologie humaine. Rien ne peut mieux saper vos chances de vous rétablir qu’un échec ou qu’une nouvelle trahison de confiance.
Conclusion
Guérir d’un PN n’est pas une mince affaire. On ne se remet pas d’une relation d’emprise comme on surmonte n’importe quelle déception amoureuse. D’une part, le pervers narcissique s’avouera rarement vaincu aisément et donc, il reviendra à plusieurs reprises. Et d’autre part, il a provoqué de sacrés dégâts psychiques et physiques. Pour se libérer des séquelles laissées par la manipulation sentimentale, il faut sonder sa psyché pour comprendre son propre fonctionnement. Avec un accompagnement adéquat et un système de soutien solide, la guérison sera non seulement plus facile et rapide, mais elle pourra se révéler comme littéralement transformatrice et, on vous le souhaite, vectrice de croissance post-traumatique.