L’ALLIANCE THÉRAPEUTIQUE POUR SURMONTER LE VÉCU AVEC UN PN

L’alliance thérapeutique est plus qu’une vague notion englobant tous types d’échanges entre un psy et son patient. Il s’agit d’une véritable relation de collaboration, d’un engagement personnel et mutuel qui se joue avant tout entre deux êtres humains. Ensemble, ils partagent un but commun : combattre la souffrance psychique. Dans notre cas, il s’agit principalement de celle infligée par des pervers narcissiques, surtout pour les victimes présentant un syndrome de stress post-narcissique. De cette union des forces entre thérapeute et patient naît en quelque sorte une troisième entité : cette fameuse alliance qui sous-tend un fonctionnement spécifique dont nous allons vous livrer les rouages.

Qu’est-ce que l’alliance thérapeutique ?

Ceux qui sont réfractaires aux bienfaits de la psychothérapie n’ont généralement aucune idée de ce qui se joue en consultation psychologique. Ils préfèrent s’en référer à une image caricaturale d’un clone de Freud mutique muni d’un carnet de notes et qui se contente d’acquiescer subtilement du menton face à un patient se déversant sur ses relations avec sa mère, le tout allongé sur un divan d’allure désuète. En réalité, l’alliance thérapeutique est déterminante pour guérir de nombreux maux psychologiques, y compris les traumatismes causés par un pervers narcissique. Elle permet au patient de se sentir en sécurité, compris et soutenu, ce qui est essentiel, notamment pour surmonter les effets dévastateurs de l’emprise et des abus émotionnels ou atteintes physiques de toutes sortes.

L’alliance thérapeutique désigne donc l’engagement commun que prennent un psychothérapeute et son patient pour apporter une réponse à la souffrance psychique de ce dernier. L’expression est à envisager dans toute sa dimension étymologique. En effet, elle est composée du latin “alligare” qui signifie “attacher” et du grec “therapeutikós” qui englobe le fait d’être attentif, serviable et curatif.

Ainsi, la qualité de ce pacte influence considérablement les chances de réussite de la thérapie. Pour que cette coalition soit positive, il faut qu’elle repose sur une confiance réciproque, une bonne compréhension des besoins de celui que l’on appelle aussi “le client”, une communication honnête et ouverte, un respect mutuel et une implication franche dans le processus thérapeutique.

En considérant le patient comme acteur de sa guérison, l’alliance en psychothérapie renforce sa motivation à changer ses habitudes néfastes pour aller vers une amélioration de son bien-être psychologique.

Origine du concept

Bien que relié à Sigmund Freud et à l’histoire de la psychanalyse, le concept d’alliance thérapeutique a surtout émergé dans les années 1950 avec le psychologue humaniste Carl Rogers. À la suite des psychanalystes qui avaient déjà commencé à reconnaître l’importance de la nature de leur relation avec leurs patients pour maximiser les chances de succès de la cure, Rogers a développé sa méthode non-directive qu’il a aussi appelée “approche centrée sur la personne” (Person-centered Approach). Pour lui, le thérapeute doit s’efforcer d’instaurer un climat de confiance et d’ouverture propice à la communication sur la base de l’empathie, de la congruence et de la considération positive inconditionnelle. En d’autres termes, le professionnel doit se servir de ses qualités humaines pour qu’une connexion de l’ordre de l’affectif se mette en place, sans pour autant perdre son positionnement d’expert que l’on vient consulter.

Aujourd’hui, l’alliance thérapeutique est intégrée dans la formation des psychologues et est utilisée dans de nombreuses approches cliniques issues de courants différents (thérapie cognitivo-comportementale, humaniste, interpersonnelle, etc.)

Les aléas de la relation psy-patient

Choisir de sortir du rapport froid entre un professionnel et son client comporte des risques de déstabilisation. En effet, la rencontre de deux sujets dans toute leur sensibilité s’inscrit dans une dynamique des relations interpersonnelles et n’est pas exempte d’aléas divers comme :

  • La réactance : réaction émotionnelle négative à une tentative de persuasion ou de contrôle perçue comme portant atteinte à la liberté ou à l’autonomie.
  • La résistance : défense contre une personne ou une idée considérée comme menaçante. Elle peut prendre la forme d’une opposition directe, de la manipulation, de la négociation, ou bien de la passivité ou de l’évitement.
  • La symétrie : mode relationnel dans lequel les deux parties se voient comme étant sur un pied d’égalité. Cela peut conduire à des conflits, de la compétition ou des comparaisons constantes pouvant nuire à l’harmonie de la relation.

Ces fluctuations relationnelles sont inévitables et peuvent se traduire de multiples manières en thérapie, que cela passe par le mensonge ou l’annulation de rendez-vous pour ne citer que ces exemples. C’est pourquoi l’alliance thérapeutique est constituée de règles précises permettant de canaliser ces situations afin qu’elle n’entrave pas le processus d’amélioration psychologique.

Les 7 principes clés de l’alliance thérapeutique

Les valeurs fondamentales permettant de cadrer l’alliance thérapeutique reposent sur de grands principes empruntés à la déontologie et à la morale, mais aussi à la réflexion théorique ciblée.

1.   La confiance

Une alliance thérapeutique solide exige une relation de confiance réciproque. C’est une condition sine qua non dans laquelle le patient accepte plus ou moins implicitement de se laisser influencer par le thérapeute. Pour cela, il doit être intimement convaincu des intentions bienveillantes du professionnel qu’il consulte. En retour, le psychologue ne doit avoir aucun doute sur l’honnêteté de son patient. Pour les victimes de PN, trop longtemps manipulées, humiliées et maltraitées psychologiquement, s’en remettre à autrui pour livrer son expérience intime est particulièrement difficile. C’est pourquoi les thérapeutes habitués à prendre en charge les personnes ayant souffert de la domination perverse seront plus à même de parvenir à leur offrir un espace de parole sécurisant.

2.   La compréhension

D’une bonne compréhension mutuelle naissent les meilleurs accords. Le psychothérapeute et son patient doivent s’assurer qu’ils sont bien en phase concernant leur appréhension des attentes de chacun.

3.   La négociation

Le cadre thérapeutique, ainsi que les besoins du patient et objectifs du processus doivent être décidés d’un commun accord. Il s’agit d’une sorte de contrat moral préalable avec consentement éclairé.

4.   La mutualité

À l’image d’une équipe, agir de concert et se coordonner est déterminant pour faire fructifier la collaboration entre thérapeute et patient.

5.   La communication

L’efficacité de l’alliance thérapeutique est fortement influencée par la qualité de la communication. Celle-ci doit être ouverte et respectueuse pour que le patient soit invité à exprimer ses pensées et sentiments en toute transparence. Le thérapeute s’attache également à porter toute sa capacité d’écoute, d’attention et d’accompagnement à ces échanges verbaux ou non-verbaux.

6.   L’engagement

Les patients, autant que les thérapeutes, doivent être engagés dans le processus thérapeutique. Il faut que leur implication dans le travail introspectif et leur motivation à déboucher vers un meilleur développement psychique soit entières. Cela implique pour le patient de fournir les efforts requis et pour le professionnel de mettre son expertise à profit.

7.   L’adaptabilité

Il est difficile de prévoir l’évolution d’un processus thérapeutique rarement linéaire. C’est pourquoi les thérapeutes doivent savoir s’adapter aux besoins de leurs patients et être capables de réajuster leur approche, afin de rester dans un modèle personnalisé et en adéquation avec chaque individu.

Ainsi, le psychothérapeute doit être à la fois attentif à son patient et à sa progression, mais aussi à la qualité de l’alliance thérapeutique qu’il forme avec lui. Ceci, tout en restant critique et objectif sur son propre positionnement d’expert. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, la psychothérapie a toutes ses chances d’aboutir à un mieux-être notable du patient.

L’alliance thérapeutique agit comme un catalyseur des efforts fournis à la fois par le thérapeute et par le patient pour parvenir à la guérison, ou du moins à l’amélioration de l’état mental de ce dernier. C’est en offrant un cadre rassurant et maîtrisé que la réflexion introspective aura toutes ses chances d’aboutir à une vie plus épanouissante. Ainsi, les schémas dysfonctionnels tels que la dépendance affective pourront être abandonnés et les traumas cèderont la place à la croissance.

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