SYNDROME DE STRESS POST-NARCISSIQUE

On parle du syndrome de stress post-narcissique comme d’un cousin du syndrome de stress post-traumatique. Il est relatif aux séquelles laissées par la fréquentation d’une personnalité narcissique. Il est bon de reconnaître ce syndrome, car il résulte d’un contrecoup naturel à la violence d’une telle relation. Or, trop peu averties, les victimes se réfugient souvent dans le déni.

Syndrome de stress post-narcissique et post-traumatique

D’une manière générale, le stress post-traumatique concerne des événements relatifs à des catastrophes comme les guerres, les attentats ou les accidents. Le SSPN, ou syndrome de stress post-narcissique en est une variante. Elle est consécutive aux suites d’un choc causé par des violences psychologiques engendrées par la fréquentation d’une personnalité toxique de type perverse narcissique.

Tout comme le stress post-traumatique, le stress post-narcissique est un trouble neuro cérébral. Il crée une hypersensibilité au niveau de l’amygdale, glande liée au « cerveau des émotions ». Les événements traumatiques refont ainsi sans cesse surface dans la vie de la personne concernée sous diverses formes : flashbacks, cauchemars ou émotions perturbatrices. Ils désorganisent considérablement sa vie, même si toutes les personnes ne sont pas touchées à la même échelle. Cela dépend de la force des traumas, mais aussi de la résistance de chacun. Nous avons tous un seuil de tolérance différent face aux traumatismes psychiques. (voir le travail de Muriel Salmona)

Les symptômes du stress post-narcissique

Le stress post-narcissique se met en place au cours de la relation avec un pervers narcissique et reste présent lorsque l’on se libère de la relation. On distingue entre ses manifestations, qui ne sont pas toutes de même nature, mais qui, dans l’ensemble, concernent toutes les victimes :

  • Les souvenirs intrusifs

Ces souvenirs sont des manifestations qui apparaissent un peu à tout bout de champ dans la vie des victimes. Ils sont provoqués par des événements externes : un lieu, une musique, des photos… Mais peuvent aussi être déclenchés par des facteurs internes, comme des faits marquants durablement ancrés.

Les souvenirs intrusifs sont aussi faits de toutes les émotions persistantes dont la victime n’arrive pas à se défaire, en lien direct avec les événements de la relation passée. Cela concerne les sentiments qui ont besoin de s’exprimer, comme souvent la colère d’avoir été manipulée, le chagrin, ou les envies de vengeance. Ce qui caractérise un syndrome de stress post-narcissique est que le pervers occupe encore une place centrale dans la vie du sujet. La victime reste prisonnière du système de pensées négatives qu’il lui a inculqué, en particulier sur lui-même.
Autre manifestation de souvenirs intrusifs : les cauchemars qui peuvent faire revivre de nuit les traumatismes subis avec le pervers. Ils peuvent évoquer des ambiances lourdes, opprimantes, qui s’apparentent à ce que l’on ressentait à ses côtés.

Tous ces souvenirs, ou ces manifestations, prolongent l’influence de la personnalité toxique du pervers dans la vie de sa victime.

  • La détresse émotionnelle et psychologique

Le stress post-narcissique est bien plus qu’un trouble anxieux. Il entraîne une perturbation du cerveau qui se met en mode « survie ».
Cela signifie qu’il se met à décrypter d’une façon accélérée l’environnement en recherche constante d’un perpétuel danger. Il en résulte une forte agitation chez le sujet, avec des états de stress et de tension sous-tendus d’une hyper vigilance. La personne devient nerveuse, en proie à une grande irritabilité, s’effraie pour un rien et peut être confronté à la crise de panique. On peut aussi rencontrer des troubles du sommeil et de la mémoire.
Si la situation empire, les symptômes peuvent aller jusqu’à la dépression réactionnelle à cette relation toxique. Cela se traduit par une absence de motivation pour tout, une incapacité à la joie, des idées noires…

  • La perte d’estime de soi

L’estime de soi est grandement endommagée chez les victimes car la manipulation mentale les déstructure psychologiquement. Les différentes techniques de manipulation employées par le pervers sont en cause. La plus dangereuse, l’identification projective, sème le trouble et la culpabilité propres à brouiller les repères et les valeurs de toute personne. Ayant intériorisé ce discours pervers, les victimes finissent souvent par douter de leur santé mentale. Certaines, paradoxalement, sont persuadées d’être devenues elles-mêmes perverses.

  • La phobie sociale

Le stress post-narcissique est en général responsable d’un repli sur soi des victimes, qui les amène à des attitudes d’évitement.
Elles ne veulent plus entendre parler du pervers, se réfugient dans une forme de cocon protecteur et refusent de faire ce qu’elles aimaient avant.
Des comportements autodestructeurs peuvent aussi apparaître, avec des dérèglements alimentaires, des addictions ou une multiplication de relations sans lendemain. Des peurs récurrentes sont présentes, avec une grande méfiance envers toute nouvelle personne et une grande désorientation qui fait craindre de ne croiser que des pervers.

Sortir du stress post-narcissique

La sortie de la relation avec le pervers narcissique sera incontournable pour guérir de ce stress. Mais ceci n’est qu’un préalable. Il est indispensable qu’une victime sorte de l’emprise perverse, en comprenant ce qu’elle a subi et en cessant de culpabiliser.

Or, la violence psychologique est un fait grave qui est encore trop souvent méconnu et banalisé. Beaucoup de victimes se voient logées à la même enseigne que les personnes subissant une rupture banale. Ce peut être extrêmement dommageable pour elles.
Car ce que fait l’entourage dans ce cas, tout à fait inconsciemment et croyant bien faire, est de les exhorter à surmonter vaille que vaille leur souffrance. C’est encore plus vrai si la rupture implique des enfants… Or, il s’agit là d’une maladresse ayant pour conséquence d’appuyer sur leur culpabilité. Cela va raviver le vécu traumatique et aggraver les symptômes précédemment cités.

Pour ces raisons, sortir d’un stress post-traumatique en s’adressant à des professionnels des questions de harcèlement et de perversion reste la solution à privilégier. L’entourage familier ne peut, en effet, comprendre la perversion, qui échappe à l’entendement des personnes ordinaires.

Un stress post-traumatique doit néanmoins être pris au sérieux, car il n’est pas sans danger pour l’intégrité d’une personne. Il peut avoir de grandes répercussions sur son évolution à venir et causer, malheureusement, une altération de son caractère et de son potentiel.

Pascal Couderc, psychologue clinicien spécialiste des manipulateurs et son équipe de psychologues spécialisés, accompagnent les victimes sur le chemin de la “vie d’après”. Écoute professionnelle et confidentielle sur Skype ou en cabinet.

Lire aussi sur ce blog : la dépression post PN

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