Bien loin de l’image terrifiante du professionnel en costume trois pièces et du patient sur son divan énumérant ses rêves les plus fous, l’image de la thérapie s’est aujourd’hui démocratisée. Cela ne fait plus de doute, consulter fait du bien et on en parle. Quels sont les avantages d’un tel travail thérapeutique ? Peut-on se reconstruire après une relation avec un pervers narcissique ? Quand le fleuve de la thérapie restaure les berges endommagées …

Parler et être écouté

La thérapie est un espace singulier, personnel, intime. C’est un moment authentique où l’on peut déposer ses bagages, ses pensées les plus profondes. Projeter son mal être, ses espoirs et ses peurs. 

Parler est déjà une thérapie en soi pour certains. Mais quand s’exprimer dans un lieu neutre et bienveillant s’allie avec l’ultime noblesse d’être écouté, entendu, soutenu.. . des miracles se produisent. 

Côtoyer un pervers narcissique laisse des traces. Malgré la lune de miel des premiers temps, la part sombre de ce pervers polymorphe perce. Elle ne tarde plus à voir le jour : il n’écoute plus, il dénigre, culpabilise, rabaisse. C’est un tortionnaire des temps modernes, qui enferme ses victimes dans une relation unilatérale d’emprise. Sans citer bien évidemment le non-respect de l’autre, de ses désirs et de sa parole. En réalité, le monde de sa victime est détruit, voire avalé. Elle n’a plus la place, ni de s’exprimer, ni de vivre ou d’exister. 

Un des attributs d’un travail thérapeutique pendant la relation avec un pervers narcissique est donc d’une part de retrouver une place. Trouver où la parole serait libre. Libre de s’exprimer, de dire, de penser, de se contredire, de se tromper, de réessayer. Une parole est toujours légitime d’être, d’exister, de s’émanciper. Il n’y a qu’une parole, la vôtre, et elle est légitime tout comme vous de s’exprimer.

Trouver un lieu sûr

La consultation est alors un moyen de recréer un espace volé. Un espace de libre parole, qu’en importe les mots et les idées. La pluie ou le beau temps sont aussi acceptés. C’est un avantage qu’apporte le travail thérapeutique, avant même presque de commencer. Prendre conscience que sa parole a toute sa place. Appréhender le fait que la thérapie est un lieu sûr pour la laisser s’exprimer et renaître

Comme son nom l’indique, c’est un travail. Mais travailler dans un environnement où l’on est légitime de penser et de dire, permet certainement de réinstaurer ce libre espace de l’existence. Celui d’être venu sur terre pour avoir le droit d’être et de dire, de penser, d’écrire. 

Le pervers narcissique juge en permanence ses victimes. Leurs faits et gestes, leur comportement, leur façon de s’exprimer ou encore de s’habiller. Le pervers structure son mode de pensée et d’interaction avec le monde, sur la base d’idées erronées et perverses. Il juge. A l’inverse, le professionnel, psychologue ou psychanalyste ne juge pas. Il accompagne, il fait guise de support le temps de retrouver la respiration. 

La thérapie est alors un moyen, encore une fois, de renaître. Cela de plus, dans un environnement sans jugement, dans un lieu sûr que l’on choisit. Car il est certain d’admettre que de n’être que dans le jugement, ne favorise rien de bon sur le chemin de l’alignement de soi menant à la liberté d’exister.

Thérapie pour soigner les dégâts d'une relation avec un pervers narcissique

Déposer sa parole

Lors d’une relation avec un pervers narcissique, les souffrances et le mal être des victimes sont tels qu’il est urgent de trouver un espace pour pouvoir déposer sa parole. En effet, les victimes sont souvent isolées et livrées à elles-mêmes. Elles ne trouvent que peu ou pas d’appuis sur leur entourage dont leur bourreau les a souvent éloignées. 

Pouvoir déposer sa parole, ses souffrances, la violence de la manipulation et les blessures. C’est un réel tremplin vers le mieux vivre. 

Les victimes de pervers narcissiques ont cette immense faculté à prendre sur leur dos une douleur inimaginable. Souffrir n’est pas le but de l’existence, et pour s’en délester, un travail thérapeutique est souvent une immense opportunité.

Pour comprendre

Un travail thérapeutique est idéal pour comprendre plusieurs choses, sur soi et le pervers narcissique. 

Comprendre tout d’abord que le pervers narcissique est pathologique, manipulateur. En outre, savoir que ce qu’il fait subir à ses victimes est une cause directe de sa perversion. Une perversion proche de la folie. La violence de ses actes n’est ni normale, ni tolérable, et l’unique personne inhumaine dans l’histoire, c’est lui. Un travail thérapeutique permet de mettre à distance ses agissements. Cela permet également de comprendre que le pervers narcissique ne voit ses victimes que comme des objets. Objets dont il se sert, use et abuse, l’une après l’autre. 

Comprendre ensuite ce qu’il s’est passé. Comprendre pourquoi et comment on tombe dans les filets d’un pervers narcissique. Quelles sont les failles et la beauté qu’il a repérées en sa victime. C’est aussi comprendre cela c’est comprendre qu’il l’on est, ses blessures du passé, mais aussi ses qualités. (gentillesse, écoute, empathie). En d’autres mots, ce que l’on est.

Le travail thérapeutique permet de s’exprimer et de voyager à travers un processus de reconstruction et de compréhension des événements, dans cet espace uniquement réservé à soi. Comprendre c’est pouvoir se reconstruire, comprendre c’est réussir à mettre à distance ce qui différencie la pathologie du pervers narcissique et ses agissements, de l’engrenage dans lequel la victime s’est prise – souvent à ses dépens.

Les émotions et la tornade de la vie sous emprise avec un pervers narcissique, ne permettent pas toujours de penser ou d’agir avec clairvoyance. C’est tout l’avantage d’un travail thérapeutique, de mettre à distance les événements pour accueillir ses émotions et ses blessures, dans une perspective plus large de compréhension de soi.

Pour mieux reconstruire

Encore une fois, comprendre permet de mieux construire. Lors d’une relation avec un pervers manipulateur professionnel, l’estime de soi et la vie toute entière des victimes sont passées sous le rouleau compresseur de la perversion. Les murs sont en miettes, mais ils sont toujours présents.

 Comprendre ses schémas de répétitions, ses failles, ses blessures, ses qualités, et accepter le tout comme un ensemble permet non seulement de trouver des issues, mais de ne pas retomber dans les filets d’un nouveau manipulateur, et de définitivement sortir d’une relation d’emprise et de manipulation.

C’est aussi et surtout, retrouver la liberté de ne plus être esclave ni de soi ni d’un autre, et de vivre pour soi.

Un travail thérapeutique permet donc, non pas de trouver une solution ou un traitement, mais de construire la voie qui est la mieux adaptée, du “sur-mesure” vers l’estime de soi et la liberté.

C’est aussi retrouver l’amour de soi. L’amour qui porte, qui guérit, qui construit. S’aimer c’est aussi se respecter, et se respecter c’est se donner la chance d’évoluer et d’éclore pour une nouvelle version de soi, plus sereine et plus libre. Redéfinir l’amour en ses propres termes, pour vivre sa vie en suivant ses propres conditions, désirs et rêves.

Agir en conséquence, c’est trouver le courage et la force de réécrire son histoire avec ses propres outils, et de définir sa calligraphie au bord du fleuve de la thérapie. Les ratures et les essais sont les bienvenus – il n’y a pas de tabou ni de jugement, la parole est unique et inconstante.

Le travail thérapeutique est une décision personnelle dont il faut souligner le courage et parfois l’urgence, ce n’est ‘pas une prescription antibiotique’ comme le remarque le Dr Neuberg, c’est une alliance thérapeutique, terreau de la redécouverte de soi et de la sortie de l’emprise, contrepied de la liberté.