Rester ou Partir ?

RESTER OU PARTIR ?

Il n’est pas rare de voir des couples en crise. Et vivre une relation dysfonctionnelle amène souvent à se demander s’il faut rester ou partir. Est-il possible de sauver son couple ? La plupart du temps, un travail sur soi de chacun des deux partenaires, parfois d’une thérapie de couple,  permet de régler les conflits sous-jacents et de rétablir une vie conjugale saine et harmonieuse. Mais lorsque l’on entretient une relation toxique avec un pervers narcissique, une telle issue n’existe pas. Si vous suspectez votre conjoint d’être un manipulateur, il fera tout pour que vous soyez incapable d’opérer un choix conscient, c’est-à-dire dois-je rester ou partir ?

Décider s’il faut rester ou partir : pourquoi est-ce si difficile ?

Il n’est pas évident de savoir si l’on vit avec un PN. Et pour cause, le manipulateur aura pris soin de mettre sa victime sous emprise. En soufflant le chaud, puis le froid, son conjoint doutera parfois des années d’être face à un bourreau.

Il existe un certain nombre de relations dysfonctionnelles, voire toxiques. Si l’on se pose la question d’avoir affaire ou non à un conjoint atteint de perversion narcissique, mieux vaut s’informer auprès d’un professionnel spécialisé dans ce type de trouble. Cela permettra de prendre conscience des comportements de chacun et des enjeux psychologiques en présence dans une telle relation. Si le partenaire est effectivement un PN, il est alors vital de comprendre comment on s’est laissé prendre dans ses filets, et surtout, comment en sortir.

La codépendance qui s’établit entre une victime et un manipulateur pathologique est extrêmement forte, tant ce dernier aura su jouer des carences affectives et de la sensibilité de sa proie. Celle-ci va longtemps lui trouver des excuses (« Il ou elle est malade, ne va pas bien. »), tenter de le sauver, se culpabiliser (« J’ai aussi des torts, je ne suis pas assez ceci ou cela… »). Car le pervers narcissique, on le sait, se pose régulièrement en victime, parfois en amenant subtilement l’autre à endosser le rôle du bourreau.

C’est pour ces raisons que le conjoint manipulé va rester avec lui. Il conserve l’espoir que ce partenaire toxique peut changer. Ou l’illusion que s’il fait tout son possible pour arrondir les angles, la relation pourra redevenir belle comme à ses débuts.

À ce jeu du chat et de la souris, la victime va petit à petit s’épuiser et perdre estime et confiance en elle, avant de réaliser qu’elle est face à un virtuose de la manipulation. Il lui faudra alors accepter l’évidence : le pervers narcissique ne modifiera jamais son comportement. Dès lors, il est important de faire le deuil de cette relation amoureuse qui aura été idéalisée, tant le PN aura su séduire sa proie.

Rester même quand on a démasqué un PN ?

D’autant plus s’ils sont mariés et/ou ont des enfants, il est difficile pour la victime du PN de quitter, même quand elle a réalisé qu’elle entretient une relation destructrice. Le conjoint maltraitant aura pris soin de saboter ses ressources psychologiques, au point qu’elle se sente impuissante à agir. Par ailleurs, il n’est pas simple d’accepter que l’on s’est trompé, que l’on a été abusé par la personne que l’on aime. Parfois, l’espoir que la situation s’améliore perdure longtemps.

D’autres facteurs peuvent aussi freiner la victime à fuir ce partenaire pathologique au plus vite :

  • un manque de ressources financières et matérielles ;
  • un manque de soutien social (le manipulateur l’aura souvent isolée de son entourage) ;
  • des enfants ;
  • la peur de représailles ;
  • la honte…

Avant de pouvoir partir, le conjoint abusé a tout intérêt à se faire aider pour se séparer sans trop y laisser de plumes. Car une fois le PN démasqué, il tentera de renforcer son emprise par tous les moyens, parfois jusqu’à la violence physique.

Si la décision est prise de rester (au moins le temps de se préparer à quitter un PN), il est fondamental de travailler sur ses propres failles et carences affectives qui ont permis au partenaire pervers de prendre un tel ascendant sur sa victime. Mais aussi d’acquérir des stratégies pour se protéger au mieux des assauts d’un tel bourreau.

Partir d’une relation toxique avec un PN

Quitter le pervers narcissique est la seule manière de pouvoir se reconstruire. Il est inutile de lui laisser une seconde chance, encore moins une troisième. Car c’est un fait, il ne changera jamais !

Pire, ce manipulateur pathologique se désintéresse rarement de sa proie. N’espérez pas qu’il parte de lui-même. Et si tel est le cas, il laissera derrière lui une personne totalement anéantie. Il y a donc urgence à mettre fin à une telle relation. Mais pas n’importe comment.

Le PN, comme sa victime, souffre de dépendance affective. La voir partir va réveiller ses propres blessures narcissiques, ce qui lui est intolérable. Quand il réalise qu’il perd son emprise, il va déployer tout son arsenal de manipulation pour retenir son souffre-douleur : excuses, charme, victimisation, culpabilisation et autres violences psychologiques atteignent alors leur paroxysme.

Même après avoir laissé un pervers derrière soi, il continuera d’exercer son harcèlement moral à la moindre occasion, par exemple à travers les enfants du couple. Le départ doit donc se préparer en amont, en éveillant le moins de soupçons possibles. Pour avoir la force d’entamer ce processus, la victime devra s’entourer au maximum :

  • renouer avec son entourage amical et familial ;
  • s’ils sont mariés, contacter un avocat spécialiste des familles et des violences conjugales ;
  • entamer une thérapie, de préférence avec un spécialiste de la perversion narcissique et de l’aide aux victimes ;

Ce début de travail de reconstruction vise à restaurer la confiance et l’estime de soi, à sortir de la dépendance affective, mais aussi à assurer ses arrières tant juridiquement que financièrement.

L’objectif sera d’ôter une à une les prises sur lesquelles le PN exerce habituellement sa domination, et de déployer des stratégies de communication et de contre-manipulation pour ne pas retomber dans ses filets. Commence alors un véritable parcours du combattant pour quitter le statut de victime et recouvrer sa liberté.

Vous souhaitez entamer ce chemin et être accompagné ? Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue clinicien spécialiste de la manipulation affective dans le couple, vous reçoit en cabinet ou en visio consultation.

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