Ce n’est pas celle que vous croyez !
Lorsque l’on pense à sa première relation toxique, c’est le plus souvent une histoire d’amour tumultueuse qui nous vient en tête. Cela peut être aussi, mais c’est plus rare, un lien de contrôle coercitif au travail ou d’amitié fusionnelle néfaste. Or, c’est une erreur d’appréhender cet événement comme un “accident de vie”, un traumatisme imprévisible dû à des circonstances fortuites. Un mode relationnel marqué par la manipulation émotionnelle et la dépendance affective puise ses racines bien plus tôt : dans le lien avec une figure parentale. Lorsqu’un parent ou assimilé impose contrôle et domination ou échoue à assurer le besoin de sécurité de l’enfant, des blessures profondes peuvent se créer dans sa psyché. Le plus grave, c’est qu’un mineur chez qui l’on a engendré une faille narcissique n’en prend conscience que bien plus tard, si toutefois il y parvient. Donc non, votre première relation délétère n’est pas celle vécue à l’âge adulte avec un pervers narcissique. Voyons plus grand et observons le continuum de votre parcours pour faire la genèse de cette problématique et vous aider à vous libérer du schéma de victime.
A retenir
La première relation toxique ne se manifeste pas forcément à l’âge adulte. Elle prend souvent racine dans l’enfance, au travers du lien avec une figure parentale. Ces interactions précoces influencent durablement les schémas relationnels, préparant le terrain pour des relations dysfonctionnelles ultérieures.
Le développement des schémas précoces inadaptés et leurs répercussions à l’âge adulte
Ce que l’on identifie comme la première relation toxique qui intervient à l’âge adulte découle d’une problématique psychologique non résolue. Notre rapport aux autres, primordial depuis notre plus tendre enfance, constitue le socle de notre mode relationnel et des comportements qui en émanent. S’il n’a pas été de bonne qualité, que l’on en ait conscience ou pas, il a conditionné notre fonctionnement. Un retour en arrière introspectif peut expliquer la plupart de nos conflits psychiques actuels.
La faille narcissique provoquée par les premiers abus émotionnels
La faille narcissique est occasionnée par les premiers abus émotionnels subis durant l’enfance. Elle se forme lorsqu’un enfant ne reçoit pas l’amour, le respect ou l’attention nécessaires lui permettant de développer une bonne estime de soi. Ces blessures narcissiques peuvent être causées par n’importe qui : parent, figure d’autorité, pairs, etc. Elles incluent le rejet, l’abandon et l’humiliation, chacune laissant des marques profondes sur l’identité. En grandissant, ces failles créent un terrain fertile pour la dépendance affective et la quête de validation extérieure, rendant l’adulte vulnérable aux relations manipulatoires. En effet, l’absence d’un narcissisme sain impliquant l’acceptation de soi, y compris dans son imperfection, expose aux intrusions psychiques portant atteinte à sa valeur, ses limites et le respect de soi.
Les troubles de l’attachement à l’origine de la dépendance affective
Les troubles de l’attachement théorisés par John Bowlby découlent souvent de relations parentales marquées par le rejet, la négligence ou l’instabilité, ce qui laisse une empreinte indélébile. En grandissant, les jeunes développent un besoin constant de validation et de sécurité auprès des autres, conduisant à des dynamiques relationnelles dysfonctionnelles, particulièrement emprunte de manipulation sentimentale. Ce besoin intense d’affection et de réassurance peut les amener à accepter la mise sous emprise par une personnalité narcissique perverse, car la peur de se retrouver seul domine.
Un style d’attachement sain ou sécure nourrit la confiance en soi pour encourager l’autonomie, tandis qu’un attachement insécure peut mener à des conduites d’évitement, à de l’anxiété ou à des comportements désorganisés, c’est-à-dire chaotiques. C’est notamment ce qui permet à un PN de faire passer sa victime pour folle.
Les schémas relationnels inadaptés conservés à l’âge adulte
Les schémas précoces inadaptés (SPI) proposés par Jeffrey Young et forgés dans l’enfance persistent souvent à l’âge adulte, particulièrement chez les personnes ayant subi des abus émotionnels ou un attachement insécurisant. Ces schémas sont formés par les croyances, les perceptions, les expériences vécues et les émotions propres à chaque individu. Ce sont des constructions représentatives d’une certaine vérité subjective. Plus elles sont éloignées de la réalité et plus elles sont dysfonctionnelles. Elles créent ainsi des comportements inadéquats récurrents, répertoriés en cinq catégories :
- Les carences du lien d’attachement
- Le manque d’autonomie et de performance
- Le manque de limites
- La dépendance aux autres
- L’hypervigilance ou l’inhibition
Maintenir ces schémas à l’âge adulte conduit la personne à se conformer inconsciemment à des rôles ou à des attentes de la sphère sociale. Elle est donc plus vulnérable à l’emprise émotionnelle.
A retenir
Les schémas relationnels formés dans l’enfance, souvent par des abus émotionnels ou des attachements insécures, conditionnent les comportements à l’âge adulte. Ces blessures initiales, comme les failles narcissiques ou les troubles de l’attachement, favorisent la dépendance affective et l’acceptation de relations manipulatoires.
Quels types de parents ou de figures d’autorité éducative peuvent provoquer une première relation toxique ?
Puisque la première relation interpersonnelle se noue avec les figures parentales, il est utile de s’interroger sur leur part de responsabilité sur les conduites problématiques de leur enfant. En psychothérapie, la prise de conscience de la dimension humaine et donc imparfaite de ses parents ou autres pourvoyeurs de soins constitue fréquemment un tournant dans la libération des schémas relationnels destructeurs.
Les parents bien intentionnés qui exercent une forme d’abus sans le vouloir
Les parents qui, sans intention malveillante, utilisent la violence éducative ordinaire (VEO) par méconnaissance du sujet peuvent causer malgré eux des blessures affectives durables. La VEO inclut des pratiques telles que la punition, l’invalidation émotionnelle, la contrainte ou le chantage affectif, souvent perçues comme formatrices, mais qui érodent en réalité l’estime de soi et l’attachement sain chez l’enfant.
Ce genre de démarche amène les mineurs à se sentir incapables de se prendre en main et les déconnecte de leurs aspirations profondes. Sans soutien pour se défaire de cette intériorisation des attentes d’autrui, ils risquent de devenir dépendants d’une personnalité maltraitante dans leurs relations futures.
Les parents toxiques sans être pervers
Certaines figurent d’attachement ont recours épisodiquement à des attitudes néfastes pour leur progéniture sans le vouloir. D’autres sont carrément des parents toxiques qui s’ignorent et sans être nécessairement manipulateurs ou narcissiques pathologiques. Souvent inconscients de l’impact de leurs comportements, ils peuvent faire l’usage de la parentification, d’une autorité trop stricte ou trop laxiste, d’attentes irréalistes, d’une projection de leurs propres insécurités ou tout autre procédé entravant l’autonomie de l’enfant. Ces attitudes, bien que n’affichant pas d’intentions malveillantes en elles-mêmes, peuvent produire des effets encore pires que le machiavélisme. En effet, comment en vouloir à quelqu’un d’avoir mal éduqué son enfant s’il a cru en toute bonne foi faire de son mieux ?
Se défaire de ce type de schéma pour ne pas reproduire inconsciemment ces modèles à la dangerosité difficile à identifier n’est pas une mince affaire. S’il est compliqué de blâmer ce type de figure parentale, il est en revanche plus aisé de lui pardonner ses erreurs. C’est beaucoup mois envisageable pour un parent MPN.
A retenir
Les parents, qu’ils soient bien intentionnés, toxiques ou pervers narcissiques, jouent un rôle crucial dans la formation des schémas précoces. Même sans malveillance, certaines attitudes éducatives peuvent éroder l’estime de soi de l’enfant. Identifier ces influences permet de mieux comprendre les comportements relationnels à l’âge adulte.
Les parents pervers narcissiques
Un père ou une mère ayant des traits de perversion narcissique cause divers dégâts psychologiques sur ses enfants. Entre le fait de les chosifier en faire-valoir, de semer la discorde dans la fratrie, de les aliéner contre leur autre parent ou d’instaurer un climat incestuel, difficile d’imaginer une construction identitaire équilibrée pour ces jeunes mineurs.
Si l’enfant victime d’abus émotionnels ne devient pas lui-même un futur PN, il souffrira immanquablement des séquelles des nombreuses effractions psychiques de ses premières années dans un foyer toxique. Si vous êtes vous-même enfant de vampire émotionnel et que vous n’avez pas repris le flambeau funeste de la destruction d’autrui, votre salut contre de nouvelles situations d’emprise sera dans l’accompagnement thérapeutique avec un psy qui connait par cœur ces problématiques. Ni un coach anti-PN ni la croyance en une justice divine ne suffira à vous préserver de futures relations toxiques.
A retenir
Les parents pervers narcissiques infligent des dégâts psychologiques profonds, allant de la manipulation émotionnelle à la dévalorisation constante. Ces impacts durables nécessitent un accompagnement thérapeutique pour briser les cycles d’emprise et reconstruire une identité saine.
Comprendre que votre première relation toxique ne réside pas nécessairement dans une histoire amoureuse décevante, mais plutôt dans votre lien avec une figure parentale maladaptée est crucial pour accéder à la résilience. Ces premières interactions posent souvent les bases de schémas de dépendance affective et de comportements interpersonnels dysfonctionnels qui se répètent à l’âge adulte de manière indéfinie. Identifier et analyser ces blessures originelles, que ce soit des failles narcissiques ou des troubles de l’attachement, permet de reprendre la main sur ses relations. En reconnaissant ces racines fragiles, vous ouvrez la voie à des interactions plus saines et épanouissantes.