Résilience après un PN : 4 clés pour la favoriser

 

La résilience après un PN compte pour beaucoup dans le parcours des victimes d’abus émotionnels. C’est ce à quoi elles aspirent, cette quête qui les mène vers un nouveau chapitre de leur vie, marqué enfin par un élan de positivité. Le concept est porteur d’espoir, tant dans la transcendance du vécu traumatique infligé par le manipulateur sentimental que dans la prévention contre les rechutes dans le lien d’emprise. Étant donné son rôle crucial dans le processus de reconstruction, il est important de faciliter son accomplissement. Aussi utiles pour les aidants que pour les personnes directement concernées par ce besoin, voici 4 clés pour favoriser les capacités résilientes d’une victime de perversion narcissique.

Qu’est-ce que la résilience à l’aune d’une relation toxique ?

Pour parler de résilience après un PN, le manipulateur doit être considéré en tant qu’agent pathogène. Comme le dit Boris Cyrulnik (le célèbre psychiatre qui a démocratisé le concept), la résilience, c’est “la reprise d’un nouveau développement après un traumatisme”. Dans notre cas spécifique, il peut s’agir de microtraumatismes cumulatifs. Derrière l’apparence assez sommaire de cette définition, se devinent plusieurs notions fondamentales. Tout d’abord, le développement représente la capacité à poursuivre son parcours de vie en y intégrant les divers facteurs, internes et externes, qui se sont présentés. Ainsi, la reprise d’un “nouveau développement” suggère que le traumatisme a définitivement changé la donne. Cette précision est cruciale, car elle permet de lutter contre l’idée reçue selon laquelle on peut en quelque sorte oublier ou classer un événement profondément perturbateur et se remettre à fonctionner comme avant sa survenue. Il n’en est rien !

Ce qui s’oppose à la résilience, c’est l’état de stress post-traumatique (ESPT) ou, plus en accord avec notre thématique, le syndrome de stress post-narcissique. L’individu dans ce cas de figure reste psychiquement figé dans le vécu qui a surpassé ses ressources adaptatives, de sorte que la continuation de son développement est momentanément empêchée. S’il ne fait rien pour y remédier, il ne parviendra plus à s’épanouir, même une fois la menace écartée. Il pourra fonctionner relativement correctement en société, mais dans son for intérieur, tout ira mal. Il pourra alors somatiser ou décompenser, par exemple.

Sachant cela, il est impératif de faire son possible pour favoriser le processus de résilience de la victime de violence psychologique.

4 clés pour faciliter le processus de résilience post-PN

La résilience après un PN peut survenir spontanément ou par l’utilisation de leviers de déclenchement utiles à connaître. De plus, ceux-ci peuvent également en accélérer les retombées positives.

1.    L’autoévaluation

La première chose à faire pour sortir d’une relation d’emprise émotionnelle, c’est de se recentrer sur soi. Lorsque l’on a vécu au service d’un despote tel qu’un homme ou une femme toxique, on a été conditionné à ignorer ses besoins, à étouffer ses alertes internes et, sans le savoir, on s’est rendu complice de son dessein destructeur. Ainsi, surmonter la maltraitance subie passe par une reconnaissance du traumatisme et donc, du statut de victime ayant besoin d’aide, avec une appréciation de la sévérité de son état. Il est alors utile d’identifier où se trouve sa base de sécurité. Qu’est-ce qui a un effet rassurant ? Il peut s’agir :

  • de la famille ;
  • des amis ;
  • d’un groupe d’intérêt commun ;
  • d’un système de soutien (social, psychologique ou médical) ;

Tout ce qui apporte du réconfort est à privilégier, car l’état permanent de peur a permis le maintien sous emprise. Se sécuriser, c’est restaurer sa capacité à analyser les situations avec davantage de clarté. 

2.    La régulation des émotions

Même si ce n’est jamais une étape agréable, une fois le niveau d’insécurité diminué, il faut faire face à son vécu et notamment aux émotions qui y sont rattachées. Cela consiste à identifier les épisodes d’abus et de les débarrasser de leur aspect émotionnel pour pouvoir y mettre du raisonnement. Ceci permettra de les aborder sans leur trouver de circonstances atténuantes (comme la classique “il avait bu”, par exemple) et sans en endosser la responsabilité (“c’est ma faute s’il a mal agi” étant un autre cas courant). En effet, le sentiment de culpabilité est sans doute le plus prégnant après un événement traumatique. De cette quête de sens quant au déroulement de la relation toxique doit ressortir une meilleure gestion de sa vie émotionnelle. Pour opérer cette introspection, il faut tout d’abord se couper de tout contact avec le manipulateur sentimental. Ensuite, il est crucial de marquer une pause. Sans hâte et sans pression, le seul mot d’ordre est de retrouver le calme. Cela peut passer par :

  • le sport ;
  • la méditation ;
  • la verbalisation (écrite ou orale) ;
  • l’expression artistique ;
  • la spiritualité ;

En extériorisant les affects, on entraîne son cerveau à s’en décharger. À terme, on comprend que notre vie émotionnelle est fluctuante et qu’elle ne nous définit pas. C’est par cette acceptation que l’on peut accéder au lâcher-prise, si bénéfique pour se débarrasser du stress post-traumatique et se prémunir d’une nouvelle mise sous emprise.

3.    La vision évolutive du processus

La résilience n’est pas un événement, c’est un processus. Cette optique impose d’intégrer l’idée de progressivité. C’est petit à petit, au fil du temps, avec tout ce que ce genre de parcours implique d’irrégularités, de stagnations, voire de régressions momentanées, que l’on pourra rester motivé jusqu’à accomplir un plus grand dessein. Jour après jour, on va de moins en moins mal puis, de mieux en mieux. Vouloir des résultats trop ambitieux, c’est-à-dire trop grands et trop rapides, c’est entretenir le risque de se retrouver en échec et donc, sujet aux rechutes dans les griffes d’un manipulateur pervers.

4.    L’exploration des sources de bien-être

Surmonter le trauma complexe tel que celui instillé au long cours par le pervers narcissique doit également s’inscrire dans une démarche constructive. Cela implique qu’à un moment donné, un élan vers l’avant s’impose. De nombreuses expressions manifestent d’ailleurs cette idée. On parle de “remise en route”, de “ne pas rester coincé”, de “laisser cela derrière soi”, d’aller de l’avant”, de “suivre la lumière au bout du tunnel”. Dans l’immédiat, les victimes de PN peuvent réapprendre à prendre soin d’elles et surtout, à créer de nouvelles formes de liens interpersonnels, bien plus en accord avec leurs aspirations profondes. Dans un premier temps, il s’agit d’échanger avec légèreté et bienveillance avec autrui. Parfois, une petite conversation dans la rue sous le signe de la bonne humeur et avec une pointe d’humour peut radicalement changer la façon d’appréhender les autres, mais aussi son propre devenir. Multiplier les expériences de satisfaction contribue à tendre vers un mieux-être de plus en plus profond.

Les facteurs anti-résilience

De la même manière qu’il existe des agents facilitateurs de la résilience, on trouve aussi des facteurs bloquants. Nous venons de voir que ce qui favorise le dépassement du trauma agit sur 3 registres :

  • l’affection (s’entourer de bienveillance) ;
  • la réflexion (parler, lire, se documenter, suivre une psychothérapie) ;
  • l’action (se traiter, faire du sport, avoir des loisirs, entretenir une bonne hygiène, se revaloriser, etc.).

Tout ce qui va à l’encontre de ces principes peut empêcher la progression résiliente. Parmi les cas les plus récurrents de blocage du processus de dépassement, on retrouve :

  • La déresponsabilisation. Cela consiste à chercher un bouc émissaire pour chacun des malheurs qui frappent le sujet traumatisé, mais aussi d’un attentisme ankylosant qui remet son destin entre les mains d’un prétendu “sauveur”.
  • La solitude. Un repli dans la souffrance qui dure trop longtemps peut enfermer la personne dans un isolement délétère.
  • Le perfectionnisme. Lorsque les attentes sont trop hautes, l’angoisse se déclenche et prend le pas sur le phénomène de résilience.
  • La surestimation du regard extérieur. En mettant l’autre sur un piédestal, on se place en situation inférieure. Or, nous avons vu que la valorisation de soi comptait pour beaucoup dans la libération psychique.

En définitive, si la résilience est dans l’ordre des choses, il faut garder à l’esprit que faire preuve de bienveillance envers soi-même et envers les autres garantit un meilleur déroulement.

La résilience après un PN désigne un processus relativement long qui, lorsqu’il est bien abouti, peut mener jusqu’à la croissance post-traumatique. Pour retrouver un niveau de fonctionnement psychologique sain en dépit de l’adversité traversée avec une personne perverse sentimentale, ses stratégies d’adaptation doivent se baser sur plusieurs aspects. Tout d’abord, un bon système de soutien optimise le travail introspectif. Ensuite, cultiver une certaine positivité envers soi-même et l’avenir facilitera le dépassement du trauma. Un suivi psychologique est évidemment tout indiqué pour veiller à la bonne marche

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