Mon témoignage : Pendant 10 ans
Ayant eu une relation amoureuse avec un pervers narcissique pendant 10 ans, je souhaite apporter le témoignage de mon histoire pour aider d’autres personnes connaissant ou ayant connue cette situation. La souffrance infligée par notre bourreau semble tellement impensable qu’elle nous semble irréelle et être le fruit de notre imagination. Elle est violente, nous détruit à petit feu mais nous n’arrivons pas à en parler…
Sommaire
Notre bourreau a bien fait les choses, non content de nous avoir affaibli, il nous a isolé.
“Jusqu’au jour où enfin on lâche quelques brides de notre quotidien et là, les personnes qui nous écoutent nous ouvre les yeux “Non ce n’est pas normal ce qu’il te fait, tu n’as pas le droit d’accepter ça”
Mon histoire commence le 27 septembre 2008.
A l’époque je vivais un moment difficile. Mon mari en début d’année n’avait annoncé du jour au lendemain que tout était fini entre nous. Le ciel m’étai tombé sur la tête, je ne comprenais pas cette décision, nous étions un couple tellement soudé et heureux…
J’ai pleuré pendant des mois, cherchant tout les moyens pour me détruire, j’étais à la limite de me suicider tellement je souffrais.
Puis, un soir, je suis allé à une sortie et je l’ai rencontré lui, mon futur bourreau.
Il était merveilleux.
Toujours à l’écoute, tendre, plein d’humour, prêt à m’apporter son aide. Il me rendait tellement heureuse que j’aurai aimé l’avoir connu plus tôt, mettre marier avec lui, avoir eu mes enfants avec lui, avoir tout construit avec lui…
Nous partageons des moments formidables, nous étions d’une grande complicité comme si nous étions deux jumeaux, nous n’avions pas besoin de nous parler pour nous comprendre.
Bien qu’il ne cessait de me dire qu’il voulait faire sa vie avec moi, nous voyions que les week-end. Moi vivant seule avec mes 2 enfants et lui chez ses parents avec sa fille (il a une maison mais prétexte rester chez eux car il travaille et ne veut pas laisser sa fille seule, elle a 15 ans, mais bon, on y croit).
Puis, petit à petit, il a commencé à faire des réflexions sur le ton de la rigolade.
Sur mon physique, sur mes meubles, sur ma vaisselle, sur mes enfants, mes amies, ma famille, mon travail, mes collégues etc…
Ensuite, lorsqu’il venait chez moi, il imposé sa loi, se moquait de ma façon de cuisiner (trop lente à son gout) allant jusqu’à m’expliquer comment faire, après c’était ma façon d’élever mes enfants, leurs comportements (alors que j’ai des super gamins). Il fallait regarder tel programme télé sinon il menaçait de repartir chez lui et toujours ces petites moqueries qui ne faisaient rire que lui.
Moi j’étais amoureuse, je laissais faire même si parfois je trouvais qu’il allait trop loin.
Après, il me disait venir pour manger, je préparais le repas pour avoir un coup de téléphone me disant qu’il viendrait plus tard vers 14h, je l’attendais toute l’après midi il arrivait en fin de soirée.
Monsieur était allé pêcher avec ses copains ou alors était allé faire une randonnée. Chaque week-end c’était la même chose, je devais l’attendre des heures, rester cloîtrée chez moi car finalement je ne savais jamais quand il allait arriver. Du coup, au lieu de profiter pour sortir ou voir des amies, j’attendais comme une idiote sa venue.
Plus tard ce fut que les week-end avec les copains.
Si je voulais le voir, je devais les supporter. Plus aucun moment seul avec lui, il y avait constamment quelqu’un entre nous.
Il devenait de plus en plus autoritaire, jouant sur mes sentiments, me menaçant sans cesse de me quitter si je ne faisait pas comme il voulait.
J’en venait à appréhender sa venue et être heureuse qu’il parte. Quand il venait je n’étais même plus chez moi.
Il me faisait bien comprendre que j’avais besoin de lui pour vivre (ben oui seule avec 2 ados c’est difficile financièrement), que j’étais rien sans lui (mais je travaille tout de même) que ce n’est que grâce à lui qu’on partait en vacances sinon on resterai tout l’été dans notre HLM de merde.
Au bout de 8 ans, il a enfin décidé à accepter que nous habitions ensemble.
Aux yeux de tous c’est un homme charmant, un sauveur (il m’a tellement aidé!) il est serviable, enjoué et tout ce que vous voulez….
A partir du moment où j’ai mis les pieds chez lui, le masque est tombé.
Mon quotidien n’était fait que de remarques sur mon physique (je suis trop grosse à ce qu’il parait), je mange de trop, je suis une fainéante (oui après le travail, je fais une sieste, tout comme lui mais lui à le droit), je lui coûte cher (je fais les courses lui paie les charges mais attention monsieur ne veut pas manger n’importe quoi, il veut des marques sinon c’est de la merde), je suis une idiote, une incapable. Je fais blanc, il me dit de faire noir. Je fais noir, il me dit de faire blanc…
Mes repas sont systématiquement critiqués. Je suis devenue sa servante, sa bonne à tout faire. Lui attend sur le canapé, donne des ordres et critique le moindre de mes gestes.
A ses yeux, je ne suis rien, je ne vaut rien. Heureusement que je l’ai car personne ne voudrait de moi tellement je suis moche, nulle idiote, incapable, débile mentale soit disant droguée, alcoolique, cinglée…
Il règne en maître absolument, je n’ai pratiquement plus le droit de parler sinon je me fais insulter voir menacer de me frapper. A la fin je devais rester cloîtrée dans la chambre pour ne pas le déranger car rien que de me voir je lui donnais envie de vomir…
Il y a tellement de choses à raconter…
Il y a 1 an j’ai repris mes études dans le cadre d’une reconversion professionnelle. J’allais à l’école toute la journée. A peine rentrée, je devais absolument faire le repas de monsieur sous peine de réflexions (quand on va à l’école toute la journée on ,’est pas fatiguée, surtout à 46 ans). Le week end je passais le samedi entre les courses, le ménage et le linge pendant que monsieur se la coulait douce et le dimanche j’étudiais. C’était le moment idéal pour monsieur de faire brailler la télé, de chanter de parler fort, de me déranger toutes les 5 mn pour un oui ou un non.
Je me suis dis qu’à ce rythme là il allait réussir à me faire échouer mon examen, ce qui confirmerait à ses yeux ce qu’il pense de moi :”je suis une arriérée mentale”
Mon état mental était au plus bas, comment expliquer ce que je vivais au quotidien ? à qui ? je croyais devenir folle…
Puis un jour j’ai craqué, j’ai expliqué à mes amies ce que je vivais. Grâce à leur écoute j’ai enfin compris que non je n’avais pas a accepter ça.
Petit à petit j’ai rencontré énormément de personnes qui m’ont aidé à prendre la décision de partir.
Je l’ai enfin quitté il y a quelques mois et enfin je revis !
Chaque jour que Dieu fais je le remercier pour le silence que je retrouve dès que j’ouvre ma porte.
J’apprend dorénavant à remonter la pente et à me reconstruire.
Cette histoire a laissé des blessures et des marques indélébiles que seules qui personnes ayant vécu la même chose peuvent comprendre.
J’apprend à m’aimer et à me faire confiance et je ne vis dorénavant qu’en pensant à moi et à mon bien être.
C’est fini de toujours s’occuper des autres et de ce qu’ils pensent.
Je ne sais pas si j’arriverai un jour à me remettre de toutes ces souffrances qui m’ont été infligées qu quotidien et je regrette qu’aucun groupe n’existe pour partager ce vécu.
J’aurai encore tellement à dire…
Mais comment résumer en quelques lignes ce qu’il m’a fait ?