LOVE BOMBING DU PN : de l’Amour Débordant au Naufrage

Le love bombing du pervers narcissique contient dans son nom la contradiction parfaite qui en fait une excellente technique manipulatoire. C’est un bombardement d’amour (qui se prétend de l’amour), une arme sentimentale qui, comme toujours avec les prédateurs sentimentaux, joue sur la corde sensible pour provoquer la destruction de la victime. Voyons comment se déroule ce genre d’assaut de démonstrations d’amour et ses conséquences.

Comment se manifeste un bombardement d’amour ?


La phase de séduction, dans la plus grande partie du règne animal, consiste à en mettre plein les yeux au partenaire amoureux potentiel pour s’en attirer les faveurs. Le love bombing peut donc s’apparenter à une parade nuptiale acceptable et même appréciable chez les êtres doués de raison. Mais jusqu’à quel point ?

Quand la vague d’amour submerge la raison


“Il me dit que je suis belle, qu’il n’attendait que moi” sont souvent, comme le chantait Patricia Kaas, “des mensonges et des bêtises qu’un enfant ne croirait pas”, surtout s’ils sont prononcés par un manipulateur sentimental. En effet, ces mots font vite chavirer les cœurs et engendrent un attachement émotionnel très fort de la part de la personne qui les reçoit, à plus forte raison si elle présente une tendance à la dépendance affective.
La vérité est que l’emballement des premiers émois d’une relation de couple représente une aubaine pour un pervers narcissique. C’est l’occasion pour lui de sortir son meilleur jeu d’acteur ! Regards profonds et langoureux, écoute attentive, déclarations passionnées, relations sexuelles mémorables, cadeaux inattendus et touchants, profusion de gestes tendres, de promesses inespérées, d’attentions inédites, de messages enflammés, d’escapades romantiques. Bref, la personne destinataire se sent spéciale, voire exceptionnelle et certainement enfin comprise. Elle devient dépendante de cet afflux abondant d’apparente bienveillance qui gonfle son ego. Elle idéalise alors la relation, croyant avoir trouvé son âme sœur, le partenaire qui la complète, qui comble son manque d’estime de soi, et fait une sorte de pacte de loyauté pour se dédier à cet amour renversant. C’est le début de l’emprise…

Comment réagir face au love bombing ?


L’exaltation des débuts amoureux donne envie de s’y abandonner, d’en profiter avec délectation, c’est tellement rare ! Mais si l’on est honnête envers soi-même, ces bombes d’amour sont toujours un petit peu “trop”. “Trop tôt”, “trop différent”, “trop fort”, “trop exubérant”, “trop souvent”, “trop beau” sont des phrases mentales qui tentent timidement d”interpeller la conscience de la proie du PN sur le caractère anormal de la situation. Il faut écouter cette petite voix intérieure et prendre aussitôt du recul pour réfléchir dans le calme.

Si le “bombardier amoureux” est sincère, il respectera le besoin de repli de l’autre, tant que tout est expliqué clairement. Il suffit généralement de lui dire que l’on souhaite se donner un peu de temps pour laisser une chance à la relation de se construire sur des bases stables. Un pervers narcissique n’acceptera jamais ce genre d’affront. Lui qui est le maître du jeu, celui qui contrôle la situation, ne supportera pas d’être défié de la sorte. Il tentera de convaincre sa proie qu’elle se trompe. Pour ce faire, il n’hésitera pas à jouer sur la culpabilisation pour lui faire endosser la responsabilité du potentiel échec d’un tel amour. Il passera aussi par la menace en recourant à l’ultimatum : “si tu veux prendre du temps, alors on n’a rien à faire ensemble, c’est fini entre nous !” Le tout s’accompagnera vraisemblablement de touches plus ou moins discrètes de dévalorisation comme “tu ne trouveras jamais quelqu’un qui t’aime autant que moi”. Le love bombing a pour but de provoquer une véritable addiction aux démonstrations d’affection.

L’idéal, pour faire face à ce genre chantage affectif, c’est de se rapprocher de personnes-ressources telles que les amis, la famille, son thérapeute ou autre, et de leur en parler. Leur opinion ne souffrira pas du parasitage euphorisant de la dopamine et autres hormones du plaisir qui s’emballent au début d’une relation de couple. Leur avis sera certainement plus fiable que le ressenti de la personne qui a été charmée.

La tactique ennemie derrière le love bombing


Le débordement d’amour reste le meilleur joker du pervers narcissique, à la fois pour attraper sa proie, mais aussi pour la conserver sous son joug et la récupérer en cas d’intention de fuite.

Ferrer sa proie par le débordement de tendresse


Le manipulateur pervers sait puiser dans les méandres de la psychologie de sa proie pour y trouver toutes les informations nécessaires à la cerner. À force de la pousser habilement à se dévoiler par une attitude d’empathie parfaitement feinte et en gagnant sa confiance grâce au love bombing, il découvre sans mal ses blessures d’enfance et autres traumatismes dont il se sert avec brio. D’ailleurs, un bon test pour repérer les prédateurs sentimentaux serait de leur demander de respecter son indépendance et son jardin secret, de ne pas chercher à trop en savoir, dans un premier temps. Si celui-ci est incapable de gérer sa frustration et de prendre en compte les limites de sa dulcinée, c’est qu’il la voit probablement comme un objet de convoitise, plus que comme une personne. C’est une alerte à prendre en compte absolument !
Le problème, c’est que le PN n’entame pas cette démarche d’accueillir les confidences dans le but de “sauver” l’autre personne comme il se plait à le prétendre, mais pour s’en servir contre elle. Il pourra alors à loisir clamer de la connaître mieux que quiconque et plus encore : de l’accepter telle qu’elle est, avec toutes ses aspérités.

En connexion profonde avec celui à qui elle a ouvert son cœur, la victime est sous le charme. Notons que cette expression empreinte de magie souligne bien l’irrationalité et, comme tout ce qui relève de la sorcellerie ou de la manipulation, elle souligne le pouvoir de l’illusion qui trompe la vigilance, aveugle et mène à baisser sa garde.

Cette première impression fantasmée du personnage séducteur, teintée d’un sentiment de bonheur extraordinaire, poursuivra la victime tout au long de la relation toxique, comme un ancrage profond solidement accroché à sa propre faille narcissique. Les garde-fous tombent, les hormones du bonheur court-circuitent la logique, laissant le champ libre au long et progressif effondrement psychologique que le PN lui réserve pour plus tard.

Obtenir le pardon de la victime en redoublant de marques d’affection


Dès que les sentiments d’attachement sont là, l’engrenage de la soumission est enclenché. La domination du PN est aidée par différents biais cognitifs de sa victime, comme celui de confirmation, qui consiste à soutenir une croyance, aussi fausse soit-elle, en ne sélectionnant que les informations qui la confirme et en écartant les autres. C’est une forme de déni élaboré qui maintient la proie dans l’illusion de l’amour que lui ont donné tous les efforts de love bombing du début. Elle croit dur comme fer que son lien de dépendance relève d’un sentiment amoureux très puissant. Après tout, son tortionnaire ne peut pas être si mauvais, puisqu’il était si charmant au début !

Et c’est ainsi que le manipulateur polymorphe entretient cet attachement déraisonnable en rappelant de temps en temps à sa victime cet amour parfait fantasmagorique. La manipulation perverse, c’est le plaisir de repousser les limites de sa proie jusqu’à les faire tomber. Mais pour ne pas créer l’effet inverse, c’est-à-dire qu’elle s’oppose ou pire, qu’elle s’échappe, il faut savoir alterner entre maltraitance et bienfaisance, l’une pour la jouissance qu’elle procure au sadique et l’autre pour amadouer la proie au point qu’elle veuille rester d’elle-même dans la relation.

Ainsi, dès que le PN sentira un soubresaut de rébellion, il pourra avoir recours à un nouveau love bombing afin de raviver les sentiments amoureux de sa proie et d’étouffer l’élan de libération de son emprise.

Le love bombing est au pervers narcissique ce que l’appât est au pêcheur : un leurre pour attraper sa proie. Persuadée qu’elle va être nourrie à profusion de l’amour grandiloquent qui lui manque, la victime de PN ne sentira pas la blessure de l’hameçon qui pourra causer sa perte. La meilleure protection contre cet abus moral, car oui, c’en est un, c’est de s’aimer suffisamment pour ne pas être dans la dépendance affective. Un thérapeute accompagne les patients en reconquête de l’estime de soi, pour les rendre imperméables à toutes formes de manipulation affective.

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