Comment se retrouver soi-même après avoir fui un PN ? Peut-être même que l’enjeu est de se trouver enfin ? Quitter un pervers narcissique est un immense pas dans l’évolution d’une victime d’emprise sentimentale. Cela marque le début d’une reconstruction sûrement longue, mais surtout cathartique et vitale. Voici comment entamer la première étape vers une vie en harmonie avec soi-même.
Rompre les liens toxiques qui amènent à se perdre
Les spécialistes de la perversion narcissique sont unanimes : le salut est dans la fuite ! Mais sortir du joug de la manipulation perverse ne se réduit pas à instaurer un éloignement physique. Il est surtout question de prendre de la distance émotionnelle avec les procédés manipulatoires qui affectent la victime de PN, même après la rupture. Pour cela, un seul mot d’ordre : couper le contact avec son PN de façon radicale. Aucune explication, justification ou mise au point, aucun règlement de compte, avertissement ou partage d’intention ne doivent se produire. Le but est de mettre un terme à son influence pour ne plus être parasité par sa façon de penser et d’agir.
Si des circonstances particulières (travail, enfants, etc.) ne permettent pas cette rupture franche dans la communication, il faut veiller à ce que les échanges soient réduits au strict minimum, c’est-à-dire qu’ils doivent être de l’ordre de l’information utile uniquement. “Tu peux récupérer les enfants à 18 h” (s’il s’agissait d’un couple) ; “Voici la liste des tâches effectuées pour le projet X” (dans le cadre du travail) sont des exemples de messages circonspects et efficaces à transmettre à un PN, déclinables à l’envi.
Il s’agit de s’adresser à son ex-bourreau comme à un parfait inconnu sans laisser la place au débat et aux tergiversations. Il tentera immanquablement d’entamer des discussions alambiquées qu’il manie avec tant d’habileté, mais hors de question d’entrer dans son jeu. Se montrer émotionnellement imperméable à ses dires, c’est se protéger. Réagir à ses assauts, c’est lui signifier que l’emprise psychologique est toujours présente et exacerber son ardeur à reprendre le contrôle sur son objet.
Se recentrer sur soi pour se retrouver
Une fois la barrière émotionnelle mise en place, la personne qui a été soumise peut enfin y voir plus clair, sans être polluée par des pensées dévalorisantes induites. Cette prise de conscience des victimes de pervers narcissiques soulève des interrogations sur les mécanismes qui les ont amenées à tolérer l’intolérable. Une phase d’introspection pour pouvoir se retrouver est nécessaire et sera bien plus efficace si elle se fait avec l’accompagnement d’un thérapeute.
La faille narcissique est invariablement à la source de la dépendance affective poussant une proie à endurer le courroux de son persécuteur. Pour mieux se pencher sur cette blessure psychique, il faut aussi prendre une décision radicale : renoncer à comprendre le manipulateur machiavélique. On doit pour cela partir du principe implacable que le PN ne changera ni ne guérira jamais.
Accepter ce postulat aide à faire le deuil du personnage charmant du début, créé de toutes pièces. La victime se défait de la culpabilité qui la tenaillait à son bourreau et peut entamer le cheminement vers la reconquête de soi. Cela consiste d’abord à apprendre à vivre en autonomie, sans personne pour dicter sa vie et ses tâches, réapprivoiser sa capacité à décider par soi-même et ne plus chercher à exister à travers quelqu’un d’autre.
Après une relation toxique et dévastatrice avec un manipulateur sentimental, il est fortement recommandé de s’entourer de personnes bienveillantes en mettant en place un système de soutien. C’est le moment de mettre un terme à l’isolement orchestré par le PN en renouant avec ses anciens amis perdus de vue ou en rappelant les membres de la famille avec qui un fossé a pu se creuser. Il faudra éventuellement se détacher du sentiment de honte, quitte à raconter son vécu, pour pouvoir faire la paix avec les autres et avec soi-même, et enfin, se retrouver après avoir échappé à un pervers narcissique.
Se renarcissiser pour réparer les dommages causés par un pervers narcissique est un vaste projet qui englobe de nombreux aspects de la reconstruction de soi. De l’acceptation des failles à la reprise de confiance en soi, de la reconquête de self-esteem à l’assertivité, le processus consiste à réapprendre à s’aimer afin d’affirmer au monde son essence et donc, sa place.
Faire la paix avec soi-même et son passé
La rupture avec un PN laisse des séquelles qui persistent longtemps après la fin de la relation toxique. Il est illusoire de croire que le quitter met un terme à tous les problèmes. Toute victime de manipulateur portait en elle des blessures psychiques qui l’ont plongée dans le piège de la perversité, ouvrant la porte à davantage de dégâts psychologiques.
Lorsque le temps survient de réparer tous ces dommages, il faut procéder par étape. La renarcissisation ne peut commencer à s’accomplir qu’après une phase d’acceptation et de pardon. De préférence guidée par un thérapeute qualifié, la victime de violence morale prolongée devra effectuer un travail d’introspection. Cela l’amènera à comprendre l’origine de sa fragilité émotionnelle et à soigner l’enfant meurtri qui sommeille en elle.
Viendra ensuite le temps d’effacer les schémas mentaux dévastateurs inculqués par le PN tels que la dévalorisation, et faire le deuil de la relation fantasmée. Dépouillée de tous ces handicaps hérités du passé, aussi récent soit-il, la personne en phase de reconstruction psychologique pourra enfin se tourner vers un avenir meilleur.
Se renarcissiser ou comment s’aimer assez pour oser l’affirmer !
Renouer avec ses valeurs profondes, retrouver le plaisir de vivre pour soi et d’être maître de ses choix représentent des défis : aussi gratifiants qu’intimidants. Mais à la clé, la reprise de confiance en soi induit de se connaître mieux. Prendre conscience de ses défauts et de ses qualités, c’est un premier pas vers l’acceptation et donc, vers l’amour de soi.
Ainsi, affranchi du besoin de reconnaissance des autres, on se libère de la peur du rejet pour enfin poser ses limites.
L’assertivité est le Saint-Graal du respect de son être. Ne pas craindre de dire “non”, rendre son système de valeurs imperméable à l’identification projective constituent des signes indéniables d’une renarcissisation aboutie. Mais attention : l’amour-propre n’est pas immuable et doit être entretenu, notamment par une bonne relation avec les autres. Savoir s’affirmer ne signifie pas de se placer en opposition pure et simple avec autrui. C’est simplement défendre ses droits et opinions, dans le respect de ceux des autres. Loin d’être repoussant (sauf pour les pervers narcissiques !), un comportement assertif est un signe de fiabilité qui présente l’avantage de faire un tri dans l’entourage. Ainsi, seuls restent ceux qui apprécient la personne pour ce qu’elle est réellement, sans faux-semblants.
Les techniques manipulatoires du PN n’ont d’effet que sur les personnes en mal d’affection. Se renarcissiser, c’est combler ce manque par soi-même pour ne plus souffrir de dépendance affective. C’est aussi la meilleure garantie de sortir de ce profil de proie idéale aux manipulations perverses et la base pour des relations plus saines, en amour, en amitié, en famille et au travail. Faites-vous accompagner par un thérapeute et retrouvez enfin le bonheur d’être vous-même !
Pour une victime de pervers narcissique, renouer avec ses valeurs propres suite à la rupture du lien de soumission, c’est en partie réapprendre à vivre pour soi. Il s’agit de se réconcilier avec la personne qu’elle a été jadis, avant les dégâts causés par le PN. D’autre part, il faut savoir transcender cette expérience malheureuse avec le manipulateur pour gagner en assurance, afin de ne pas retomber dans un nouveau schéma de dépendance affective. Découvrez comment se réapproprier ses convictions profondes.
Réapprendre à vivre pour soi
La mainmise du manipulateur pervers sur sa proie rend souvent cette dernière incapable de prendre du recul et l’oblige en permanence à s’épuiser en s’adaptant à l’autre. Elle finit par vivre dans l’anticipation perpétuelle de ce qui pourrait satisfaire son bourreau, et surtout, de ce qui risquerait de lui déplaire et de provoquer son courroux. Ainsi, à force de dénigrement, la victime de verrouillage psychologique se met entièrement au service du bien-être de son PN, jusqu’à en adopter tous les codes : mode de vie, façon de penser, cercle social, etc.
Suite à la rupture de la relation toxique et en s’astreignant à une absence totale de communication, la personne ayant été sous l’emprise d’un PN va pouvoir s’en détacher progressivement. Ne plus avoir de compte à rendre à un tyran et encore moins prendre soin de lui permet enfin de prendre du temps pour soi. S’écouter et redécouvrir ses besoins et envies est un processus qui, bien que fondamental, est beaucoup moins simple qu’on ne l’imagine.
La personne en phase de reconstruction psychique doit être patiente et s’accrocher à tout ce qui la rapproche de sa vie avant l’arrivée du manipulateur sentimental. Se remettre aux activités d’antan, reprendre contact avec les personnes que l’on fréquentait auparavant aide à réveiller les traits de personnalité qui se sont effacés sous les effets des techniques manipulatoires du PN. S’autoriser enfin tout ce que le pervers narcissique interdisait peut également être une vraie source d’émancipation. À terme, il faut parvenir à ne plus accorder la moindre importance aux opinions du manipulateur pervers, et se remettre en phase avec ses propres aspirations.
Comment définir ses valeurs propres ?
En psychologie, la notion de valeur n’a pas seulement trait à l’importance que nous accordons à certaines caractéristiques de personnalité. Les valeurs nous affectent, nous motivent, déterminent notre comportement ou nous servent de jauge pour qualifier les autres. Pourtant, bien que chaque individu présente des disparités dans leurs convictions, rares sont les personnes qui s’interrogent réellement sur leur nature, qui plus est lorsqu’elles ont été enfouies par une personne abusive. Mais définir quelles croyances ancrées poussent quelqu’un à l’action ou l’émeuvent, c’est mieux le connaître.
Parmi les théoriciens les plus connus qui se sont penchés sur la question, le psychologue Shalom Schwarz a pu identifier 19 types de valeurs humaines divisées en 4 grands groupes :
- l’ouverture au changement ;
- le dépassement de soi ;
- la conservation ;
- la croissance personnelle.
Cet inventaire généraliste peut servir de support aux victimes de pervers narcissiques à identifier les grands axes de leurs aspirations profondes. Un thérapeute aidera son patient à mettre en évidence ses valeurs propres afin de mieux les accorder à son mode de vie et ainsi accéder à plus d’épanouissement personnel.
Si le processus de reconstruction post-PN est souvent déroutant et tumultueux, la finalité c’est la liberté, la liberté d’être soi et de vivre selon des règles dictées par le bon sens et ses convictions personnelles. C’est pourquoi, après la fin d’une relation avec un manipulateur affectif, il faut tâcher de renouer avec ses valeurs propres et profondes dès que possible.