DÉPENDANCE ET RELATION TOXIQUE : une problématique à 3 niveaux

La problématique de la dépendance dans la relation toxique permet à la fois la mise en place et le maintien de l’emprise. Une victime de manipulateur sentimental pourra toutefois, à la base, être indépendante, autonome, bien dans sa peau et dans son rapport au monde. Pourtant, son placement sous contrainte va peu à peu attaquer différents niveaux de sa vie. Elle qui menait sa barque en toute souveraineté avant de tomber sous le joug d’un pervers narcissique va s’enfermer dans une relation malsaine qui la dépouillera progressivement de ses capacités matérielles, mais aussi de sa liberté de ressentir et de penser. Abordons les 3 différents aspects de l’assujettissement à l’autre pour s’en émanciper.

 

Niveau 1 : La dépendance affective, socle de la relation toxique

Les personnes codépendantes sont les plus exposées à la manipulation sentimentale. Nous avons parlé de cet état de fait à diverses reprises sur ce site et avons même mis à votre disposition un test gratuit en ligne pour déceler les signes d’une dépendance affective. Notez que le résultat de ce questionnaire élaboré par notre équipe de psychologues spécialistes de la perversion narcissique est immédiat et ne demande aucun partage de données personnelles. Par expérience, nous savons que c’est en provoquant cette prise de conscience que vous pourrez entamer une réelle démarche transformatrice vers un plus grand épanouissement. Seulement, reconnaître son état comme dépendant affectif est une étape déstabilisante dans laquelle la psychothérapie aura toute sa place.

Mais revenons aux fondements de cette attitude addictive. Si, la plupart du temps, ils se trouvent dans les troubles de l’attachement issus de la petite enfance, ils peuvent également émaner d’expériences malencontreuses survenues plus tard dans le développement de la personnalité. Il peut s’agir d’abus émotionnels, mais aussi de traumatismes tels que l’abandon, le rejet, la violence, le deuil, la perte d’emploi, la maladie, etc.

En réalité, la dépendance souligne une carence affective qui a trait à l’estime de soi. Parce que l’on a une mauvaise image de sa propre personne, on éprouve ce besoin viscéral d’être valorisé par un facteur externe. Ce dernier peut prendre la forme de la réussite scolaire ou professionnelle, de la parentalité ou bien de la considération ou l’admiration d’autrui. Pour faire simple, c’est lorsque l’on doute d’être digne d’amour que l’on réclame une attention permanente. Celle-ci pourra se manifester à travers une inaptitude à apprécier la solitude, un manque d’assertivité, une incapacité à dire “non”, de la jalousie, un syndrome du sauveur ou de l’infirmière, une psychosomatisation, etc.

En somme, le besoin de s’attirer les faveurs de tous cache en réalité une difficulté à s’apprécier soi-même. C’est là que le MPN va pouvoir infiltrer votre psyché, par cette faille que vous dissimulez si subtilement et pour laquelle il semble disposer d’un redoutable radar. Grâce à elle, il vous donnera d’abord l’impression d’une survalorisation, avant de vous maltraiter en vous accordant de moins en moins d’attention, pour en arriver à quelques miettes d’un semblant d’amour. Ainsi, pour apprendre à sortir de la dépendance affective, il n’y a pas d’autre choix que de se recentrer sur soi, dans un repli bienveillant qui pourrait paraître égoïste, mais est en réalité salutaire.

Niveau 2 : La dépendance financière ou la mise en cage par le prédateur

Il faut accorder au MPN une sorte de génie dans son machiavélisme. Il réussit presque toujours à réaliser un double tour de passe-passe : d’une part, il rend sa victime responsable de son bien-être, c’est-à-dire qu’il est en fait dépendant d’elle ; et d’autre part, il la prive de son autonomie, y compris matérielle. C’est un peu comme si un enfant se mettait à contrôler tout ce qui concerne ses parents. Avez-vous remarqué comment tout doit aller très vite avec ces prédateurs sentimentaux ? Il faut se mettre en ménage en quelques jours, se marier en quelques mois, faire un bébé dans la foulée. Le problème, c’est que ces décisions hâtives sont prises sous le coup de la passion des premiers temps, dans un contexte exaltant de lune de miel.

Pourtant, vu qu’elles engagent sur des changements de vie très conséquents et qui touchent aussi aux ressources matérielles, elles ne devraient pas se faire sans pondération et sans réflexion. En effet, s’installer à deux implique au moins un déménagement. Se marier oblige  à devenir solidaires financièrement. Procréer équivaut à repenser son budget, mais également sa carrière professionnelle.

Ainsi, sans grande variété dans les différents témoignages de victimes de PN, c’est le plus souvent la femme qui renonce à ses habitudes de vie, qui met entre parenthèses son travail pour élever les enfants, qui accepte de s’éloigner de ses proches pour se concentrer sur sa famille et qui n’hésite pas à partager son patrimoine avec son conjoint manipulateur.

Deux cas de figure se présentent :

  • Le PN gagne bien sa vie. Il utilise alors sa richesse pour tenir sa proie, c’est-à-dire qu’il la rend entièrement dépendante de son argent. C’est en se plaçant en pourvoyeur de la famille qu’il l’incitera à quitter son métier et pourra s’autoriser tous les abus.
  • C’est un parasite. Sans emploi, sans famille, sans amis, il profite de la générosité et de l’argent de sa victime. Pour ce faire, il a un don pour trouver les meilleures excuses à sa situation, parce qu’évidemment, rien n’est jamais sa faute. À grand renfort de culpabilisation et de jeu de rôle de l’accablé par la fatalité, il se fait grassement entretenir par la personne qu’il vampirise.

À travers ce qui est présenté comme une normalité (se mettre en couple, contracter un crédit immobilier, acheter des biens en commun et fonder une famille), la proie du MPN perd son autonomie financière par le fait de diminuer ses revenus et ses économies, et d’augmenter ses charges. À terme, échapper à son bourreau prendra les allures d’un véritable chemin de croix, tant émotionnellement que matériellement. Mais ne nous méprenons pas : la rupture arrivera fatalement, sous peine d’une destruction psychique totale pouvant aller jusqu’au suicide forcé. C’est pourquoi lorsque l’on a le déclic de quitter un PN, il faut s’entourer d’un système de soutien qui puisse couvrir tous les besoins : une écoute attentive et sans jugement, des professionnels dans les domaines médical, juridique et social, des personnes capables de vous héberger en urgence s’il le faut. Travailler à rétablir un équilibre financier pourra se faire en prévision de la séparation (à condition d’empêcher les incursions du PN) ou une fois celle-ci effective. Dans tous les cas, restaurer le pouvoir sur votre argent vous aidera à vous sécuriser. 

Niveau 3 : L’absence d’autonomie de la pensée ou comment tuer toute volonté de résistance

Reste la forme de dépendance la plus compliquée à briser : celle qui s’en remet au jugement d’autrui. Vous ne vous en étiez peut-être pas rendu compte, mais l’homme ou la femme toxique qui vous a tourmenté pendant si longtemps a aussi infiltré votre capacité à penser, à prendre des décisions et à vous faire confiance. À force de gaslighting quotidien, vous avez intégré que votre instinct n’était pas fiable, que vos valeurs profondes ne rimaient à rien et que seule comptait la satisfaction de votre bourreau. Les effractions psychiques subies ont créé un stress chronique qui a modifié certaines structures de votre cerveau. Il est donc parfaitement normal d’être déboussolé et de se sentir démuni, voire incapable de poursuivre sa vie, sans la présence de la personne qui contrôlait votre esprit. Heureusement, cet état de stress post-narcissique, s’il est pris en charge de façon adéquate, est transitoire et peut même mener à une sorte de croissance post-traumatique.

L’enjeu pour la victime est de se reconnecter à sa vie émotionnelle. Il s’agit de réapprendre à écouter les signaux envoyés par son propre corps et de retrouver la compétence pourtant innée d’identifier ses besoins. C’est ce que l’on appelle “renouer avec son enfant intérieur”. En effet, lorsque nous arrivons au monde, nous sommes capables de manifester notre état, sans la moindre retenue. Ce sont les influences environnementales et sociales qui nous conditionnent au fil du temps à étouffer notre voix sous-jacente et à nous parer d’un masque social. C’est à cause de votre parcours de vie que vous avez toléré la maltraitance de la manipulation sentimentale. Ne laissez plus vos traumatismes divers vous gouverner. Pour cela, autorisez votre voix intérieure à s’exprimer et prenez en compte son message. Une bonne alliance thérapeutique favorisera cette compétence fondamentale. Par la suite, il n’y aura plus que vous pour décider de la tournure que vous souhaitez donner à votre avenir. Vous en avez la capacité depuis toujours alors faites-vous confiance et, si besoin, faites-vous aider dans cette démarche.

La problématique de la dépendance dans la relation toxique cache en fait l’incapacité du pervers narcissique à exister par lui-même. Contrairement à sa victime qui s’en sortait très bien avant la rencontre fatidique, le prédateur est bien celui qui n’a jamais connu et ne connaîtra jamais l’indépendance. Retrouver l’autonomie affective, financière, de jugement et de décision est à la portée de toutes les proies qui ont subi des abus émotionnels. Il faut simplement s’éloigner du poison qui les a rendues confuses et réapprendre à croire en soi.

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