ENFANT INTÉRIEUR ET PN : LE SOIGNER EST VOTRE MEILLEURE ARME !

Nous arrivons au monde dans toute notre perfection. Nous savons écouter nos besoins et désirs, exprimer nos émotions et aimer sans condition. Mais très vite, les influences extérieures viennent interférer avec notre développement. Que ce soit par l’impact du collectif, l’histoire familiale ou nos propres expériences, notre identité pure se voit recouverte de couches parasites qui finissent pas former l’Ego. Ainsi, à mesure que nous grandissons, nous nous déconnectons de notre enfant intérieur, oubliant par là nos aspirations, nos talents naturels et nos qualités innées, pour mieux coller aux attentes de notre entourage. Ce masque social prend des allures de fausse identité en étouffant également nos failles narcissiques et autres blessures de jeunesse. Pourtant, ces traits de personnalité et affects refoulés continuent d’agir sur nos comportements, sans que cela soit toujours conscient. Nos peurs enfouies peuvent donc nous pousser à chercher la réassurance auprès de personnes mal intentionnées, et c’est alors que l’enfant intérieur et le PN peuvent entrer en lien. Soigner la version enfantine de vous-même peut donc constituer votre meilleure arme contre la manipulation par les émotions.

Qu’est-ce que l’enfant intérieur en psychologie ?

Le concept d’enfant intérieur renvoie à cette idée d’une identité pure et authentique qui remonte à notre origine, avant l’arrivée du raisonnement logique et de tous les biais cognitifs qui nous éloignent de la vérité. Il désigne tout notre potentiel de développement, accompagné des facteurs l’ayant entravé. Ainsi, il y aurait dans notre psyché une mémoire émotionnelle de notre petite enfance constituée de notre part fondamentale, créatrice et spontanée, mais aussi de nos traumatismes, blessures, peurs et manques.

Cette version infantile de nous-même continuerait d’influer sur nos comportements, que ce soit en tentant de répondre à nos désirs et besoins inassouvis, ou en évitant de favoriser tout ce qui nous rappelle nos peurs et traumas. Par exemple, votre enfant intérieur pourrait  engendrer une souffrance au travail parce que vous n’exploitez pas vos aptitudes et n’osez pas encore suivre la voie qui vous correspond le mieux. À l’inverse, il pourrait vous empêcher d’accomplir votre rêve de monter sur scène parce qu’il est marqué par un épisode humiliant de prise de parole en public ou de dévalorisation.

En réalité, chacun porte symboliquement un jeune être qui souffre et n’a pas résolu tous ses conflits internes. Ainsi, se reconnecter à soi et guérir son enfant intérieur passe par le fait de devenir également son propre parent intérieur.

D’où vient ce concept ?

L’enfant intérieur relève d’une notion apparue dans les années 1960, mais dont les origines se situent 20 ans plus tôt, avec la psychologie analytique de Carl Gustav Jung. Il avait en effet remarqué que la présence d’un enfant dans les rêves évoquait une énergie nouvelle et transformatrice.

Suite à cela, la théorie de l’analyse transactionnelle d’Éric Berne a déterminé 3 états du Moi : le parent (représentant le cadre, la loi, les repères), l’adulte (centré, à même de trouver des solutions), et l’enfant (curieux, créateur, rebelle).

Les approches humanistes menées par Carl Rogers ont également contribué à mettre en avant cette part puérile, sujette aux humeurs et à la satisfaction urgente des désirs que toute personne est amenée à manifester. Il a aussi mis en lumière l’influence des expériences infantiles sur le développement psychologique tout au long de la vie.

Enfant intérieur et PN : quel est le rapport ?

C’est lorsqu’il est encore ignoré et meurtri que l’enfant intérieur d’une victime de PN donne au bourreau son pouvoir d’emprise. Si, de base, il présentait une mauvaise image de soi ou une dépendance affective, il offre au manipulateur l’accès à ses émotions les plus enfouies. Celui-ci aura donc le champ libre pour utiliser ses vulnérabilités et fragiliser sa proie encore plus. Entre gaslighting, accès de rage et autres abus psychologiques, la mise sous emprise se fondera sur une peur enfantine préalable (rejet, abandon), savamment réactivée et entretenue par le pervers narcissique. Ainsi, soigner son enfant intérieur est primordial pour se prémunir de la maltraitance et de tous les traumatismes qui peuvent en découler. Rappelons que les effractions mentales et le stress chronique qu’elles génèrent mènent souvent jusqu’à la psychosomatisation, c’est-à-dire se rendre physiquement malade à partir d’une détresse psychique.

Un MPN peut-il guérir son enfant intérieur ? 

Bien entendu, la personnalité narcissique s’est elle-même construite autour d’une enfance problématique. On peut donc dire que tout vampire sentimental a abrité un enfant intérieur blessé. Toutefois, la connexion avec cette partie authentique et sincère de lui-même est définitivement perdue, car la structure identitaire s’est mise en place sur un mode pathologique irréversible. On peut donc dire que la version enfantine et innocente du sujet machiavélique est morte, laissant un vide que le MPN n’aura de cesse de chercher à combler. Pour ce faire, il n’hésitera pas à drainer l’énergie vitale de ceux qui l’entourent : conjoint, enfants, collègues de travail, etc.

Comme soigner l’enfant qui est en nous ?

Pour se reconnecter à l’enfant qui est en nous, il faut accepter de se concentrer en priorité sur soi. Cela peut être difficile pour ceux qui ont développé un syndrome de l’infirmière, pour ceux qu’un peu de solitude angoisse ou tout simplement pour ceux qui manquent de temps.

Toutefois, l’introspection est indispensable pour parvenir à plus de clarté sur vos aspirations et vos capacités. Sachez que former une bonne alliance thérapeutique avec un psychologue sera toujours plus efficace dans un cheminement de reconstruction personnelle. Et si vous ne pouvez pas vous déplacer en cabinet, les visioconsultations offrent des résultats tout aussi remarquables qu’en présentiel.

1.   Faites connaissance avec votre enfant intérieur

Prenez conscience de vos mouvements émotionnels. Accueillez-les avec bienveillance, dans une attitude d’observation. C’est le petit être en vous qui vous parle. Qu’est-ce qui vous attire irrésistiblement ? Qu’est-ce qui vous horripile ? Apprenez à simplement identifier les émois qui vous traversent, sans jugement et avec une réelle volonté de les comprendre. À mesure que vous les reconnaissez, essayez d’en trouver la source et de faire des liens avec votre histoire personnelle. Ce qui suscite une réponse instinctive qui dépasse la raison tient souvent ses fondements dans une expérience antérieure.

2.   Faites appel à votre parent intérieur

Un petit être en carence a besoin d’un parent protecteur. Vous avez en vous le pouvoir d’aller rassurer votre enfant intérieur et par-dessus tout : de lui apprendre l’amour inconditionnel. Pour cela, il faut visualiser votre Moi d’aujourd’hui qui rend visite à votre Moi d’antan, en proie à une souffrance. Cela nécessite de faire preuve de compassion et d’empathie envers soi-même, mais surtout, de valider les émotions ressenties et de se pardonner de les avoir eues. Vous pouvez instaurer un dialogue interne entre la version adulte de vous-même et la version juvénile, qui explique avec bienveillance ce qui est arrivé, le rôle que cela a joué dans votre parcours et où vous en êtes actuellement. Cela sert à replacer les évènements dans le passé pour ne plus les laisser influer sur la suite de votre vie.

3.   Cultivez votre créativité

Laisser son imaginaire se manifester, c’est exprimer ses forces et ses faiblesses. En donnant libre cours à vos pensées, vous prenez conscience de vos talents, de vos capacités, et extirpez aussi vos peurs et vos croyances limitantes. Vous pouvez transformer vos émotions en créations artistiques (écriture, arts plastique, musique, danse, etc.) ou en projets personnels (voyage, défi sportif, etc.) ou professionnels. L’imagination est comme un muscle : plus on s’en sert, plus elle est performante. Mentalisez votre vie rêvée et vous verrez que ce que l’esprit peut concevoir devient réalisable. Pour cela, il faut vous octroyer du temps simplement pour penser, sans écran, sans activité, sans personne autour. C’est non seulement reposant, mais également exaltant.

Chez une victime de manipulation sentimentale, son enfant intérieur et le PN forment un lien dangereux. En effet, dès lors que la version enfantine d’une personne fragile est ignorée et que son influence sur les comportements actuels est minimisée, l’emprise et le mal-être qu’elle provoque ne peuvent que continuer de prendre de l’ampleur. N’oublions pas que notre Moi infantile peut aussi nous pousser à accomplir de belles choses, en accord avec nos aspirations profondes. En prendre soin est donc primordial à la fois pour se prémunir des situations d’abus, mais aussi pour accéder à plus de plénitude, dans un rapport apaisé à soi et au monde.

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