ENCEINTE D’UN PN : COMMENT SE PASSE LA GROSSESSE ?

Tomber enceinte d’un PN peut-être voulu ou accidentel, et la grossesse peut-être menée à son terme ou être interrompue de façon volontaire ou involontaire. Voyons ensemble les différents cas de figure pour se prémunir des actions néfastes du pervers narcissique sur la mère ou le fœtus, quelles que soient les circonstances et l’issue de cet évènement marquant dans la vie d’une femme.

Pourquoi le manipulateur veut-il vite faire des enfants à sa proie ?

La femme qui tombe enceinte d’un PN très rapidement est un cas de figure classique en matière d’emprise sentimentale. De la même manière qu’il a su la charmer et l’endormir avec son love bombing à outrance, le manipulateur pervers est pressé de profiter de ce brouillard d’émotions positives pour installer sa domination. Ainsi, il propose mariage et bébé très tôt dans la relation, afin d’enfermer sa proie au plus vite, avant que la raison reprenne le dessus. Même si elle n’avait pas encore envisagé de porter un enfant, le pouvoir de persuasion du sujet machiavélique, couplé à ses promesses d’amour éternel et à la pression sociale de fonder une famille idéale en gage de réussite, peuvent amener la femme sans désir d’enfant à céder par amour, ou plutôt par dépendance affective. Elle qui se croyait dans un rêve éveillé va se voir plongée dans un cauchemar.

Pourtant, les enfants ne sont ni réparateur ni renforçateur d’une relation amoureuse. Bien que cela soit d’une évidence implacable, nombreux sont les couples qui continuent d’investir leurs petits de cette mission hautement préjudiciable pour tous. Le manipulateur pervers, dans sa vision déplorable du monde et suivant son schéma habituel de réification de l’individu, c’est-à-dire d’objectification d’autrui, n’hésitera donc pas à instrumentaliser sa propre progéniture afin de renforcer son emprise sur la mère. Le bébé à naître sera un levier puissant pour faire pression sur la maman, même en cas de séparation. De plus, la vulnérabilité (tant physique qu’émotionnelle) qui accompagne la grossesse et la maternité seront des facteurs propices à obtenir sa soumission totale.

Que se passe-t-il lorsqu’un bébé s’invite dans une relation toxique sans que la grossesse ait été désirée ?

Même si la conception d’un nourrisson peut faire partie des plans du PN, il arrive que cet évènement soit tout simplement inopiné. Le prédateur sentimental adoptera alors deux types de comportements : 

  • Il verra l’arrivée imminente de l’enfant comme un moyen de renforcer son emprise.
  • Il refusera la grossesse parce qu’il est pris au dépourvu dans sa stratégie ou tout simplement parce qu’il veut rester au centre de toutes les attentions.

N’oublions pas que le pervers narcissique est avant tout un enfant blessé. C’est un être immature et dépourvu de conscience au sens moral du terme. Tout doit tourner autour de lui, sous peine d’effondrement psychique. Un bébé, même si c’est le sien, est donc une menace pour sa suprématie. Si c’est comme cela qu’il aborde la grossesse inattendue de sa compagne, il mettra tout en œuvre pour la convaincre d’avorter. Si celle-ci s’oppose à lui, il la poussera à bout de nerfs dans l’espoir de déclencher une fausse couche. Son but ultime est d’éliminer son potentiel rival, avant même sa venue au monde.

Bien entendu, quel que soit le positionnement du prédateur sentimental quant à l’annonce de la grossesse, il ne manquera pas d’accuser la femme d’être responsable de la situation et de lui faire payer cet imprévu.

Comment se passe le quotidien d’une femme enceinte d’un PN ?

Les chercheurs en psychologie Antoinette Corboz-Warnery et Elisabeth Fivaz-Depeursinge  ont démontré en 2001 que l’alliance coparentale durant la gestation est prédictive de l’alliance familiale une fois l’enfant né. Elle reste modérément stable au cours des deux premières années de vie. Inutile donc d’imaginer que le bourreau sentimental, s’il maltraite déjà sa conjointe, va se transformer en papa aimant et en mari prévenant à l’arrivée de sa progéniture. La façon dont il traite la future maman et l’attention qu’il accorde à la grossesse révèlent la place qu’il donnera au nourrisson à sa naissance et même jusqu’à ses 24 mois. Pas de doute, le fils ou la fille du PN grandira dans un contexte déplorable pour sa construction psychique.

Si vous êtes enceinte d’un pervers narcissique, ne vous attendez donc pas à ce que subitement, il soit aux petits soins pour vous et votre ventre rond qui grossit. Bien au contraire ! Il profitera de votre fatigue physique et des tourbillons émotionnels renforcés par les afflux d’hormones diverses qui sont le lot de toutes les futures mamans. Il n’aura aucun scrupule à profiter de votre faiblesse pour vous terrasser un peu plus (le témoignage de Déborah vous en donnera un aperçu). Il vous trouvera tantôt fainéante, repoussante, caractérielle ou inconsciente. Soit vous en ferez trop, soit vous n’en ferez pas assez. Ne comptez pas sur son soutien moral ou sur son aide matérielle. Vous ferez malgré tout les courses et le ménage, vous porterez votre valise et vous irez travailler, car si vous ne le faites pas, vous serez une loque qui profite de la situation. Et comble de l’horreur : il profitera de la fin du délai légal d’avortement, lorsqu’aucun retour en arrière ne sera plus possible, pour vous faire part de ses doutes sur sa volonté d’être père. Vous serez, selon ses dires, celle qui lui a fait un enfant dans le dos.

Vous l’aurez compris, vous vivrez cette grossesse dans une solitude permanente tout en vous épuisant à vous protéger des attaques incessantes de votre conjoint PN. Sachez aussi que l’enfant à venir représente un lien éternel à votre tortionnaire qui perdurera même en cas de séparation.

Comment le PN gère-t-il l’interruption de grossesse ?

Que se passe-t-il lorsque la grossesse ne va pas à son terme ? Comment le PN fait-il le deuil de son bébé ? Comment se comporte-t-il avec celle qui n’a pas pu ou voulu enfanter avec lui ? Une femme enceinte qui ne vivra finalement pas l’accouchement traverse une étape difficile et résolument marquante dans son histoire. Une fois de plus, ce n’est pas à cette occasion qu’il faut attendre de la compassion de la part d’un manipulateur machiavélique…

L’avortement

Que ce soit vous qui l’ayez décidé ou que le PN vous y ait contrainte, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est jamais un moment anodin. L’avortement médicamenteux ou l’intervention chirurgicale nécessitent plusieurs rendez-vous médicaux préalables, éventuellement la consultation d’un psy et des effets secondaires gênants et douloureux. Les saignements qui suivront l’opération seront conséquents, entraînant une grande fatigue, surtout s’ils ont été précédés par de tergiversations mentales épuisantes. De plus, la chute d’hormones plongera la patiente dans un état de déprime qui pourrait dégénérer en dépression. En d’autres termes, c’est un passage à risque au cours duquel un soutien psychologique est primordial. Le PN sera-t-il capable de réconforter sa femme ou au moins de lui accorder une trêve ? Voici l’exemple d’un cas rapporté par une patiente qui apportera la réponse :

Son fiancé PN, estimant qu’elle ne méritait pas d’avoir un enfant de lui, l’avait menacée de mort si elle “n’arrachait pas [elle]-même ce truc de [s]on ventre” (sinon il s’en chargerait lui-même). Elle finit par se faire avorter à contrecœur. Il ne se présente pas à l’hôpital le jour de l’intervention et ne la recontacte que la semaine suivante. Elle est décidée à le quitter pour de bon. Il lui dit alors : “Tu sais, je l’aurais assumé ce bébé. C’est toi qui l’as tué, mais si tu y tiens, on en fera un autre.” Inutile de préciser les ravages que cela a causé en elle. Même dans le pire des scénarios que l’on se fait en matière de perversité, un profil aussi atteint dans sa psychopathie aura toujours une longueur d’avance dans la cruauté.

La fausse couche et l’IMG (Interruption Médicale de Grossesse)

Si un manipulateur parvient à forcer une femme à avorter contre son gré tout en la blâmant d’avoir tué son enfant, imaginez ce qu’il est capable de faire et dire en cas d’interruption médicale ou spontanée de la grossesse. Que l’enfant à naitre ne soit pas viable et nécessite un avortement thérapeutique ou qu’une fausse couche se déclenche pour des raisons inexpliquées, le PN tiendra automatiquement sa compagne pour responsable. D’ailleurs, il pourra même avoir joué un rôle dans cet incident de la procréation en faisant subir un stress immense à la femme enceinte. Dédaignant l’incommensurable chagrin de la maman ayant perdu son bébé dans des circonstances malheureuses, il mettra en avant sa propre souffrance pour la culpabiliser doublement : en plus d’être incapable de donner la vie à un enfant en bonne santé, elle aura anéanti les rêves de paternité de son partenaire de vie. Et il ose appeler ça “de l’amour”…

Ce qui pourrait être une épreuve douloureuse à traverser en couple ou au contraire, un moment heureux à partager à deux devient, chez la femme enceinte d’un PN, une menace très sérieuse pour son intégrité psychique. Si la grossesse a tendance à être protégée, voire sacralisée dans la plupart des sociétés, pour les profils manipulateurs machiavéliques elle n’est qu’une chance inespérée d’accélérer la destruction de sa victime. Il est urgent que les femmes enceintes de PN se fassent accompagner par des thérapeutes spécialistes des relations d’emprise, il en va de leur santé et de celle de leur bébé.

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