Enfant intérieur et pervers narcissique : le soigner est votre meilleure arme !

Qu’est-ce que l’enfant intérieur en psychologie ?

Le concept d’enfant intérieur renvoie à cette idée d’une identité pure et authentique qui remonte à notre origine, avant l’arrivée du raisonnement logique et de tous les biais cognitifs qui nous éloignent de la vérité. Il désigne tout notre potentiel de développement, accompagné des facteurs l’ayant entravé.

Une mémoire émotionnelle de notre petite enfance

Ainsi, il y aurait dans notre psyché une mémoire émotionnelle de notre petite enfance constituée de :

• Notre part fondamentale, créatrice et spontanée

• Nos traumatismes et blessures

• Nos peurs et nos manques

• Nos besoins non satisfaits

• Nos talents naturels et aspirations profondes

Cette version infantile de nous-même continue d’influer sur nos comportements, que ce soit en tentant de répondre à nos désirs et besoins inassouvis, ou en évitant de favoriser tout ce qui nous rappelle nos peurs et traumas.

Comment l’enfant intérieur influence nos comportements

Par exemple, votre enfant intérieur pourrait engendrer une souffrance au travail parce que vous n’exploitez pas vos aptitudes et n’osez pas encore suivre la voie qui vous correspond le mieux. À l’inverse, il pourrait vous empêcher d’accomplir votre rêve de monter sur scène parce qu’il est marqué par un épisode humiliant de prise de parole en public ou de dévalorisation.

En réalité, chacun porte symboliquement un jeune être qui souffre et n’a pas résolu tous ses conflits internes. Ainsi, se reconnecter à soi et guérir son enfant intérieur passe par le fait de devenir également son propre parent intérieur.

D’où vient ce concept ?

L’enfant intérieur relève d’une notion apparue dans les années 1960, mais dont les origines se situent 20 ans plus tôt, avec la psychologie analytique de Carl Gustav Jung. Il avait en effet remarqué que la présence d’un enfant dans les rêves évoquait une énergie nouvelle et transformatrice.

L’analyse transactionnelle d’Éric Berne

Suite à cela, la théorie de l’analyse transactionnelle d’Éric Berne a déterminé 3 états du Moi :

• Le Parent : représentant le cadre, la loi, les repères

• L’Adulte : centré, à même de trouver des solutions

• L’Enfant : curieux, créateur, rebelle, mais aussi vulnérable

Les apports de Carl Rogers

Les approches humanistes menées par Carl Rogers ont également contribué à mettre en avant cette part puérile, sujette aux humeurs et à la satisfaction urgente des désirs que toute personne est amenée à manifester. Il a aussi mis en lumière l’influence des expériences infantiles sur le développement psychologique tout au long de la vie.

Les 5 blessures fondamentales

Plus récemment, Lise Bourbeau a identifié 5 blessures fondamentales de l’enfant intérieur qui conditionnent nos comportements adultes :

• Le rejet : sentiment de ne pas avoir le droit d’exister

• L’abandon : peur d’être laissé seul, de ne pas être soutenu

• L’humiliation : honte de soi, de ses besoins, de son corps

• La trahison : peur de faire confiance, d’être trompé

• L’injustice : sentiment de ne pas être traité équitablement

Ces blessures créent des masques protecteurs qui, s’ils nous ont aidés à survivre enfant, peuvent devenir des prisons à l’âge adulte — et des portes d’entrée pour les manipulateurs.

Enfant intérieur et PN : quel est le rapport ?

C’est lorsqu’il est encore ignoré et meurtri que l’enfant intérieur d’une victime de PN donne au bourreau son pouvoir d’emprise.

Comment le PN exploite l’enfant intérieur blessé

Si, de base, l’enfant intérieur présentait une mauvaise image de soi ou une dépendance affective, il offre au manipulateur l’accès à ses émotions les plus enfouies. Celui-ci aura donc le champ libre pour utiliser ses vulnérabilités et fragiliser sa proie encore plus.

Entre gaslighting, accès de rage et autres abus psychologiques, la mise sous emprise se fondera sur une peur enfantine préalable (rejet, abandon), savamment réactivée et entretenue par le pervers narcissique.

Les blessures que le PN réactive

Le pervers narcissique repère instinctivement les blessures de l’enfant intérieur et les exploite :

• Blessure de rejet : le PN alterne validation et invalidation, vous maintenant dans un doute permanent sur votre légitimité à exister

• Blessure d’abandon : il menace de partir, s’éloigne puis revient, réactivant sans cesse cette peur archaïque

• Blessure d’humiliation : il critique, dénigre, rabaisse, confirmant la honte que vous portez depuis l’enfance

• Blessure de trahison : après le love bombing, il trahit toutes ses promesses, confirmant que personne n’est fiable

• Blessure d’injustice : il impose des règles qu’il ne respecte pas lui-même, renforçant le sentiment d’injustice

Le cercle vicieux

Ainsi, soigner son enfant intérieur est primordial pour se prémunir de la maltraitance et de tous les traumatismes qui peuvent en découler. Rappelons que les effractions mentales et le stress chronique qu’elles génèrent mènent souvent jusqu’à la psychosomatisation, c’est-à-dire se rendre physiquement malade à partir d’une détresse psychique.

Un MPN peut-il guérir son enfant intérieur ?

Bien entendu, la personnalité narcissique s’est elle-même construite autour d’une enfance problématique. On peut donc dire que tout vampire sentimental a abrité un enfant intérieur blessé.

Une connexion définitivement perdue

Toutefois, la connexion avec cette partie authentique et sincère de lui-même est définitivement perdue, car la structure identitaire s’est mise en place sur un mode pathologique irréversible.

On peut donc dire que la version enfantine et innocente du sujet machiavélique est morte, laissant un vide que le MPN n’aura de cesse de chercher à combler. Pour ce faire, il n’hésitera pas à drainer l’énergie vitale de ceux qui l’entourent : conjoint, enfants, collègues de travail, etc.

La différence fondamentale

C’est là que réside la différence fondamentale entre vous et le pervers narcissique :

• Vous : votre enfant intérieur est blessé mais vivant, accessible, guérissable

• Le PN : son enfant intérieur est mort, remplacé par un vide qu’il cherche à combler en vampirisant les autres

Cette différence est à la fois tragique pour le PN (qui ne pourra jamais accéder à l’authenticité) et porteuse d’espoir pour vous (car la guérison est possible).

Les signes d’un enfant intérieur blessé

Comment savoir si votre enfant intérieur a besoin de soins ? Voici les manifestations les plus courantes :

Dans vos comportements

• Vous avez du mal à dire non et à poser des limites

• Vous cherchez constamment l’approbation des autres

• Vous avez tendance à vous sacrifier pour les autres

• Vous êtes attiré(e) par des partenaires indisponibles ou toxiques

• Vous sabotez vos réussites ou ne vous sentez jamais à la hauteur

Dans vos émotions

• Vous ressentez une honte diffuse sans savoir pourquoi

• Vous avez une peur excessive de l’abandon ou du rejet

• Vous vous sentez souvent vide ou incomplet(e)

• Vous êtes submergé(e) par des émotions disproportionnées face à certaines situations

• Vous portez une colère enfouie que vous n’osez pas exprimer

Dans vos croyances

• “Je ne mérite pas d’être aimé(e)”

• “Je dois être parfait(e) pour être accepté(e)”

• “Mes besoins ne sont pas importants”

• “Je ne peux compter que sur moi-même”

• “Si je montre qui je suis vraiment, on me rejettera”

Comment soigner l’enfant qui est en nous ?

Pour se reconnecter à l’enfant qui est en nous, il faut accepter de se concentrer en priorité sur soi. Cela peut être difficile pour ceux qui ont développé un syndrome de l’infirmière, pour ceux qu’un peu de solitude angoisse ou tout simplement pour ceux qui manquent de temps.

Toutefois, l’introspection est indispensable pour parvenir à plus de clarté sur vos aspirations et vos capacités. Sachez que former une bonne alliance thérapeutique avec un psychologue sera toujours plus efficace dans un cheminement de reconstruction personnelle.

1. Faites connaissance avec votre enfant intérieur

Prenez conscience de vos mouvements émotionnels. Accueillez-les avec bienveillance, dans une attitude d’observation. C’est le petit être en vous qui vous parle.

• Qu’est-ce qui vous attire irrésistiblement ?

• Qu’est-ce qui vous horripile ?

• Quelles situations déclenchent des réactions disproportionnées ?

Apprenez à simplement identifier les émois qui vous traversent, sans jugement et avec une réelle volonté de les comprendre. À mesure que vous les reconnaissez, essayez d’en trouver la source et de faire des liens avec votre histoire personnelle.

2. Faites appel à votre parent intérieur

Un petit être en carence a besoin d’un parent protecteur. Vous avez en vous le pouvoir d’aller rassurer votre enfant intérieur et par-dessus tout : de lui apprendre l’amour inconditionnel.

Pour cela, il faut visualiser votre Moi d’aujourd’hui qui rend visite à votre Moi d’antan, en proie à une souffrance. Cela nécessite de :

• Faire preuve de compassion et d’empathie envers soi-même

• Valider les émotions ressenties et se pardonner de les avoir eues

• Instaurer un dialogue interne entre la version adulte et la version juvénile

• Replacer les événements dans le passé pour ne plus les laisser influer sur la suite de votre vie

3. Reparentez-vous

Le reparentage consiste à vous donner aujourd’hui ce que vous n’avez pas reçu enfant :

• Protection : apprenez à vous défendre, à dire non, à poser des limites

• Validation : reconnaissez vos émotions comme légitimes

• Encouragement : célébrez vos réussites, même petites

• Présence : accordez-vous du temps et de l’attention

• Amour inconditionnel : aimez-vous tel que vous êtes, sans conditions

4. Cultivez votre créativité

Laisser son imaginaire se manifester, c’est exprimer ses forces et ses faiblesses. En donnant libre cours à vos pensées, vous prenez conscience de vos talents, de vos capacités, et extirpez aussi vos peurs et vos croyances limitantes.

Vous pouvez transformer vos émotions en :

• Créations artistiques : écriture, arts plastiques, musique, danse

• Projets personnels : voyage, défi sportif

• Projets professionnels : nouvelle orientation, entrepreneuriat

L’imagination est comme un muscle : plus on s’en sert, plus elle est performante. Mentalisez votre vie rêvée et vous verrez que ce que l’esprit peut concevoir devient réalisable.

5. Pratiquez des rituels de reconnexion

Voici quelques pratiques pour maintenir le lien avec votre enfant intérieur :

• La lettre à votre enfant intérieur : écrivez-lui ce que vous auriez aimé entendre enfant

• Le journal émotionnel : notez quotidiennement vos émotions et leurs déclencheurs

• La méditation guidée : visualisez une rencontre avec votre version enfantine

• Les photos d’enfance : regardez-les avec compassion et dites à cet enfant qu’il est aimé

• Le jeu : autorisez-vous à jouer, à être léger, à vous amuser sans but