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L’ENFANCE, UNE PÉRIODE DÉTERMINANTE

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

L’ENFANCE UNE PÉRIODE DÉTERMINANTE

“Il y a des choses de l’enfance que seule l’enfance connaît.” – de Colum McCann (Zoli)

L’enfance est une période particulière. C’est une étape charnière de la vie et du développement d’un individu. On s’y développe, on grandit, on apprend, on découvre le monde. Elle est une période déterminante pour l’adulte en construction et son fonctionnement à venir. Découvrons ensemble ce développement et l’influence de cette étape si importante dans notre monde intérieur et nos rencontres, parmi les plus toxiques.

L’enfance

L’enfance est un vaste terrain de jeu. Un terrain d’apprentissage, de dérapages, de pleurs et de joie. C’est un endroit, propre à chaque individu, où l’apprentissage et la création d’un lien social sont au centre de ce processus.

L’enfance est bien souvent mise de côté dans la compréhension des événements. Elle est en réalité, le terreau de notre personnalité et de notre rapport au monde. Les événements de l’enfance se diffusent par la suite en miroir chez l’adulte. Dans son rapport aux autres, comme dans son rapport à lui-même.

Un enfant se construit selon plusieurs facteurs déterminants. Son entourage proche, l’école, ses amis, mais aussi ses activités, son environnement géographique et bien d’autres. Par les interactions, les règles, les routines, et tout ce qui l’entoure, l’enfant se développe et se définit. Il est un véritable individu en création, dont les désirs et les besoins sont tout aussi déterminants.

En effet, l’enfant en bas âge est vulnérable et extrêmement dépendant des personnes qui l’entourent, et l’aident à grandir.

L’enfance est aussi une période cruciale pour la construction des fondations de notre monde intérieur, de notre système de pensées et de nos mémoires. La sécurité et la confiance en soi, la relation aux autres et au monde ou encore les envies et les préférences.

L’enfance est donc une période, qui détermine l’adulte que nous devenons. Nous sommes façonnés par notre vécu et nos expériences, nos souvenirs et nos conditionnements.  Parmi lesquels il n’est pas rare de retrouver de nombreux traumatismes, comme le rejet, l’humiliation, l’abandon, l’injustice ou encore la trahison.

Nous ne sortons pas de l’enfance égaux. Elle nous laisse de nombreux bagages, propres à chacun, que nous portons à vie, et qui nous structurent malgré nous.

L’enfant intérieur et ses failles

L’enfance est donc à la source de l’ensemble des fondations de notre construction. Une construction déterminante, que nous conservons sous forme de mémoire ou encore de réaction aux événements extérieurs.

Notre vécu d’enfant, que nous nommons communément l’enfant intérieur, est alors cette représentation de notre développement, à cet âge peu avancé de la vie.

Un enfant dont le bagage est parfois solide, parfois encore déséquilibré, alourdi et abîmé. Abîmé, par une blessure d’abandon, une expérience de trahison ou encore de rejet.

Ces traumatismes et ces expériences nous ont conduit, adultes, à développer des mécanismes de défense, plus ou moins visibles. Ces mécanismes sont par exemple, la timidité, la peur du conflit, le manque de confiance ou même la fuite systématique dans l’intimité.

Ils sont en quelque sorte des mécanismes protecteurs ; les masques de protection de notre enfant intérieur. Nous les portons plus ou moins consciemment, en fonction de notre vécu et de notre sensibilité.

L’enfant que nous avons été et que nous portons en nous, l’enfant intérieur, nous guide au quotidien. Parfois, sans que nous ne prenions le temps de l’écouter. Parfois même, sans connaître son existence, ses besoins et ses blessures.

Il exprime alors parfois sa souffrance, par des symptômes. Des symptômes tels que  l’anxiété, la dépression, la dépendance affective, les troubles alimentaires ou même les troubles du sommeil.

Enfin, parfois encore, il sert d’appât aux personnalités manipulatrices, comme les pervers narcissiques, que nous développerons ci-dessous.

Les failles qui attirent le pervers narcissique

Quel est alors le rapport entre les éventuelles failles de l’enfance et le pervers narcissique ?

Le pervers narcissique est un pervers manipulateur et toxique. Son fonctionnement et ses caractéristiques sont complexes et sournoises, pathologiques même : il est malade. (voir notre article complet à ce sujet : Le pervers narcissique)

Le pervers narcissique aime le contrôle et la toute puissance. Il vit ses relations sur un mode de domination : il doit dominer, être le meilleur, avoir le contrôle pour survivre. Sans cette manipulation et cette emprise, le pervers narcissique ne pourrait fonctionner.

Il est alors tout naturel pour lui, de choisir ses victimes avec beaucoup d’attention, afin de mettre sa manipulation à exécution avec le plus de fluidité.

En réalité, ce que cherche le pervers narcissique chez ses victimes, ce sont leurs failles. Des failles narcissiques, ces fameuses blessures de l’enfance et de l’enfant intérieur, qui n’ont pas été soignées.

Ce sont ces failles, parfois invisibles ou à peine perceptibles, qui rendent une victime vulnérable face au pervers polymorphe. Des failles sur lesquelles il n’hésitera pas à s’appuyer, afin de servir ses besoins. Un manque de confiance, un manque d’estime de soi, un besoin de reconnaissance ou encore le besoin irrépressible d’aider l’autre.

Ces failles de l’enfance, sont une mine d’or pour le pervers narcissique. En bon stratège, il n’hésite alors pas à en tirer avantage. Il s’y engouffre avec discrétion, sans que ses victimes n’aient le temps de s’en rendre compte.

Il appuie alors sur les failles de cet enfant intérieur, feignant lors de la lune de miel leur colmatage. Par des compliments, promesses, projets : les failles de la victime, qu’elle ne soupçonnait parfois même pas, sont comblées temporairement. C’est alors qu’il peut s’y soustraire, pour créer un manque, et la détruire de plus belle.

Des failles que le pervers narcissique ne se garde pas de stimuler, pour la maintenir sous emprise.

Comment réparer ses failles ?

Réparer ces failles, que nous portons tous, est essentiel et nécessaire. Une attention particulière, qui permet d’agir sur les éventuelles souffrances visibles ou invisibles de premier abord.

En réalité, ces failles sont le point central de nombreux déséquilibres intérieurs. Elles sont un véritable aimant à personnalités toxiques, que sont entre autres les pervers narcissiques.

Il est bien sûr possible de réparer ses failles et ses blessures par le biais de la thérapie. Auprès d’un psychologue ou d’un psychanalyste expert dans les relations toxiques.

Le travail thérapeutique permet de travailler sur soi. De travailler sur ses failles, de prendre conscience de ce qui nous compose et de ce qui nous définit.

C’est un temps pour soi, afin de reconstruire de nombreuses bases saines et solides, comme l’estime de soi ou encore la confiance en soi. Si elles sont souvent fragilisées par les relations toxiques, il est pourtant bel et bien possible et même vital de travailler dessus.

Les failles constituent le socle de notre fonctionnement, de notre personnalité, de notre personne. Elles sont membres à part entière de notre esprit, et il est donc essentiel de les accueillir, et de les transformer.

Si les pervers narcissiques ont pu si bien les détecter, c’est justement parce que ces failles sont la porte d’entrée de nombreuses lumières.

Elles forment votre sensibilité, votre justesse, votre rapport au monde qu’il n’est en aucun cas question de rejeter. Simplement, et à l’aide d’un travail thérapeutique, vous pourrez alors les observer puis les réparer. Cela afin de garantir vos limites, votre sécurité et votre bonheur, face aux personnalités parfois toxiques.

Prendre ses failles entre ses mains, les rassurer et les souder : voici le meilleur bouclier pour se protéger des manipulateurs toxiques et des pervers narcissiques.