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Le pervers narcissique au féminin

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

Quand l’on parle de perversion narcissique, la victime est très souvent une femme, mais qu’en est-il des hommes qui tombent aussi dans le piège de ce type de manipulation ? Il semble a priori bien difficile de déterminer la part de la perversion narcissique féminine et il convient de se méfier des exagérations à ce sujet. Néanmoins, la parole des hommes a tendance à se libérer et apporte aujourd’hui de nombreux témoignages des affres d’une relation avec une femme perverse narcissique.

Le mode opératoire d’une femme perverse narcissique

Les moyens employés par une manipulatrice perverse pour encercler sa victime et la murer dans la dépendance affective ne différent en rien de ceux employés par ses congénères masculins. Les 3 phases du mode opératoire : séduction, invasion et destruction sont respectées pour aboutir aux mêmes schémas de souffrance pour les victimes.

Dans sa première approche, la femme perverse narcissique joue un jeu semblable à celui du PN masculin. La période de la rencontre sera celle d’une intense séduction. Si les hommes jouent sur la performance du parfait chevalier servant, les femmes, elles, flattent l’ego de leur futur compagnon en jouant à la « femme parfaite ». Elles savent, en effet, afficher socialement une vitrine des plus enviables : apparence coquette, intérieur soigné, enfants bien élevés… Tout comme le pervers narcissique homme, la femme PN est au premier abord, la femme idéale, que sa future victime se félicite d’avoir rencontré.

Pourtant, comme dans toute relation avec un prédateur narcissique, les choses vont peu à peu se déliter. La séduction aidant, les pervers narcissiques, tous sexes confondus, cherchent à se rendre indispensable auprès de leur partenaire. Ceux-ci l’acceptent relativement bien, car les manipulateurs ont tendance à s’ériger en rempart des blessures passées de l’autre. Mais peu à peu, la façade avenante de la femme perverse narcissique s’efface au profit de son caractère tyrannique. Une gêne s’installe dans la relation, car son partenaire se met à redouter ses sautes d’humeur et son agressivité. En fait, elle lui déploie tout l’attirail de la manipulation mentale : mensonge, dénigrement, dévalorisation, culpabilisation…
Tout comme le pervers narcissique masculin, la femme atteinte de ce trouble isolera sa proie de son entourage, pour le soustraire à toute influence autre que la sienne. Elle y arrive assez facilement, car elle circonvient instinctivement l’entourage amical habituel. Pour éloigner des adversaires plus retors, comme les enfants ou les personnes plus clairvoyantes, elle peut exercer un véritable harcèlement moral, mêlant chantage affectif et culpabilité.

La machine à détruire

Une fois qu’elle a bien enfermé sa victime dans une relation toxique, la femme perverse narcissique assoit son entreprise de destruction.

Une femme perverse narcissique s’enferme dans un comportement sadique et égocentrique. Mais, son infériorité dans le rapport de force physique l’amène à redoubler d’efforts sur le terrain de la violence psychologique.
Redoutablement instinctive, elle axe ses attaques autour de la parole blessante, qu’elle manie comme une arme de précision. Sans en avoir l’air, elle distille innocemment l’humiliation pour rabaisser son partenaire dans tous les actes de sa vie, notamment vis-à-vis des efforts qu’il fait pour la garder. Le dénigrement sur son physique se glisse aussi dans l’intimité, pour s’asséner avec plus de cruauté.

La femme perverse narcissique tout comme son homologue masculin, aime souffler le chaud et le froid dans la relation. Elle fera mine de cautériser momentanément les plaies de sa victime, pour mieux y revenir plus tard. La victimisation est chez elle fréquente, car elle retourne volontiers les arguments de son partenaire contre lui. Elle est experte en mensonges et contre-vérités qui finissent psychologiquement par épuiser sa victime.

Si le partenaire est trop passif, la femme manipulatrice narcissique peut avoir recours à la violence physique. Or, il sera alors très compliqué pour l’homme de le prouver. Elle est, en effet, redoutablement douée pour mettre les apparences sociales de son côté. Un problème qui  dissuade sa victime d’oser la dénoncer.

Sur le plan sexuel, la femme perverse narcissique se sert souvent de la sexualité comme d’un moyen de pression sur son partenaire. L’abstinence imposée ne sera pas la seule humiliation qu’elle lui infligera, car il s’agit d’une femme souvent notoirement infidèle.

Les souffrances de l’autre sont un peu son terrain de jeux. Mais il ne faut pas la juger trop vite, car peut-on parler de méchanceté chez une femme totalement dénuée de tous principes moraux ? Rappelons qu’une personne sociopathe, même si elle proclame le contraire, est totalement dépourvue d’empathie humaine.

Comment se protéger d’une manipulatrice perverse ?

La femme perverse narcissique prend donc soin de choisir ses victimes. Elle préfère les hommes doux et réservés qui ne sauront pas trop comment réagir devant son caractère de tyran. Comme tout manipulateur narcissique, elle a besoin qu’il y ait une faille narcissique chez l’autre. Car cela va l’aider à compenser son propre narcissisme défaillant.

Les hommes ont par tradition moins tendance à exprimer leurs sentiments et à se prendre en charge en consultant. Ils sont aussi plus enclins à redouter les moqueries, notamment celles de ceux prompts à les considérer comme des « pigeons ».

Les conséquences d’une telle relation en sont d’autant plus douloureuses pour eux. Un homme sera pourtant moins retenu sur le plan matériel que la femme pour partir. Malheureusement, c’est bien un besoin aveugle d’être aimé qui les empêche trop souvent d’ouvrir les yeux. De nombreux hommes témoignent avoir mis plusieurs années à se défaire de l’emprise d’une femme perverse narcissique. Cette fragilité leur est très préjudiciable et peut altérer leurs capacités de résilience. De gros dommages peuvent en résulter sur leur psychisme, comme des tentations suicidaires, ou l’impossibilité de renouer toute autre relation amoureuse plus tard.

Pour trouver comment sortir de l’ornière, ils ont au moins autant besoin que les femmes d’être entourés. Renouer avec l’entourage aimant que leur compagne aura éloigné est à cet égard, primordial pour eux. S’ils sont conscients du caractère pathologique de leur relation amoureuse, ils doivent aussi sans tarder s’éloigner. La fuite est le seul salut qui vaille devant un manipulateur, quel qu’en soit le sexe.

Quand le départ est difficile, l’aide de la thérapie les oriente vers les prises de conscience nécessaires. À notre époque, les hommes sont de plus en plus nombreux à pousser la porte des psys : une évolution certainement nécessaire.