RÉSITER AU HARCÈLEMENT POST-SÉPARATION

Le harcèlement post-séparation est le moyen qu’emploie une personnalité perverse pour continuer à maintenir son emprise, parfois de longues années après la rupture. Il s’agit là d’une question particulièrement sensible aujourd’hui parce qu’elle concerne en priorité les victimes ayant un ou plusieurs enfants avec ce type de partenaire. Voyons ce qu’est ce harcèlement et comment l’affronter.  

Le harcèlement post-séparation et ses procédés 

Le harcèlement post-séparation est une réalité douloureuse qui attend la victime du pervers manipulateur lorsque la séparation s’accompagne d’un enjeu de choix : la garde et l’éducation des enfants. Le manipulateur qui a été quitté veut laver publiquement l’affront ultime fait à son narcissisme, d’une part, tout en prolongeant son emprise en se servant des enfants comme otages, d’autre part. Ses attaques se caractérisent par des pressions qui, d’un manipulateur à l’autre, restent identiques. 

Menace sur la garde des enfants 

Il s’agit du ressort principal sur lequel le harcèlement post-séparation des pervers narcissiques porte aujourd’hui. Les associations de victimes, relayées par une étude récente en 2019, révèlent que 80 % des pères violents font peser sur les victimes la menace de s’emparer de la garde des enfants.

Cette pression est particulièrement perverse, car elle intervient à un moment où la victime est encore loin d’être complétement guérie de l’emprise. Ce qui explique que dans bien des cas, certaines cèdent, car pour elles, le manipulateur pervers reste le plus fort. De plus, il faut savoir que le droit de la Famille français  reste figé dans une forme de sacralisation du lien familial, et ce, même quand l’autorité parentale s’exerce dans la violence. Cela, on s’en doute, n’avantage ni les conjoint-es, ni les enfants de manipulateurs pervers. 

  
Les calomnies et fausses allégations  

Le harcèlement post-séparation passe par une campagne de diffamation et d’attaques personnelles que le pervers narcissique orchestre contre sa victime, dès qu’il sent qu’il va être quitté. L’enjeu est de conserver une façade sociale irréprochable vis-à-vis de tout le monde, toujours par le biais de l’identification projective. Il construit alors tout un mythe sur la personne de l’autre, qu’il pare de tous les vices, de manière à ce qu’il ou elle endosse la responsabilité de la séparation. Les ficelles sont grosses, mais elles fonctionnent toujours pour les mêmes raisons ; la victime non encore guérie n’est pas en état de se défendre et  n’a pas les mêmes valeurs, son rapport au mensonge n’est pas le même. Cela le pervers le sait et c’est pour cela qu’il persiste à l’inonder de messages (appels téléphoniques, SMS, mails ou autres) plus menaçants les uns que les autres. Il s’agit de perpétrer son emprise et d’entraver ses tentatives de reconstruction. 

Les attaques au travers des enfants  

Le harcèlement post-séparation qui se perpétue par l’intermédiaire des enfants, est bien connu à travers du redoutable syndrome du SAP. Il s’agit de manipuler la conscience de l’enfant, de le perturber durablement de manière à ce qu’il s’attache exclusivement à la personnalité dominante du pervers. Le but de ces agissements est de les transformer en arme émotionnelle contre l’autre parent, pour qu’il le rejette et aillent jusqu’à le violenter.   

Le SAP est un phénomène courant lors d’une séparation avec un manipulateur pervers. Il s’accompagne d’autres comportements malveillants à l’égard des enfants : négligence, maltraitance et vol ou rétention très systématique de leurs effets personnels, papiers d’identité, carnets de santé… L’objectif est de réduire à l’impuissance le parent victime dans son rôle de protecteur. Il ne faut pas, d’ailleurs, sous-estimer l’importance des enfants aux yeux du parent manipulateur. Il a besoin d’eux comme victime de substitution dans certains cas, et dans d’autres, il les utilise pour perpétrer la « tradition », souvent familiale, de la perversion narcissique. En bon narcissique, il a besoin d’héritiers.

Les réponses à ce harcèlement 

Le harcèlement post-séparation d’un pervers narcissique ne laisse aucun répit à sa victime. Il s’exerce en premier lieu sur le terrain psychologique et peut se poursuivre ensuite sur le terrain institutionnel, lorsque le pervers poursuit sa vengeance devant les tribunaux et au travers des enfants. Il est éminemment difficile de faire face à ce type de situation pour les victimes, qui trop souvent se retrouvent isolées. Nous nous bornerons ici à évoquer quelques pistes. 

Respecter le no contact

Face au harcèlement, aux menaces et aux accusations en tous genres, le non contact est la seule réponse qui vaille. Le harcèlement du pervers par messages ou réseaux sociaux interposés ne vise qu’à restaurer son emprise sur sa victime. Le pervers narcissique l’affaiblit systématiquement en réactivant le doute et la culpabilité. Il faut donc à tout prix fuir ces échanges et oublier les règlements de compte. 

Il est recommandé de ne JAMAIS répondre aux messages de menaces, provocation ou d’intimidation que le pervers bombarde, mais seulement d’en conserver la trace pour la justice. A cet égard, il est possible de créer une adresse mail dédiée au pervers et de le bloquer sur les autres canaux de communication et désactiver les notifications et que l’on irait consulter de “temps en temps”.

L’absence de tous contacts met un écran entre le manipulateur et la sphère psychique et émotionnelle de sa victime. Lorsque la présence d’enfants rend cela impossible, froideur extrême et indifférence sont de mise, ainsi que des échanges réduits au strict minimum.  

Résister à la manipulation  

Les pervers narcissiques optent pour un scénario toujours identique : discréditer socialement le partenaire en la faisant passer pour folle (si c’est la mère) ou violent (si c’est le père). Il faut être, à ce moment-là extrêmement prudent et ne pas tomber dans leur piège, qui consiste à faire céder l’autre à la provocation. Toute protestation va venir, de fait, accréditer leurs thèses qui visent à faire passer leurs victimes pour des êtres agressifs, peu équilibrés et donc non fiables. Là encore, plus les victimes demeurent sous emprise, plus le pervers aura d’ascendant sur elles, et sur les autres. 

Pour sortir de cet enfer, une victime a tout intérêt à trouver un entourage qui sait rester objectif et qui ne se laisse pas impressionner par le mensonge et la manipulation. Ce type d’appui se trouve plus facilement, en général, dans la sphère amicale qu’au sein de la famille, souvent elle aussi sous emprise. Le plus important pour la victime étant de  pouvoir lutter avec la définition monstrueuse d’elle-même que le pervers lui renvoie par le jeu social de l’entourage ou des tribunaux, et de ne jamais céder à ses thèses délirantes. Thèses qu’il cherche à faire accréditer non seulement à tout le monde, mais surtout et toujours bien sûr, à la victime elle-même.  

S’entourer des bonnes personnes  

Pour affronter un harcèlement post-séparation, l’idéal pour la victime est d’être soutenue sur 2 plans essentiels: psychologique et judiciaire. Elle doit pour cela s’entourer des bons soutiens, soit de personnes qui connaissent la question et le contexte de la perversion narcissique.  

Bon nombre de psychologues sont encore trop peu avertis des ravages de la manipulation affective aujourd’hui et amplifient le malaise des victimes, faute de comprendre vraiment ce qu’elles vivent. S’adresser à un expert des relations d’emprise et de la manipulation psychologique est, dès le départ, le meilleur réflexe.  

Quant aux avocats, il existe aujourd’hui de plus en plus de spécialistes de ce type de dossiers, qui à notre époque, malheureusement se multiplient. Recourir à une défense spécialisée, qui va savoir démonter les rouages de la manipulation devant la loi est donc plus que conseillé. Il faut savoir, en effet, que même les meilleurs avocats sont désarmés par l’incroyable audace et la capacité de nuisance des manipulateurs devant les tribunaux.  

Pascal Couderc, psychologue clinicien et psychanalyste et son équipe de psychologues spécialisés sont compétents dans la prise en charge des victimes de manipulateurs. Pascal Couderc travaille sur ces questions depuis plus de 30 ans. Ils vous accompagnent et vous soutiennent où que vous soyez en France et même à l’étranger.

A lire aussi : le no contact, le SAP et comment aider les enfants

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