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MASQUE SOCIAL : normopathie, faux self et personnalité “as if”

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Ce qui garantit la pérennité des abus pervers, c’est leur aspect insoupçonnable de l’extérieur. Le manipulateur pervers narcissique, mais aussi sa victime, sont en effet capables de donner le change pour dissimuler l’atrocité de leur relation toxique. Ils ont pour cela recours à un masque social. Normopathie, faux self et personnalité “as if” sont autant de façons de se comporter qui permettent de faire bonne figure en société. Résultat, la maltraitance émotionnelle peut perdurer au nez et à la barbe de l’entourage, le laissant le plus souvent pantois lorsque le masque tombe enfin. Focus sur ces 3 comportements de façade en partie responsables de bien des souffrances psychologiques.

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1. Qu’est-ce qu’un masque social en psychologie ?

L’appartenance au groupe a, depuis les débuts de l’Humanité, un caractère vital. C’est pourquoi nous portons tous un masque social qui relève d’une stratégie d’acceptation au sein d’un système réunissant plusieurs individus. Si cela revêt une forme de manipulation ou du moins, de distorsion de la réalité, ce n’est pas pour autant de la perversion — en tout cas, pas pour une population non-PN.

La fonction de cette représentation de nous-mêmes que nous donnons à voir au monde est de s’accorder aux codes définissant le clan. Cela consiste à modifier plus ou moins fortement notre identité (personnalité, apparence, comportements) afin d’atténuer certains de nos traits considérés comme moins désirables, pour en accentuer d’autres qui augmenteraient nos chances d’inclusion.

À la manière d’une vitrine de magasin, ce qui est présenté en façade peut différer légèrement ou considérablement de ce qui se trouve à l’intérieur. Ainsi, un masque social peut être bénéfique dans de nombreuses situations, mais il devient problématique dès lors qu’il menace la cohésion psychique d’un sujet. Cela se produit lorsque l’utilisation de cette représentation est trop prolongée ou systématique, au point qu’il y a une perte de connexion avec son Moi authentique.

Les trois fonctions du masque social

Que l’on en ait conscience ou non, que cela soit fait intentionnellement ou non, le recours à ce qui n’est autre qu’un mécanisme de défense peut se faire dans des contextes spécifiques, comme au travail par exemple. L’image publique permet d’obtenir des avantages de 3 ordres :

  • La conformité sociale — en adoptant les normes de la société, on diminue le risque de rejet et de conflits
  • La protection — le masquage des émotions peut servir de barrière entre l’extérieur et une éventuelle vulnérabilité intérieure
  • L’atteinte d’objectifs précis — gagner la confiance ou obtenir des faveurs peut justifier de se montrer sous son meilleur jour, quitte à enjoliver la réalité interne

Les masques sociaux ne relèvent pas spécialement d’un courant de pensée, mais certains théoriciens en psychologie en ont conceptualisé différentes formes que nous allons aborder.

2. Normopathie, faux self et personnalité “as if” : comprendre les différences

Les normopathes, les faux self et les personnalités “as if” utilisent certaines manières de se comporter et de se présenter en société. Bien qu’ils partagent des similitudes, il est important de savoir les différencier. Notons toutefois qu’un même sujet peut employer n’importe lequel de ces masques sociaux, dans n’importe quelle circonstance.

La normopathie : l’excès de conformité

Ce néologisme vise à décrire les individus présentant une conformité excessive aux normes sociales établies, le plus souvent par peur du jugement. Ainsi, les normopathes n’hésitent pas à sacrifier leur identité, leurs désirs et leurs valeurs personnelles au profit d’une adhésion aux attentes supposées (et intériorisées) du groupe d’appartenance.

Afin d’être considéré comme “normal”, le normopathe affiche souvent une attitude rigide quant au respect des règles et évite tout comportement marginal, au risque d’entraîner une insatisfaction personnelle.

C’est un masque social assez typique des pervers narcissiques qui en font usage pour mieux se fondre dans la masse, du moins lorsqu’ils sont dans une démarche de séduction et de recueil des suffrages. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi le PN est souvent décrit comme un véritable “animal social” — parfaitement adapté en apparence, mais profondément dysfonctionnel en réalité. En effet, dès lors qu’ils laissent transparaître leur trouble de la personnalité narcissique, leurs agissements se font, au contraire, en dépit de toutes les lois, tant qu’ils servent leur intérêt purement personnel.

Le faux self : l’identité artificielle

On doit au psychanalyste anglais Donald Winnicott le concept de “faux self”, c’est-à-dire de Moi factice. Cette construction d’une identité sociale artificielle permet de répondre aux attentes d’autrui. À la différence du normopathe, dont la focalisation se place à l’échelle de la société, le faux self se préoccupe des relations interpersonnelles.

La composante du masquage des émotions y est donc primordiale. L’enjeu est de cacher tout aspect d’authenticité, afin de proposer une image maîtrisée de soi, censée protéger des menaces externes. Cela implique de dissimuler les véritables émotions et de présenter une façade cohérente avec ce qui est supposé attendu.

“Le faux self n’est pas un simple mensonge social. C’est une structure de survie psychique qui, chez le pervers narcissique, devient permanente — tandis que chez la victime, elle se construit comme une réponse adaptative à la tyrannie quotidienne.”

Le faux self chez les victimes d’emprise

Dans le cadre d’une dynamique relationnelle gravitant autour d’un pervers narcissique, les victimes sous son emprise se conforment à sa tyrannie. Il peut s’agir du conjoint, des subalternes au travail, mais surtout des enfants ou des beaux-enfants qui développeront un faux self susceptible de les poursuivre toute leur vie.

On comprend ainsi comment un enfant élevé par un parent manipulateur peut développer très tôt cette façade protectrice, au point de ne plus savoir qui il est vraiment une fois adulte.

Le faux self “caméléon” du pervers narcissique

Quant aux pervers narcissiques, leur faux self peut leur servir d’outil pour mieux s’adapter à différents contextes relationnels. Tels des acteurs professionnels, ils jonglent avec diverses personnalités pour convenir aux différents publics de leur existence, avec une aisance déconcertante.

Quelqu’un qui assisterait de loin à ces variations pourrait dire d’un faux self caméléon qu’il possède plusieurs personnalités. En réalité, il change juste de masque social comme de chaussettes — mais sa véritable identité peut se perdre en cours de route. C’est ce qui explique pourquoi les amis communs prennent souvent le parti du manipulateur : ils n’ont tout simplement jamais vu son vrai visage.

La personnalité “as if” : agir en contradiction avec soi-même

À un degré plus dissonant que le faux self, on trouve la personnalité “as if”, conceptualisée par le psychologue et psychiatre allemand Hans Vaihinger. Il s’agit d’agir selon un comportement en contradiction avec ses croyances. Cela relève d’une forme de déni, ou plutôt de dénégation, car le sujet peut reconnaître intellectuellement son intériorité et choisir malgré tout d’agir à l’encontre de celle-ci.

Celui qui use de ce type de masque social peut par exemple se comporter “comme si” il était joyeux, alors qu’il est triste. Il s’agit le plus souvent d’une stratégie d’adaptation pour faire face à des circonstances difficiles ou dans le but d’atteindre des objectifs personnels.

Toutefois, l’opposition entre le comportement manifesté et les véritables pensées et émotions ressenties peut mener à la dissonance cognitive. Les pervers narcissiques, tout comme leurs victimes, peuvent développer des traits de personnalité “as if”. Cependant, le PN aura plus facilement tendance à en maîtriser les inconvénients, tandis qu’une personne en proie à l’emprise se trouvera dans la souffrance psychologique.

En effet, elle peut tenter de préserver une certaine stabilité dans la relation ou de minimiser les abus en agissant comme si elle acceptait les fausses réalités qui lui sont imposées — c’est précisément ce que provoque le gaslighting — tout en les sachant pertinemment erronées. Cela relève alors de l’instinct de survie, mais qui doit servir de déclic pour quitter le manipulateur afin de ne pas causer davantage de détresse psychique.

3. Deux masques, deux fonctions radicalement différentes

Il est essentiel de distinguer le masque social du pervers narcissique de celui de sa victime, car s’ils peuvent sembler similaires en surface, leurs fonctions et leurs conséquences sont diamétralement opposées.

Le masque du pervers narcissique : un outil de prédation

Pour le manipulateur, le masque social est une arme offensive. Il lui permet de :

  • Séduire de nouvelles proies en présentant une image idéalisée de lui-même
  • Maintenir sa réputation sociale irréprochable
  • Isoler sa victime en la faisant passer pour “folle” ou “instable”
  • Échapper aux conséquences de ses actes

Le PN n’est jamais vraiment heureux derrière son masque, mais cette façade est devenue si intégrée à son fonctionnement qu’il ne sait plus vivre autrement. C’est une structure de survie psychique devenue permanente.

Le masque de la victime : une stratégie de survie

Pour la victime, le masque social est une protection défensive. Elle l’adopte pour :

  • Éviter les représailles du manipulateur
  • Maintenir une apparence de normalité face à l’entourage
  • Préserver un semblant d’équilibre psychique
  • Protéger ses enfants de l’escalade de violence

Contrairement au PN, la victime souffre profondément de cette dissociation entre ce qu’elle montre et ce qu’elle vit. Cette souffrance est d’ailleurs souvent le premier signal qui permet de différencier l’un de l’autre.

4. Les conséquences du port prolongé du masque

Le masque social, entre normopathie, faux self et personnalité “as if”, permet de se conformer aux attentes de l’extérieur. Celles-ci peuvent être de l’ordre des normes sociales ou des modes de relations interpersonnelles, soit en décalage avec notre vécu intérieur (émotions, pensées) soit en contradiction.

Il ne s’agit pas de troubles psychologiques, puisque ces façons de se présenter à autrui ont leur utilité. Toutefois, elles peuvent conduire à des problèmes :

  • D’adaptation sociale — difficulté à établir des relations authentiques
  • D’estime de soi — sentiment de n’être jamais vraiment soi-même
  • De cohésion psychique — confusion identitaire, dépersonnalisation
  • D’épuisement — maintenir un masque demande une énergie considérable

Retrouver son authenticité

Si vous pensez vous être déconnecté de votre intériorité en exposant une façade trop éloignée de la réalité, un travail thérapeutique saura vous accompagner vers un retour à plus d’authenticité et donc, plus de plénitude.

Ce chemin passe généralement par plusieurs étapes : la prise de conscience du masque, l’identification de sa fonction protectrice, le travail sur les blessures qui ont nécessité sa construction, et enfin la réappropriation progressive de son identité authentique.

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FAQ : Le masque social et la perversion narcissique

Comment le pervers narcissique maintient-il son masque si longtemps ?

Le PN a développé cette capacité depuis l’enfance comme mécanisme de survie psychique. Pour lui, le masque n’est pas un effort conscient mais un mode de fonctionnement automatique. Il ne ressent pas la dissonance que vivrait une personne saine dans cette situation. De plus, il tire une gratification narcissique de sa capacité à tromper son monde, ce qui renforce le comportement.

Pourquoi les victimes portent-elles aussi un masque ?

Le masque de la victime est une réponse adaptative à un environnement dangereux. Elle apprend très vite que montrer ses vraies émotions — tristesse, colère, peur — déclenche des représailles du manipulateur. Le masque devient alors une protection indispensable. Malheureusement, ce qui la protège à court terme l’éloigne de son identité authentique à long terme.

Comment distinguer le faux self du PN de celui de sa victime ?

La différence fondamentale réside dans la souffrance et l’intentionnalité. La victime souffre de porter ce masque et aspire à s’en libérer — elle sait qu’elle joue un rôle. Le PN, lui, est tellement identifié à son faux self qu’il ne perçoit même plus la différence. Son masque EST devenu son identité. De plus, le masque de la victime est défensif, celui du PN est offensif.

Peut-on aider un proche à retirer son masque ?

S’il s’agit d’une victime, oui — en lui offrant un espace sécurisant où elle peut être elle-même sans jugement. S’il s’agit d’un pervers narcissique, non — car son masque n’est pas un choix conscient qu’il pourrait abandonner, mais une structure psychique profondément ancrée. Tenter de “démasquer” un PN sans protection adéquate peut d’ailleurs se retourner violemment contre vous.

Vous avez l’impression de ne plus être vous-même ?

Si vous sentez que vous avez développé un masque pour survivre dans une relation toxique et que vous ne savez plus qui vous êtes vraiment, un accompagnement spécialisé peut vous aider à vous reconnecter à votre identité authentique.

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