PARANOÏA DU PN : Pourquoi le Manipulateur est-il Parano ?
Lorsque l’on connaît bien le personnage et ses agissements machiavéliques, la paranoïa du PN porte une dimension surréaliste. En effet, comment un être si malfaisant peut-il se sentir lui-même persécuté ? C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité ! Pour cet acteur hors pair qui base tout sur le paraître, les délires paranoïaques sont-ils surjoués ou sa terreur est-elle bien réelle ? Faisons le point.
Sommaire
Qu’est-ce que la paranoïa ?
La paranoïa porte dans son étymologie grecque la dimension d’irrationalité. Le mot constitué de –pará– (“à côté de”) et de –noús– (“l’esprit”) relève donc bien plus de la démence que du simple caractère méfiant, banalisé par l’usage courant de sa forme moderne, “parano”. Mais le pervers narcissique est-il atteint d’un réel trouble mental ? Entre paranoïaque pathologique et manipulateur sadique, quels sont les points de convergence et les différences majeures ?
Survenue de la tendance parano
Contrairement à un PN dont les bases de sa structure de personnalité perverse se posent dans la petite enfance, une personne à tendance paranoïaque sans perversité se révèle plutôt vers la fin de l’adolescence. Quant aux cas de psychose paranoïaque ou de troubles paranoïdes entrant dans le champ de la psychiatrie, on assiste à leur émergence plus tard, entre 30 et 60 ans, et surtout chez les hommes. Un déséquilibre de la dopamine dans le cerveau en confirme l’aspect pathologique.
Les paranos en société
La personnalité paranoïaque protège son monde intérieur de la menace extérieure. Elle attribue de façon irrationnelle des intentions et des désirs à autrui, ce qui lui confère de fait une existence propre en tant qu’individu. Qu’elle développe des délires de persécution ou non, elle a du mal à s’adapter socialement. À l’inverse, le manipulateur sadique voit les autres comme des objets dépourvus de volonté propre, tandis que son intériorité à lui est inexistante. Il excelle dans la vie sociale, tant que celle-ci reste superficielle, puisque c’est par la séduction qu’il piège ses victimes avant de révéler son caractère malveillant.
La défaillance du raisonnement
Paranoïaque et pervers narcissique partagent une incapacité à raisonner correctement. Le biais cognitif de confirmation et l’absence d’objectivité les amènent à se concentrer sur les indices qui renforcent leurs croyances préétablies et à écarter les éléments qui pourraient les contredire. Le jugement erroné qu’ils portent sur les gens ou les situations devient ainsi la vérité absolue. Ils y croient dur comme fer et n’auront de cesse de convaincre les autres de la validité de leur analyse.
Pourquoi le PN est-il parano ?
Les pervers narcissiques se créent un monde de toutes pièces qui tourne autour de leur nombril. C’est la seule manière qu’ils connaissent pour supporter le vide de leur existence. Cet équilibre est toutefois fragile et, partant de cette réalité, n’importe quel élément peut donc devenir menaçant.
Sa grandiosité autoproclamée le place au centre des convoitises
L’hypernarcissisme du PN le pousse à croire que tout le monde l’envie et convoite ses qualités et possessions. Cet égocentrisme est en réalité une suradaptation pour pallier son vide intérieur. Seuls les stimuli externes rassurent son ego dysfonctionnel. Ainsi, pour se sentir important, il a besoin d’exister dans le regard d’autrui. Pour ramener l’attention à lui, il peut aller jusqu’à provoquer lui-même l’animosité à son égard.
Son besoin maladif de tout contrôler l’épuise
Pour instaurer et maintenir tout son monde sous emprise, le manipulateur pervers déploie une énergie considérable. Tout contrôler demande des efforts constants et nécessite d’être sur le qui-vive. Cet état de tension permanent constitue un stress difficilement soutenable (ce qui explique les addictions fréquentes des PN). C’est pourquoi la moindre menace envers l’équilibre précaire de son règne tyrannique le terrifie. En fin stratège, il préfère anticiper les risques, quitte à en faire une obsession. Cela lui génère une forte angoisse, qui nourrit elle-même la paranoïa, dans un véritable cercle vicieux.
Il projette ses propres agissements sur les autres
Si les PN sont paranos, c’est surtout parce qu’ils savent de quoi ils sont capables. Lorsque l’on est soi-même néfaste pour autrui, on perçoit le monde comme hostile. Le manipulateur voit le mal partout parce qu’il fait le mal partout. C’est d’ailleurs pour cela que les prédateurs sentimentaux, avides de tromperies, sont toujours les plus jaloux en couple. L’amour et l’empathie sont des sentiments qui leur sont totalement étrangers.
Ses échecs successifs l’ont forgé
Parce que son histoire est un éternel recommencement dans lequel son entreprise est toujours anéantie, le manipulateur sentimental sait intrinsèquement qu’il est voué à l’échec. Qu’il parvienne à détruire sa proie ou que celle-ci lui échappe, il lui faudra forcément reprendre sa vie à zéro à chaque fois. Quelque part, sa peur des déconvenues n’est plus tellement de la paranoïa, c’est aussi l’expérience qui parle.
Le renversement des rôles en fait une victime
Pour semer la confusion dans l’esprit de sa proie, le PN adore user et abuser du renversement des rôles. Pour forcer l’autre à se remettre en question, quitte à se demander si ce n’est pas elle, la perverse, il n’a aucune honte à se poser en victime. L’avantage, c’est qu’en plus de détourner son attention du véritable problème, elle est également rongée par la culpabilité. Mais à jouer régulièrement les souffre-douleur, on finit par y croire.
Qui sème le vent récolte la tempête
À force de semer le chaos dans l’esprit de ceux qui lui ont donné de l’affection, le vampire sentimental, une fois démasqué, s’expose à leur courroux. En effet, même si c’est une option qu’il convient d’écarter, c’est humain de vouloir se venger de quelqu’un qui nous a causé tant de torts et de colère. En s’attaquant aux autres, le PN provoque une guerre. Il peut donc s’attendre à une contre-attaque, qu’elle survienne rapidement, de nombreuses années plus tard, voire qu’elle soit menée par la génération suivante dans le cas d’un couple avec enfants.
La paranoïa du PN est relativement facile à expliquer. En se plaçant systématiquement dans un schéma relationnel déséquilibré, le manipulateur pervers se fait de nombreux ennemis auprès de tous ceux qu’il a trompés et déçus. De plus, laissant ses intentions malveillantes le guider, il a l’impression que tout le monde fonctionne comme lui. Enfin, voir le mal partout lui permet surtout de remettre en question la loyauté de ses victimes qui doivent donc redoubler d’efforts pour lui donner satisfaction. Persuadé que la terre entière lui doit allégeance, il perd toute faculté de raison dès que cette croyance est ébranlée. Mais au fond, croit-il vraiment lui-même à ses scénarios catastrophes ? Le débat reste ouvert…