PERVERS NARCISSIQUE : un animal social

1. La personnalité perverse et son emprise sur l’autre

Une personnalité perverse présentant une structure de personnalité qu’est la perversion narcissique, porte en elle une soif narcissique insatiable. Elle cherche en permanence à la combler. Elle se repaît de tout ce qui peut étayer l’image grandiose dont elle a besoin pour se soutenir.

La quête permanente de pouvoir

Cette quête permanente de narcissisme amène le pervers narcissique à articuler sa vie autour d’une recherche : celle du pouvoir. On ne s’étonne guère donc que l’argent, le sexe, mais aussi l’emprise sur les autres soient fondamentaux pour lui.

Les positions sociales privilégiées

Est-ce pour cela que l’on rencontre les pervers narcissiques dans les professions qui leur permettent d’exercer leur pouvoir sur autrui ? Certainement, car ils affectionnent particulièrement :

• Les postes de commandement — où ils peuvent dominer leurs subordonnés (patron pervers narcissique)
• Les positions d’aidants — qui leur permettent d’exercer une emprise sous couvert de bienveillance
• Les professions où l’on porte l’uniforme — symbole de pouvoir et d’autorité
• Les milieux associatifs ou politiques — terrains propices à la construction d’une image sociale valorisante

Une personnalité perverse aime porter l’uniforme, non pour œuvrer au bien commun, mais pour assouvir ses pulsions de pouvoir. Elle cherche ainsi le regard des autres et la notoriété dans tous les champs sociaux. Le monde du travail offre d’ailleurs un terrain particulièrement favorable à l’expression de ces tendances.

2. Le jeu de masques : pourquoi personne ne voit rien

Or, il est curieux de constater que les dérèglements de leur personnalité passent à peu près inaperçus. Pourquoi ? La réponse tient dans leur extraordinaire capacité à porter un masque social.

L’alternance vice et vertu

Une personnalité perverse narcissique possède un trait de caractère singulier : elle alterne un jeu de masques. Celui-ci la fait osciller entre le vice et la vertu, avec une aisance sociale remarquable :

• En public : il ou elle s’érige en défenseur de la veuve et de l’orphelin, affichant empathie et générosité
• En coulisse : il ou elle révèle sa cruauté ou son tempérament d’escroc, déversant sa toxicité sur ses victimes

L’impasse de la victime

C’est de là qu’il faut comprendre l’impasse dans laquelle se retrouve la victime. Elle seule connaît la part d’ombre du personnage, mais la puissance de manipulation de son bourreau la maintient dans le silence.

On touche là l’un des traits de la personnalité perverse qui fascine le psychanalyste comme le commun des mortels : sa remarquable plasticité psychique. Gare à celui ou celle qui tombe dans les filets de ce redoutable piège, sous couvert de relation amoureuse…

Ces victimes sont dans l’impuissance de confondre socialement leur bourreau. Elles s’en retrouvent déstabilisées sur le plan de leurs valeurs et de leur estime de soi. Et lorsqu’elles tentent de se confier, elles se heurtent souvent à l’incompréhension — voire pire, à l’incrédulité de leur entourage.

“Le pervers narcissique excelle dans l’art de la façade. Il déploie des trésors d’énergie pour construire une image publique irréprochable — précisément parce que c’est entre quatre murs qu’il révèle sa véritable nature.”

3. Mais que fait l’entourage ?

Face aux redoutables talents du manipulateur, on comprend déjà mieux l’impuissance des amis ou de la famille des victimes. Le manipulateur pervers, ou la manipulatrice, leur réserve d’ailleurs 2 traitements bien distincts : la séduction ou la mise à l’écart.

Il s’agit en fait d’une véritable tactique, car les autres n’ont guère d’importance à ses yeux. Le but poursuivi est ailleurs : il s’agit de l’isolement physique et psychique des victimes.

La séduction de la famille

L’entourage qui sera séduit sera en premier lieu la famille. Pourquoi ce choix ? Parce qu’il est avant tout stratégique. C’est avec sa famille que la victime entretient les liens les plus forts. Par conséquent, c’est auprès d’elle qu’elle sera encline à trouver « les premiers secours ».

Cela, une personnalité perverse le redoute, raison pour laquelle elle s’attachera à détruire cet attachement. Pensez qu’elle sera toujours prête à dresser un portrait dévastateur de la victime. Elle insinue, elle suggère, elle fait des allusions — toujours avec ce sourire charmant qui la caractérise en société.

La mise à l’écart des amis

Pour ce qui est des amis, une personnalité perverse procède le plus souvent à leur éviction au cas par cas, en fonction du degré de « dangerosité » qu’ils représentent pour elle.

Elle exclut en priorité tous ceux susceptibles d’ouvrir les yeux de sa victime. Cette sélection se fait de façon progressive et insidieuse : une remarque négative par-ci, une indisponibilité le jour d’une invitation par-là, jusqu’à ce que le cercle social se réduise comme peau de chagrin.

Le résultat ? Les amis communs finissent souvent par prendre parti pour le pervers narcissique, laissant la victime encore plus isolée.

4. La famille instrumentalisée

Avec la famille de la victime, une personnalité perverse narcissique fait preuve d’une habileté particulière. Elle utilise les parents, les frères et sœurs comme des alliés involontaires de sa stratégie d’emprise.

Le charme déployé envers les beaux-parents

Dans les premiers temps de la relation, le pervers narcissique se montre particulièrement séduisant avec la belle-famille. Il est attentionné, serviable, charmant. Il sait exactement ce qu’il faut dire pour plaire. Les parents de la victime sont conquis : « Tu as trouvé quelqu’un de bien ! »

Cette première impression est volontairement construite pour servir plus tard de bouclier. Quand la victime commencera à évoquer ses difficultés, ses propres parents auront du mal à la croire : « Mais il est tellement gentil avec nous ! »

Les confidences empoisonnées

Une personnalité perverse n’hésite pas à se confier à la famille de sa victime — en prenant soin de déformer la réalité. Elle se présente comme la personne raisonnable, celle qui « fait tout pour que ça marche », tandis que sa victime est décrite comme instable, excessive, voire « difficile à vivre ».

Ces confidences empoisonnées créent un terrain propice à l’inversion accusatoire : la victime devient le problème aux yeux de sa propre famille.

5. Comment briser ce cercle vicieux ?

Face à cette mécanique bien huilée, la victime n’est pas totalement démunie. Plusieurs stratégies peuvent l’aider à reprendre le contrôle de la situation.

Documenter les faits

Tenir un journal des incidents, conserver les messages, noter les dates et les témoins potentiels. Ces éléments seront précieux si un jour il faut prouver la violence psychologique devant une instance juridique ou simplement convaincre son entourage.

Informer sans accuser

Plutôt que d’accuser frontalement le manipulateur (ce qui risque de braquer l’entourage), la victime peut partager des articles, des témoignages, des ressources qui décrivent les mécanismes de l’emprise. L’information fait son chemin plus efficacement que l’accusation directe.

Se faire accompagner

Un professionnel spécialisé dans les relations toxiques peut aider la victime à valider son vécu, à élaborer une stratégie de sortie et à reconstruire progressivement son estime de soi. Cette aide extérieure est souvent indispensable quand l’entourage proche est sous l’emprise du manipulateur.

FAQ : Le pervers narcissique en société