Inversion accusatoire et PN : Inculper la victime par manipulation

Inversion accusatoire et PN forment une combinaison parfaite pour parachever le renversement des rôles si cher aux vampires sentimentaux. En effet, pour réussir à se faire passer pour une victime, il est toujours très utile de fournir un coupable. Et quoi de plus excitant pour une personnalité sadique que de voir sa proie accablée par tous et être de surcroît présentée à sa place sur le banc des accusés ? Comment s’opère ce procédé dans lequel la dénonciation émane des bourreaux, tandis que la charge de la preuve incombe aux victimes ? Apprenons à identifier le fonctionnement de l’inversion accusatoire, ainsi que ses effets manipulatoires, notamment sur l’opinion du public.

Qu’est-ce que l’inversion accusatoire ?

 

L’inversion accusatoire et le PN fonctionnent bien ensemble, car ils s’inscrivent tous les deux dans une stratégie manipulatoire d’attaque-défense. Toutefois, ce procédé emprunté au domaine du droit ne leur est pas exclusif.

Le mécanisme d’inversion de l’accusation

À la fois rhétorique et psychologique, ce mécanisme fallacieux vise à déplacer la responsabilité d’actes répréhensibles depuis le véritable coupable vers une tierce personne. En clair, il s’agit d’accuser autrui pour les impairs commis par l’accusateur. Ainsi, en désignant un bouc émissaire, le stratagème de diversion offre une occasion de détourner l’attention de l’objet problématique. L’inversion accusatoire est particulièrement courante dans les procès et en politique, dans les controverses idéologiques, mais également dans les sphères à plus petite échelle telles que le travail, la famille et bien sûr, le couple. 

Le but de renverser les rôles entre contrevenant et victime

Ceux qui ont recours à l’inversion accusatoire l’utilisent pour différents motifs :

  • éviter d’être soupçonnés ;
  • se disculper de leurs agissements condamnables ;
  • obtenir ou conserver le pouvoir ;
  • protéger leurs acquis et privilèges ;
  • justifier des discriminations.

 

L’inversion accusatoire pourra tout à fait être accompagnée de mensonges ou de transformations de la vérité. Le tout est d’être vraisemblable, plutôt que vrai.

Pourquoi l’inversion accusatoire et le PN sont-ils associés ?

Avec un pervers narcissique ou tout autre malfrat fuyant ses responsabilités, l’accusation fallacieuse d’autrui pour ses propres méfaits offre 3 avantages : 

  1. Diaboliser la victime. Il s’agit de faire un portrait détestable de la personne à sacrifier. L’enjeu est de la faire passer pour le coupable idéal, celui qui n’engendre aucune empathie, qui ne doit évoquer que haine et rejet. Ainsi, le jeter en pâture ne sera que justice et une fois l’affaire classée, le véritable malfrat pourra se faire oublier en toute quiétude, voire en recueillant la sympathie générale, grâce à son statut volé de victime. Dans le cas d’abus émotionnels prolongés, il est courant de voir la personne accablée renoncer à se battre et se laisser accuser pour des faits qu’elle n’a pas commis, sans même avoir la force de les nier.
  2. Gagner les faveurs de l’opinion publique. Redorer l’image du véritable malfaiteur en opposition à sa victime diabolisée est une autre retombée intéressante de l’inversion accusatoire pour un manipulateur pervers. Il n’hésitera pas à en rajouter des tonnes pour que tout le monde croie à son personnage lésé et accablé par les événements, alors qu’il les a lui-même provoqués. Pour que l’histoire compte un méchant, il faut bien qu’il y ait un gentil, après tout.
  3. Justifier ses mauvais agissements. Le procédé d’inverser l’accusation est une arme redoutable pour entretenir les préjugés et stéréotypes. Il semble donner une explication socialement acceptable aux discriminations, par exemple, les renforçant par la même occasion. Ainsi, il permet des raccourcis dangereux reliant notamment des châtiments à la notion de “mérite”. C’est ce qui s’opère lorsque l’on explique un viol parce que la victime avait trop bu ou qu’elle portait une jupe courte.

En définitive, pour un personnage machiavélique tel que le PN, l’inversion accusatoire ne comporte que des bénéfices : détruire la victime, l’isoler de toute forme de soutien et renforcer la position de son bourreau aux yeux du monde.

Exemples d’inversion d’accusation par le pervers narcissique

Les inversions accusatoires s’opèrent à tous les niveaux de gravité pour un manipulateur émotionnel, même (et surtout) dans les situations les plus banales. Il pourra par exemple ignorer sa compagne des heures durant et, lorsqu’elle cherchera à connaitre la cause de cette indifférence, il dira que c’est elle qui s’est comportée comme s’il était insignifiant. Elle se trouvera donc dans la position de se sentir fautive et de se justifier, voire de s’excuser.

Dans le cas de violence physique, il n’hésitera pas à expliquer que c’est parce qu’il a été poussé à bout qu’il n’a eu d’autre choix que de frapper. Ainsi, il insinuera que ça ne serait jamais arrivé si sa victime ne l’avait pas cherché.

Concernant les conflits autour des enfants, il n’éprouvera aucun scrupule à leur dire que s’ils sont privés de leur mère, c’est parce qu’elle a porté préjudice à la famille en les abandonnant, par exemple. Quoi qu’il arrive, quel que soit le motif de la discorde, il n’y aura donc jamais qu’une personne à blâmer : la proie du PN.

Concepts proches à distinguer

L‘inversion accusatoire est une notion assez proche d’autres concepts à la fois du domaine psychologique et juridique qu’il nous semble important de distinguer.

La projection n’est pas l’inversion accusatoire

En psychologie, la projection consiste en un mécanisme de défense visant à réduire les tensions internes. Dans le cas du PN, il projette sur sa victime ses propres pensées, sentiments ou traits indésirables. Ce qu’il ne peut admettre chez lui, il l’attribue à autrui. Typiquement, il pensera sa femme adultère alors que lui-même a des pulsions d’infidélité, par exemple (ce qui alimente sa paranoïa). Ce qui se joue dans ce mouvement psychique est de l’ordre de l’inconscient. Le PN l’utilise sans y penser, sans même s’en rendre compte, dans une sorte de schéma réflexe qui, pour une fois avec ce personnage machiavélique, n’a pas de visée tactique. Au contraire, l’inversion accusatoire est active, verbalisée et, par définition, s’opère à niveau conscient, d’autant plus qu’il s’agit d’un stratagème.

L’inversion de la charge de la preuve

Dans le domaine du droit, l’inversion de la charge de la preuve est synonyme de l’inversion accusatoire, car cela a du sens dans le contexte d’une mise en examen. En principe, et pour éviter toute accusation fallacieuse, la charge de la preuve incombe à celui qui affirme quelque chose. Il doit donc prendre le soin de corroborer ses dires par des éléments tangibles afin d’être pris au sérieux. Dans le cas d’une inversion, c’est à l’adversaire de prouver que son détracteur ment. Il s’opère alors un sophisme sous la forme d’un appel à l’ignorance, principe bien connu en philosophie. Par ce raisonnement faussement logique, on considère comme vrai tout ce qui n’a pas été démontré comme étant faux. Ces principes s’appliquent aussi aux sciences.

Sur le plan psychologique, nous préférons prendre le parti de conserver une nuance entre inversion accusatoire et inversion de la charge de la preuve. En effet, les victimes de manipulateurs sentimentaux, à force de gaslighting, ont tendance à s’autodévaloriser. Ainsi, elles ne présenteront pas la même combativité qu’une personne accusée à tort qui se défend de porter le chapeau pour quelque chose qu’elle n’a pas commis. Pour une personne manipulée depuis longtemps sur le plan émotionnel, un long chemin de reconstruction est nécessaire avant de retrouver l’énergie pour se battre pour prouver son innocence.

L’inversion accusatoire et le PN discréditent autrui sans s’embarrasser d’une quelconque argumentation. Ce qui s’apparente à une technique inquisitoriale simple et efficace compte à la fois sur l’absence d’énergie combative de l’opposant, mais aussi sur son ignorance du phénomène manipulatoire. Une fois de plus, c’est l’éducation à ces procédés qui permet de les détecter et de s’en protéger. Continuez de vous informer sur nos différents canaux de diffusion comme le blog, la chaîne YouTube et les plateformes de podcasts, et n’hésitez pas à solliciter l’aide de psychologues spécialistes de la manipulation émotionnelle si le besoin se fait sentir.

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