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Séquelles post pervers narcissique : quels dégâts sur la victime d’emprise

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

Certaines séquelles post PN sont évidentes et d’autres, beaucoup moins. Les dégâts causés sur les proies de manipulateurs sentimentaux peuvent-être si discrets qu’ils sont parfois difficiles à relier au vécu traumatique d’une relation d’emprise.

Entre l’épuisement nerveux et physique, accompagné d’un décervelage conséquent, il est difficile de se reconstruire pour la victime de domination perverse.

Ceci est d’autant plus vrai qu’elle a rarement conscience de l’étendue des dommages sur sa santé mentale et physique de cette expérience, et qui subsistent parfois à vie.

Pourtant, il existe des solutions pour en amoindrir les traces et accéder à un mieux-être.

Tentons d’établir une liste des séquelles possibles héritées de la relation d’emprise, et surtout, des moyens pour y remédier.

Pourquoi l’éloignement du pervers narcissique ne suffit pas à effacer les traces de ses maltraitances ?

Les séquelles post PN perdurent, même après la rupture. C’est une constante dont il faut avoir conscience, car en étant attentif à tout ce malheureux héritage, on pourra agir dessus.

Il est évident que la première mesure protectrice est de s’éloigner de l’influence néfaste du vampire émotionnel en réduisant le contact à néant.

Si cette option n’est pas possible à mettre en place à cause d’enfants en commun ou de lieux partagés comme le travail, par exemple, il est nécessaire de restreindre la communication au strict minimum.

Une fois que ses actions directes envers vous ou par le biais de complices sont plus ou moins jugulées, ne criez pas victoire trop vite.

Tourner la page, repartir à zéro est rarement une mince affaire dans les cas d’abus émotionnels prolongés.

En effet, le stress permanent et les effractions psychiques persistantes qui vous ont été infligés ont certainement modifié votre fonctionnement, autant à niveau neurobiologique que comportemental.

À force de vous suradapter à la domination (ce qui est évidemment un réflexe de survie), vous êtes en quelque sorte devenue une autre personne, plus ou moins façonnée par votre bourreau.

Heureusement, ce qui a été fait peut être défait, et ça commence par une prise de conscience.

Passez en revue tout ce qui définirait votre situation actuelle :

  • relations sociales (travail, amis) ;
  • liens familiaux ;
  • comportements (avec soi, avec les autres) ;
  • image de soi ;
  • façon de penser (jugement, raisonnement, mémoire) ;
  • hygiène de vie (alimentation, sommeil, soin de soi) ;
  • finances ;
  • humeur générale et vie émotionnelle ;
  • santé physique ;

Pour chaque sphère, il est important de se demander si des stigmates ont été laissés par l’individu présentant un trouble de la personnalité narcissique.

Cela consiste par exemple à faire une comparaison entre avant et après son irruption dans votre vie. Si les souvenirs sont trop lointains et flous, on peut alors chercher à savoir si l’on aurait fait les mêmes choix sans son avis.

Faire cet effort de reconnexion à ses propres aspirations aide à nettoyer la pollution que le stratège machiavélique a engendrée dans votre esprit.

Quelles séquelles post-PN trouve-t-on chez les victimes ?

Passons en revue les diverses traces que le corps et la psyché ont pu conserver de votre expérience de la domination perverse. Nous les regroupons en 5 catégories.

Les séquelles physiques

Il y a les stigmates laissés par votre PN sur votre corps qui proviennent de l’extérieur et ceux qui sont apparus de l’intérieur :

  • Les atteintes physiques de l’extérieur : s’il a usé de violence physique, il y a probablement des bleus, des cicatrices, des traumatismes et des blessures qui n’ont pas été entièrement guéries comme les entorses ou les fractures.
  • Les atteintes organiques de l’intérieur :
  • Dysfonctionnements musculosquelettiques : le stress peut engendrer par exemple une inversion de courbure à niveau cervical. Les trapèzes en tension permanente finissent par tirer vos cervicales vers l’arrière, soit à l’encontre de leur courbe naturelle, causant des raideurs, des torticolis et des céphalées.
  • La fibromyalgie, probablement induite par un dérèglement du système nerveux central sans cesse agressé.
  • La psychosomatisation, qui peut engendrer des troubles allant jusqu’à la pathologie. On peut citer des dérèglements à niveau gastrique, dermatologique, musculosquelettique, cardiorespiratoire, circulatoire, hormonal, immunitaire ou du sommeil.

Toutes ces altérations de la santé peuvent effectivement émaner de la maltraitance du MPN.

Dans ces cas-là, une approche pluridisciplinaire sera de mise avec d’une part, un médecin pour soulager les difficultés d’ordre organique, et d’autre part, un psychothérapeute pour celles d’ordre psychique.

Les séquelles socioéconomiques

Parmi les traces les plus visibles de la relation toxique, il y a bien évidemment l’aggravation de la situation socioéconomique. En général, les victimes de manipulation sentimentale ont perdu :

  • leur cercle social et familial : isolement des amis, collègues et parfois même de la famille ;
  • leur stabilité financière : elles ont quitté leur travail, financé des projets à la demande du PN ou lui ont prêté de l’argent qui n’a jamais été remboursé.

Rappelons que l’isolement et les violences économiques conjugales sont typiques de la mise sous emprise et qu’il y a peu de chances que vous ne les ayez pas subies, même si vous pensez avoir fait vos choix pleinement et consciemment.

Les séquelles émotionnelles 

L’angoisse, la haine, la tristesse, l’amertume, le doute perpétuel et, par-dessus tout : la culpabilité… voilà le florilège de sentiments que vous a laissé en héritage le manipulateur sadique.

Si vous avez l’impression que vous ne vous en sortirez jamais, que vous méritez votre sort, que le bonheur ne frappera plus jamais à votre porte, c’est avant tout parce que votre rappel à la réalité sur la nature toxique de votre conjoint a été brutal.

Rassurez-vous : avec quelques outils psychothérapiques de régulation émotionnelle, on parvient assez facilement à une stabilisation des affects.

Parfois, des traitements médicamenteux sont nécessaires, mais en dissipant le flot d’émotions, on peut atteindre rapidement un mieux-être. Ces solutions seront ensuite propices à un travail introspectif qui vous mènera à un bien meilleur épanouissement.

Chaque chose en son temps et n’oubliez pas que c’est par les émotions que la manipulation s’est opérée. Ne les laissez pas vous gouverner.

La méditation, la cohérence cardiaque, l’hypnose ou les compléments alimentaires peuvent vous soutenir dans cette recherche de retour au calme intérieur.

Les séquelles comportementales

Nous en arrivons maintenant aux séquelles moins évidentes à détecter. Ce sont celles pour lesquelles on ne saurait dire si elles s’inscrivent dans le cours normal du développement de l’individu ou si elles relèvent d’une altération accidentelle de son fonctionnement cognitif.

À quel point vos comportements sont-ils régis par des processus inconscients ?

Par exemple, les victimes de manipulation ont tendance à intérioriser les attitudes passives agressives dont elles ont été la cible. Ainsi, elles ont intégré ce mode de communication comme si c’était une norme à appliquer elles-mêmes dans leur dynamique relationnelle.

Il n’est donc pas rare de les voir malgré elles manipuler à leur tour, devenir un parent toxique ou saboter leur nouvelle relation amoureuse. Nettoyer ses schémas de pensée et d’action après avoir été conditionné par des rapports de domination n’est pas chose aisée.

C’est là que l’alliance thérapeutique avec un spécialiste des techniques manipulatoires prendra tout son sens.

Les séquelles sur l’estime de soi

Pour entretenir la toxicité du manipulateur, il n’y a rien de plus puissant que l’autodévalorisation. Sans se débarrasser de ce poison, il sera difficile de vous épanouir pleinement.

Parfois, la mauvaise image de soi que l’on a construite relève du syndrome de stress post-narcissique, mais parfois, elle remonte à une période antérieure.

Ces modes de fonctionnement autodestructeurs se retrouvent par exemple chez les personnes habituée à jouer les infirmières ou éprouvant le besoin de se justifier constamment. Au fond, elles soufrent d’un hyponarcissisme et la manipulation perverse n’a fait qu’amplifier la tendance à chercher l’approbation d’autrui, quitte à en oublier de s’aimer soi-même.

Pour enrayer ce phénomène, il est urgent d’opérer un réaménagement de ses priorités. Les lignes directrices doivent être basées sur le soin de soi, l’assertivité et le soutien social de qualité.

Les séquelles post PN servent de fil conducteur pour que l’emprise continue de vous empêcher de vivre comme vous l’entendez.

Vous débarrasser du manipulateur machiavélique ne suffit pas à effacer les dommages qu’il a causés. En effet, ceux-ci sont nombreux, s’immiscent dans toutes les sphères de votre vie et peuvent agir à bas bruit.

Même s’il est impossible de les éradiquer complètement, on peut apprendre à faire taire suffisamment ces dégâts pour qu’ils ne soient plus un frein au bonheur, mais qu’il en reste une importante leçon de vie à ne surtout pas reproduire.