11 PHRASES À NE JAMAIS DIRE À UNE VICTIME DE PN

Lorsque l’on cherche à soutenir et conseiller une personne qui a souffert psychologiquement, on veut faire de son mieux pour entretenir la relation de proximité. Ainsi, pour rester engagé dans l’échange de confidences, on peut rapidement tomber dans des phrases toutes faites, des lieux communs non réfléchis qui, finalement, peuvent s’avérer blessants sans le vouloir. Voici donc les 11 phrases à ne jamais dire à une victime de PN si vous souhaitez réellement la réconforter.

1.   “Pas toi ! Ça n’a pas pu t’arriver !”

Parmi les phrases à proscrire lorsque l’on s’adresse à la victime d’un pervers narcissique qui vous raconte son expérience, le fameux “Pas toi !” arrive sur le podium. Il est en général complété par “tu es si intelligente, si forte”. Outre le fait de marquer une certaine incrédulité culpabilisante de votre part, cette affirmation sous-entend qu’il existe un profil type de proie facile. Il est vrai que certains traits rassemblent effectivement certaines femmes ayant subi la manipulation sentimentale tels que la dépendance affective, le syndrome de l’infirmière, une empathie débordante, la générosité et l’indépendance financière. Il ne faut pas pour autant se montrer réducteur. Plus un MPN est malin, plus il aura plaisir à s’attaquer à des cibles représentant un défi. Ainsi, une femme bien dans sa vie, sa famille et son cercle professionnel et social sera particulièrement excitante pour un sadique. Personne n’est à l’abri du machiavélisme de certains. Affirmer que ça ne vous serait jamais arrivé à vous, par exemple, est extrêmement présomptueux et dangereux.

2.   “Pourquoi n’as-tu rien dit plus tôt ?”

Parvenir à parler ouvertement du fait d’avoir été manipulée par son conjoint ou un patron PN nécessite un cheminement jalonné de plusieurs étapes. Il y a d’abord le doute, puis la prise de conscience, suivis de la mise en action pour atteindre enfin la libération. Et encore, cela ne constitue que la première phase, celle de l’émancipation. Il y en a ensuite d’autres telles que le deuil, la reconstruction, etc. Bref, qu’est-ce que cette question pourrait bien apporter, à part ajouter à la culpabilité de la victime ? L’essentiel est qu’elle se sente suffisamment en confiance pour en parler. Il ne sert à rien de refaire le match.

3.   “La perversion narcissique, on en entend parler partout. Ce ne serait pas un effet de mode ?”

Depuis que des chercheurs de buzz ont semé le doute dans l’esprit de l’opinion publique en affirmant que la perversion narcissique n’existe pas, les victimes se voient de plus en plus déconsidérées, ce qui représente une double peine pour elles. Il faut savoir que la polémique ne porte que sur la terminologie. En aucun cas n’a été remis en cause le phénomène de manipulation sentimentale et ses effets destructeurs, parfois jusqu’au suicide forcé. Ne minimisez pas les dégâts psychologiques causés chez votre interlocutrice juste sur la base d’on-dit vaguement évoqués sur un plateau télé ou à la radio.

4.   “As-tu essayé d’arranger les choses, de lui parler ?”

Un pervers narcissique ne négocie pas, n’assume pas, ne guérit pas, ne consulte pas de psy (en tout cas pas sérieusement) et ne se remet jamais en question. C’est un malade incurable qui s’ignore. Lui parler ne sert strictement à rien. Ce serait un être humain ordinaire, ce conseil serait peut-être judicieux. Mais lorsque l’on a affaire à un prédateur dangereux, la seule solution est la fuite. Faire porter la responsabilité de chercher à arranger les choses à la victime d’un vampire émotionnel, c’est la pousser à retomber entre ses griffes. En outre, c’est précisément parce qu’elle pensait sincèrement prétendre à un avenir meilleur qu’elle est restée si longtemps sous emprise. Si elle est partie, c’est qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire pour sauver son intégrité psychique et physique. Ne la faites pas douter de sa décision, car elle a certainement été très difficile à prendre et à mettre en œuvre.

5.   “Vous formiez un si beau couple, vous aviez l’air si amoureux”

Ne remuez pas le couteau dans la plaie en évoquant des souvenirs douloureux. Faire le deuil des bons moments passés avec un PN est l’une des phases les plus difficiles pour sortir de l’emprise toxique. De plus, si le manipulateur vous a paru amoureux, c’était une mascarade. Il a choisi de vous présenter ce spectacle dans le seul but de gagner la sympathie de l’entourage de sa victime. Cela lui a permis de la maltraiter en toute impunité. Et comme la réalité de ce qui se passait en huis clos était insupportable, votre interlocutrice a participé elle-même à cette mise en scène du couple ou de la famille parfaite. Somme toute, vous vous êtes fait berner, vous aussi.

6.   “Il me faudrait aussi sa version de l’histoire pour me faire un avis”

Il est de notoriété publique que les querelles de couple ne sont jamais le fait d’une seule personne. Ainsi, il est toujours délicat pour les amis des conjoints de prendre parti. Mais là encore, le MPN constitue une exception dans le déroulement normal des rapports interpersonnels. Si vous cherchez à entendre la version des faits d’un narcissique pathologique, vous allez vous faire rouler dans la farine à coup sûr. Vous avez affaire à un maître de l’illusion, à un orateur hors pair doué d’une intelligence sadique. Son esprit est trop tordu pour que vous puissiez mesurer votre raisonnement au sien. Ce n’est pas que vous êtes bête, c’est juste que vous êtes trop honnête pour ne pas tomber dans le panneau de son jeu d’acteur peaufiné depuis la plus tendre enfance. SI vous annoncez à votre confidente que vous allez parler avec son bourreau, vous allez provoquer chez elle un stress intense. D’une part, elle sait qu’il vous retournera le cerveau, et d’autre part, elle redoute que vous lui donniez sans le vouloir des informations à utiliser contre elle. Par conséquent, elle ne pourra plus se livrer à vous et perdra certainement un soutien important.

7.   “T’exagères pas un peu ? J’ai du mal à le reconnaître dans ce que tu décris. Il est si charmant d’habitude !”

Si vous connaissez le conjoint PN de votre interlocutrice, vous l’appréciez sûrement. Il a eu maintes occasions de vous sortir son numéro de charme. Son charisme, son humour, sa vivacité d’esprit vous a certainement subjugués. Eh bien au lieu de douter du portrait monstrueux que vous fait la personne qui l’a côtoyé au plus près, essayez plutôt de trouver les preuves qui corroborent ses dires. À bien y réfléchir, n’avait-il pas l’air un peu trop lisse et parfait ? Le langage corporel du PN ne provoquait-il pas des sentiments dissonants chez vous ? Attention à l’effet poudre aux yeux visant à masquer une vérité qui se trouve juste sous votre nez. C’est terrible à admettre, mais ça marche bien trop souvent !

8.   “Si c’était un tel enfer, tu n’avais qu’à partir !”

Dans le top des phrases à ne jamais dire à une victime de PN, celle-ci arrive probablement en tête. Évidemment, on devrait toujours remédier à une situation qui ne nous convient pas. Évidemment, il vaut mieux être seul que mal accompagné. Dans le cadre de la manipulation sentimentale, c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Être en proie à l’emprise, c’est être intimement convaincu que l’on mérite un tel sort et que chercher à s’en échapper serait obligatoirement pire. Il se passe des choses à niveau neurologique qui dépassent la seule volonté. Un stress chronique installé depuis plusieurs années ne pourra pas être réglé du jour au lendemain. Votre amie est en voie de guérison, mais le chemin sera encore long et difficile. Prenez simplement en compte qu’elle a fait preuve d’un courage immense en vous parlant et que ses ressources psychiques sont proches de l’épuisement. La blâmer pour ce qu’elle a fait ou pas fait ne sert plus à rien.

9. “Un de perdu, dix de retrouvés”

La grande gagnante des phrases contre-productives pour réconforter une proie de PN, c’est le fameux lieu commun “1 de perdu, 10 de retrouvés” ou toute autre référence à la mer et aux poissons. Une personne qui sort de l’emprise sentimentale n’est absolument pas en mesure de se projeter dans une nouvelle histoire d’amour. Tout d’abord, elle est bien souvent en état de stress post-traumatique et cela nécessite une prise en charge thérapeutique. Ensuite, il est très hasardeux de suggérer à une victime de relation toxique qu’elle ira mieux si elle trouve un partenaire de remplacement. Elle doit s’occuper de sa santé mentale avant toute chose. Enfin, les liens de domination reposent grandement sur la culpabilité et la honte. Se trouver dans les bras d’un autre homme trop vite pourrait engendrer davantage d’anxiété et mener à une nouvelle déconvenue. De plus, la dimension addictive d’une relation de soumission doit passer par une sorte de phase de sevrage. Le PN envahit les pensées et les capacités de jugement de sa proie. Elle mettra probablement longtemps avant d’éliminer les traces des nombreuses effractions psychiques subies.

10. “Je te l’avais dit qu’il n’était pas bien pour toi”

Dans le genre “à quoi bon réécrire l’histoire ?”, quelle est l’utilité de dire à quelqu’un “je te l’avais dit” ? Cherchez-vous à regonfler votre ego ? Est là la priorité ? Si vous aviez vraiment prévenu votre amie du caractère délétère de cette relation, rassurez-vous : elle le sait très bien. Elle s’en veut sans doute d’ailleurs et espère même secrètement que vous ne sortirez pas cette phrase fatidique et terriblement accusatrice. Concentrez-vous plutôt sur le moment présent et votre rôle dans le besoin de réassurance de votre interlocutrice.

11. “Arrête de faire une fixette sur lui et passe à autre chose”

Être obnubilée par son bourreau, ça a été le quotidien de votre amie aussi longtemps que sa domination a duré. On ne peut pas arrêter de penser à ce qui a envahi notre esprit pendant une telle durée. Par contre, on peut commencer à le remplir de choses agréables et enrichissantes. Passer à autre chose, c’est un travail de longue haleine. Employez-vous plutôt à proposer des moments de bien-être à votre interlocutrice. Aidez-la à reprendre confiance en l’humanité et foi en l’avenir, pas à pas, en respectant son rythme et en la traitant avec la plus grande bienveillance.

Lorsqu’une personne affirme sans détour qu’elle a été sous la domination de son conjoint ou patron, la première chose à faire est de saluer son courage. Si vous souhaitez l’aider intelligemment, écoutez-la en tout premier lieu. Si elle sollicite vos conseils, veillez à ce que chacun d’entre eux soit constructif et bienveillant. Si vous ne vous sentez pas capable d’avoir des propos réconfortants, faites-le savoir et prêtez simplement votre oreille attentive. Mais en aucun cas, ne vous laissez tomber dans les clichés et les exclamations blessantes. Nous venons de vous livrer un florilège de phrases à ne jamais dire à une victime de PN pour vous permettre de l’aider véritablement à s’en sortir. Si vous en avez compris le principe et les effets néfastes, vous figurerez alors parmi les confidents de choix.  

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