LA PENSÉE DU SUICIDE
La mort est inscrite en nous, c’est une fatalité à laquelle personne n’échappe : naître et mourir. La pensée du suicide, celle de se donner la mort, n’est cependant pas une pensée anodine. Loin de la, elle touche près de 5% de la population chaque année en France. Quel phénomène psychique pousse l’esprit à avoir recours à ces pensées ? Celles d’aller jusqu’à la mort pour se soulager de sa vie ? Quand l’insupportable du sujet inscrit sa pensée dans une détresse profonde, ultime soubresaut d’une liberté endormie.
Sommaire
L’emprise et la perte de soi
Ce dont il faut se rappeler tout d’abord, c’est que l’emprise est ce jeu toxique dans lequel le pervers narcissique invite insidieusement ses victimes à participer, les attirant toujours plus cruellement dans ses filets.
Tout est sujet à moquerie, rien ne va jamais, rien n’est assez suffisant. Les victimes du manipulateur pervers sont sans cesse rabaissées, cassées, dans des vagues de dévalorisation de soi immenses. Ces vagues, sont comme déversées par des flots de paroles négatives et discréditantes qui sont internalisées, on finit par le penser soi-même.
Le poids de l’emprise sur l’esprit
Les agissements du manipulateur professionnel sont comme des fioles de poison émotionnel sans fin. L’organisme et l’esprit saturés et aveuglés, finissent par s’identifier à ce poison. La récurrence et l’intensité des actes est telle, que le poids de l’emprise écrase toute l’intimité psychique des victimes. Elles qui n’ont presque plus de pensées autonomes permettant l’élaboration de la situation : les émotions conflictuelles les rongent de l’intérieur.
Les victimes sont d’autant plus isolées dans cette souffrance, que les pervers narcissiques, en plus de les écraser par leur emprise, les ont isolées des leurs et d’elles-mêmes.
La victime est en réalité noyée dans un océan de ténèbres et ne voit plus le jour. Elle est dans une impasse.
Son état psychique ne lui permet plus de voir clair dans la manipulation et la perversion de son bourreau. Elle sombre lentement dans une lassitude de vivre, couplée à une impression de vide et de perte d’identité… une détérioration aiguë de l’estime qu’elle se porte et du sens de la vie.
Le terreau de la relation, au pervers narcissique et à soi, est donc parasité par l’emprise et la manipulation, venant écraser et alourdir le poids de l’existence et intensifiant les sentiments de désespoir, de solitude et de détresse psychologique.
Une détresse telle, que parfois, les victimes de pervers narcissique n’ont plus d’autre pensée qui émerge, que celle du suicide..
La pensée du suicide
Le suicide, est par definition l’acte de se donner volontairement la mort. De se détruire soi-même, de sacrifier sa vie.
Être sous l’emprise d’un pervers narcissique implique être dans une détresse telle que l’esprit de la victime se retrouve totalement désorganisé. Elle est prise dans une tornade et un ascenseur émotionnel sans pareil.
Véritable manifestation d’un mal être profond, la pensée du suicide est le symptôme acéré d’une impasse existentielle profonde.
Consolation provisoire à la souffrance
“La pensée du suicide est une puissante consolation, elle aide à passer plus d’une mauvaise nuit.” Friedrich Nietzsche
Penser au suicide, contrairement à ce que la croyance commune tend à faire croire, c’est tenter de garder un peu d’espoir là où il n’y en a plus. Quand la souffrance est telle, que l’idée qu’une solution existe à l’abolition de l’emprise et du désespoir, soulage un fragment de l’âme.
La pensée du suicide émerge souvent en la victime, quand cette dernière souhaite cesser de souffrir, plus que de mourir. Ce qui résonne en elle, c’est l’impossibilité de continuer à souffrir à laquelle elle se heurte. Et c’est justement cette dernière liberté auquel le pervers n’a pas accès. Tout comme le détenu en prison n’a plus que cet espace de liberté qu’on ne peut pas lui enlever.
Cette image de l’annihilation est une sorte de compensation, de consolation provisoire quand les autres ont échoué. L’idée même de pouvoir se débrancher, et mettre fin à une douleur insupportable : celle de l’emprise, de la manipulation et des douleurs infligées par le manipulateur pervers à sa victime qui souffre des plus profonds recoins de son âme.
La pensée du suicide est un manque de choix et de solutions dans une situation impossible. Ce n’est pas tant vouloir mourir. C’est surtout une volonté de l’esprit de pouvoir disparaître pour ne plus souffrir..
SOS
Enfin peut-être, la pensée du suicide est-elle l’ultime appel au secours de votre âme. Poussée vers l’avant, à l’idée de se libérer de ce poids de l’existence et de ses carences. C’est un SOS de vous, à vous, un signal d’amour et d’espoir, de résonance et de compréhension. C’est en d’autre terme, le signal qu’une situation dans votre vie n’est pas optimale. Que quelque chose, quelqu’un ou une situation vous entrave. Que la souffrance est plus profonde que ce que le psychisme est capable de supporter.
Tout comme chaque symptôme se décrypte, chaque manifestation s’explique et a une résonance forte dans l’esprit de la victime. La plus terrible des maladies étant surement l’indifférence, peut-être percevrez-vous ce cri de votre cœur comme une main tendue vers un avenir meilleur.
Marchepied vers l’avenir
En réalité, la relation d’emprise et de manipulation avec un pervers narcissique laisse inévitablement des séquelles profondes. Une sensation de vide, de désespoir, de trahison, d’échec, une perte de buts, de moyens, de liberté.
C’est pour cela qu’intervient la pensée du suicide, comme signal à la fois d’espoir et de SOS du psychisme. C’est une idée structurante dont il faut se saisir.
La pensée du suicide permet un travail de la pensée. C’est une tentative de respiration dans une vie sans oxygène.
Elle permet aussi de se rendre compte de sa propre détresse. De se confronter à l’extrême à sa propre désespérance.
C’est certainement, une manière extrême et désespérée de se rendre compte des choses. De se donner l’opportunité de se voir comme une victime pleine d’espoir, en proie aux manipulations perverses d’un pervers aux multiples visages et à l’équation travaillée.
Sur ce point, on peut considérer cette pensée comme une prise de conscience. Un tremplin vers la relecture de sa vie, pour retrouver de l’estime de soi et les abords de sa liberté.
La pensée du suicide permet d’entamer un travail sur soi, car le bonheur ne se trouve pas. Il se construit et s’entretient, dans les petites choses de la vie qui font du bien.
Maître de sa vie
Si l’homme peut être maître de sa mort, il est avant tout maître de sa vie.
Reconnaître l’existence de cette pensée est donc l’occasion de changer d’environnement, de tout remettre en question, de revenir aux racines, aux choses saines, retrouver un sens à sa vie, trouver sa voie, sa passion.
On pourrait considérer le suicide comme une solution définitive à une situation pourtant temporaire : ainsi ne plus boire le poison du pervers narcissique est le meilleur remède ! Les parasites sont une entrave au bonheur, un réel barrage à sa prospérité.
Le temps de l’âge d’or est advenu : celui de la redécouverte de soi, de l’amour de soi, de l’opposition aux parasites de sa vie. Comprendre également ce qu’il s’est passé, les tenants et les aboutissants d’une relation toxique si forte, et quelles failles le pervers manipulateur a vu en vous.
Ne pas être en défiance de soi est sa meilleure protection. Quand il y a un doute sur l’existence, il n’y a pas de doute sur l’instinct : il y a quelque chose à changer, sûrement pas vous, mais peut-être le regard que vous portez sur vous.
Rappelez vous que si le pervers narcissique vous a approchée, c’est pour vos qualités innombrables et l’amour que vous avez à donner… tout est toujours là au plus profond de vous, il ne reste qu’à leur laisser la place de réexister.