Quand le manipulateur part définitivement, ce n’est qu’à la faveur d’événements particuliers. En effet, un pervers manipulateur répugne à lâcher sa proie, victime expiatoire de son narcissisme blessé. Que se passe-t-il donc alors lorsqu’il y consent ? Voyons les différents cas de figure.
1. Premier cas : quand la proie n’est plus manipulable
Quand le manipulateur part définitivement, c’est, le plus souvent, lorsque sa proie n’est plus suffisamment docile et devient moins manipulable. Cela se produit lorsqu’elle commence à sortir de l’emprise et à ouvrir les yeux sur la vraie nature de son compagnon. Le manipulateur s’en va alors, mais pourquoi ?
- Perte de contrôle : Perdre une emprise est pour lui un traumatisme, une fin de règne. Sa proie n’a plus peur, lui dit « non », et ne se laisse plus harceler ni culpabiliser.
- Inquiétude du manipulateur : La victime l’inquiète en lui montrant qu’il n’est plus celui qu’il croit être, ce qui est pour lui hautement anxiogène et terrifiant. Il fuit alors en quête d’une nouvelle proie pour retrouver une emprise.
- Peur d’être démasqué : Il craint que son masque tombe, surtout quand la victime renoue avec son entourage qu’il avait éloigné. La peur d’une humiliation publique le pousse à partir.
Attention : Ce départ ne signifie pas que la victime est à l’abri de sa vengeance. Le manipulateur peut toujours revenir des mois, voire des années plus tard, notamment par le biais des enfants si des liens familiaux les unissent.
2. Second cas : quand le manipulateur se lasse
Quand le manipulateur part définitivement, c’est aussi lorsque sa proie perd tout intérêt à ses yeux. Cette lassitude peut survenir à n’importe quel moment, sans règle précise.
- Dynamique de la relation : Pour qu’une relation fonctionne avec un narcissique, la victime doit alimenter son besoin de domination. Si elle s’épuise et devient inerte, l’équilibre est rompu, et le manipulateur reste sur sa faim.
- Départ inévitable : Le manipulateur quitte alors sa proie, la jugeant inutile et la rejetant comme une peau morte. Il n’aura pas le moindre égard pour elle, sa seule préoccupation étant de préparer sa « relève » avec une nouvelle victime.
Conséquences pour la victime : Le manipulateur la laisse totalement broyée et peut même l’encourager au suicide, scénario qui lui permet de jouer le rôle de la victime éplorée tout en se réjouissant d’être débarrassé d’un partenaire encombrant.
3. Troisième cas : quand le manipulateur est confronté à ses propres limites
Il arrive aussi qu’un manipulateur parte définitivement lorsqu’il est confronté à ses propres limites, notamment face à des échecs personnels ou professionnels.
- Fuite face à l’échec : Confronté à une situation qui met en péril son image ou sa supériorité, le manipulateur choisit souvent de fuir. Il abandonne sa victime pour se protéger de la honte ou de l’échec.
- Changement de vie : Il peut changer de carrière, de cercle social, ou même de vie, cherchant à se réinventer dans un nouveau contexte où il pourra à nouveau exercer son emprise sur d’autres.
Impact sur la victime : Ce départ soudain et incompréhensible renforce la confusion et la dévalorisation de la victime, mais il marque aussi le début d’une opportunité pour elle de se reconstruire loin de cette emprise toxique.
Conclusion : mieux vaut quitter le manipulateur avant qu’il ne vous quitte
On le voit donc : mieux vaut quitter le manipulateur avant qu’il ne vous quitte, car il ne laisse derrière lui que des proies exsangues, quand il en laisse. Cette réflexion est essentielle pour vous, les victimes qui souffrez et qui ne parvenez pas à vous détacher de ce bourreau. Un soutien psychologique spécialisé, amical et parfois judiciaire, peut vous aider progressivement à vous extraire de cet enfer et à choisir le bon moment pour partir.
Pascal Couderc, psychanalyste et psychologue clinicien, accompagne les victimes qui souhaitent renouer avec la vie en sortant de l’emprise d’un partenaire manipulateur et toxique.
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