Pourquoi le pervers narcissique vous choisit ?

Comprendre comment le PN choisit sa proie revient un peu à dresser le portrait-robot de la potentielle victime. Ce prédateur ne cible pas, en effet, tous les profils puisque des caractéristiques assez semblables s’observent souvent d’une victime à l’autre. Tachons un peu de mieux cerner lesquelles, pour savoir ce qui, au premier abord, plaît en vous à ce séducteur très particulier.

Comment le PN choisit sa proie : ses critères

Ce qui conduit un manipulateur ou une manipulatrice à se tourner vers un nouveau partenaire, ne tient pas tant aux caractéristiques de la personne en elle-même, qu’à ses besoins à lui. On comprend donc mieux comment le PN choisit sa proie si l’on se réfère à sa nature de prédateur. Une proie doit être intéressante. Soit avoir de quoi le nourrir sur le plan narcissique, mais ne pas être pourvue de « dents ou de « griffes » vis-à-vis de la manipulation ou alors, il faudra l'”endormir” efficacement. Elle doit être facile.

On peut ainsi définir globalement la proie standard du PN comme un sujet qui sera souvent débordant de vitalité mais qui porte en lui ou en elle une blessure qui permet de l’affaiblir. Et c’est la présence de cette blessure qui intéresse le pervers au départ. Il va la flairer et la débusquer chez sa proie au travers d’une observation minutieuse à laquelle il procède à son insu. Voici les traits de caractère qui éveillent son intérêt.

La sensibilité

Un pervers installe son emprise autant par la séduction que par la victimisation, ce qui l’attire vers les personnes sensibles, humaines et empathiques. Car il cherche à émouvoir sa victime en se faisant passer pour un être en détresse. On sait d’ailleurs aujourd’hui qu’un manipulateur guette la réaction de sa future proie sur ce terrain. Elle s’apitoie et se laisse convaincre par ses malheurs ? Elle est alors mûre pour la manipulation, prête à tomber dans les rôles alternatifs du fameux triangle de Karpman : sauveur-bourreau-victime. Si en revanche, une potentielle victime commence à trouver toute cette victimologie un peu suspecte, le pervers passe son chemin. Car il sent qu’elle n’est pas prête à se laisser exploiter émotionnellement.

La générosité

On comprend mieux comment le PN choisit sa proie lorsque l’on sait qu’il piste avant tout ses faiblesses. C’est à ce titre que les personnes généreuses et altruiste éveillent son intérêt, car elles font passer les besoins des autres avant les leurs. Quoi de plus motivant pour un séducteur pervers qu’un partenaire prêt à s’effacer et à se sacrifier systématiquement pour lui ? Une telle victime le rassure et le sécurise, car elle comblera les carences occasionnées dans sa vie par son vide intérieur, son manque de valeur propre. Que ce soit sur le plan psychologique, en acceptant la soumission et la tyrannie, ou sur le plan matériel, en renonçant à tout ce qui est à elle à son profit à lui. Les personnes d’une générosité immodérées qui s’oublient dans le don, sont donc de véritables aimants pour les pervers narcissiques. Elles doivent en avoir conscience pour ne pas devenir leur  «jackpot » !

La candeur

Le pervers narcissique est un grand enfant, dont le développement psychologique s’est arrêté précocement. Il aime à se prendre pour le plus grand, le plus fort et confond ses fantasmes et ses rêves de grandeur avec la réalité. Ce qui explique qu’il ait besoin que sa victime soit candide, susceptible de se laisser impressionner. Et surtout, ignore un peu l’existence du mal. Il va la surprendre avec la douleur, l’enfermement, on appelle cela du sadisme !

Paradoxalement, on peut retrouver chez ces victimes une grande cérébralité, obsédées qu’elles sont par le besoin de tout comprendre et de tout résoudre. Seul problème : elles cherchent à trop bien faire et peuvent rester longtemps prisonnières de la manipulation en tentant désespérément de faire fonctionner leur couple. En demande de reconnaissance vis-à-vis d’elles-mêmes, elles culpabilisent ensuite d’échouer. Elles tournent ainsi vainement en rond tant qu’elles ne réalisent pas que le mal existe et qu’elles sont face à un imposteur.

Le manque d’estime de soi

Un pervers narcissique et sa victime partagent un même manque, une même carence au niveau de leur narcissisme profond. Aucun n’a confiance en lui et aucun ne s’aime vraiment. C’est cette similitude qui leur sert de trait d’union et les polarise l’un vers l’autre. Le problème est, pour les victimes, d’arriver à identifier en elles cette carence, autrement dénommée faille narcissique en psychologie. C’est elle, en effet, qui cause cette sinistre complémentarité avec un partenaire toxique. Car si lui compense ses complexes en se surestimant et en écrasant autrui, elle, a tendance à se minimiser, s’oublier, s’humilier. Si lui aime conquérir, asservir, dominer, elle, aime être protégée, reconnue, choyée. Si lui exige sans cesse la perfection, elle ne se donne pas le droit à l’erreur…

Les failles de la victime

Au travers des différentes blessures émotionnelles qu’elle aura traversées, la victime aura développé des failles achoppées à une identité défaillante, propres à l’attirer irrésistiblement vers un être prétendument « fort ». Cet être qu’elle imagine capable de l’aider, la racheter ou la reconstruire. Or, cet impérieux besoin va créer le déséquilibre dans la relation et se révéler au travers de la dépendance affective. Véritable « fonds de commerce » du pervers qui cherche à bâtir une emprise, la dépendance affective est la principal trait de caractère, qui résume un peu tous les autres, dont il a besoin chez sa proie.

Les victimes qui cherchent à ne plus l’être doivent se rappeler donc une chose : avant de rencontrer ce personnage, elles étaient en bonne santé psychologique. Mais c’est à la faveur de cette dépendance affective tapie en elles, qu’il est parvenu à pénétrer dans leur intimité et à saccager leur équilibre. Car s’il ne sent pas cette blessure, en bon prédateur intéressé, calculateur, et surtout pas le moins du monde courageux, le pervers narcissique n’attaque pas.

Pascal Couderc est psychologue clinicien et psychanalyste et son équipe sont spécialistes des relations d’emprise et des manipulateurs. Ne restez pas prisonnier ou prisonnières de votre souffrance affective et mettez un terme aux relations qui vous nuisent avec l’aide d’un professionnel. Thérapie possible à distance sur Skype et en visio.

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