IMPUISSANCE APPRISE ET PERVERSION NARCISSIQUE : COMMENT EN SORTIR ?

Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, n’est-ce pas ? Et pourtant, savez-vous combien il est aisé de convaincre le cerveau humain que l’inaction est la seule solution ? En seulement 5 minutes, il est possible d’induire l’idée que vous ne pouvez rien changer au cours des choses et ce, même si cela est parfaitement faux. Découvrez le phénomène de la résignation acquise ou learned helplessness. Combinées ensemble, cette impuissance apprise et la perversion narcissique constituent l’ultime arme manipulatoire. C’est par elle que la victime de domination sadique perd toute volonté de se rebeller.

D’où vient le concept d’impuissance acquise ?

L’impuissance apprise et la perversion narcissique ne sont pas systématiquement associées. En réalité, ce concept a été développé par les psychologues Martin Seligman et Steven Maier dans les années 1960 dans un contexte de recherche sur la dépression. Il désigne un état d’apathie et de résignation survenant chez un sujet ayant l’impression qu’il n’a aucun contrôle sur les événements de sa vie, et ce même s’il existe en fait des possibilités d’action.

L’expérience des chiens de Seligman et Maier

L’impuissance acquise émerge généralement à la suite d’expositions répétées à des agents stresseurs. Dans ces circonstances, les efforts pour pallier la situation semblent inutiles. Ainsi, dans la continuité de la théorie de Skinner sur l’apprentissage par conditionnement opérant, Seligman et Maier ont observé le comportement de chiens soumis à des chocs électriques. Parmi 3 groupes de chiens testés, l’un des échantillons ne disposait d’aucun moyen d’éviter la décharge de courant et a donc souffert de plusieurs électrocutions. Dans une deuxième phase expérimentale, il a été donné à tous ces animaux la chance de sauter un muret pour échapper au choc. Pourtant, ceux du groupe le plus traumatisé ne réagissaient pas et acceptaient d’endurer la douleur sans broncher.

Leur première expérience d’inefficacité a entraîné une attitude de passivité et de résignation. Ce qui est frappant, c’est que même dans une situation ultérieure offrant toutefois la possibilité d’agir pour résoudre le problème, aucune mesure d’évitement n’a été prise.

La transposition à la psychologie humaine : 5 minutes pour rendre un étudiant stupide

Les chiens du groupe résigné présentaient des symptômes évoquant une dépression chronique. Il a cependant été possible de leur apprendre le moyen de sortir de la situation de torture, preuve que le blocage des apprentissages consécutif au traumatisme est réversible. De plus, le regain du sentiment de maîtrise de son destin mène à une réduction des états dépressifs et anxieux. Cette étude a ensuite été transposée à la psychologie humaine pour illustrer comment le manque de contrôle peut influencer le comportement, les émotions, mais également l’estime de soi. Il a été ainsi mis en évidence qu’il ne fallait pas plus de 5 minutes pour convaincre plusieurs étudiants de leur inaptitude (mensongère) à résoudre un problème simple.

L’impuissance apprise peut donc avoir un impact significatif sur la santé mentale, le bien-être, mais aussi les capacités de réflexion et d’acquisition de savoir. Heureusement, ce que l’on est en mesure d’apprendre, on peut de même le désapprendre. Ainsi, la psychothérapie, notamment les approches cognitivo-comportementales, affiche d’excellents résultats dans la lutte contre ce sentiment de vanité des actions et la reprise de contrôle des comportements.

La dynamique entre l’impuissance apprise et la perversion narcissique

Les pervers narcissiques excellent dans l’acquisition du sentiment d’impuissance chez leur victime. C’est même extrêmement gratifiant pour eux de parvenir à tuer toute combativité chez leur proie. Cela s’opère lentement, mais sûrement, à l’aide de diverses techniques manipulatoires bien rodées comme l’injonction paradoxale, le renversement de situation, le mensonge, l’invalidation émotionnelle ou encore le gaslighting et bien d’autres. C’est par ailleurs la porte ouverte au syndrome de Stockholm, qui mène une victime à développer des sentiments de sympathie à l’encontre de son bourreau.

L’apprentissage progressif du sentiment d’impuissance

Comme nous avons pu le voir, ce sont les diverses effractions psychiques qui créent des microtraumatismes cumulatifs érodant peu à peu le pouvoir d’agir. Toutefois, ce processus peut être enclenché ou renforcé par des crises plus tonitruantes et donc, plus ouvertement traumatisantes comme :

Le but est de couper la proie de sa capacité à raisonner, à juger et à agir. Il s’opère une sorte de dépersonnalisation dans laquelle elle se détache d’elle-même, de son corps, mais aussi de ses émotions. Ainsi, la souffrance devient bien plus supportable, tandis que le coût énergétique de la résistance ou de la rébellion devient quant à lui bien plus lourd.

La passivité, une question de survie ou une mise en danger volontaire ?

La résignation cache en réalité un mécanisme de défense, un réflexe de survie. Le problème, c’est que c’est une solution hâtive destinée à faire baisser le niveau de stress momentanément. Le danger d’une attitude passive est double, dès lors qu’elle s’inscrit dans la durée :

  • D’une part, elle épuise encore plus les ressources adaptatives de la victime, pouvant aller jusqu’à la dépression, voire au suicide forcé.
  • D’autre part, elle renforce l’autorisation implicite à multiplier les assauts. En effet, l’absence de réaction mène souvent à une surenchère de la part de l’agresseur.

Après tout, les provocations appellent une réponse et c’est bien pour cela que la vengeance est une terrible erreur lorsque l’on souhaite couper des liens toxiques. Le MPN étant un compétiteur, l’absence d’initiative à son encontre chez son partenaire de jeu (malgré lui) le réjouit autant que cela l’agace. Ainsi, il n’aura de cesse d’agresser encore et toujours sa victime jusqu’à l’anéantir s’il le faut. 

Comment désapprendre le réflexe de résignation ?

Pour réapprendre à être le maître de son destin, il faut avant tout se reconnecter à soi. Il s’agit de retrouver un sentiment de confiance en ses capacités, tout en se protégeant des éventuelles déconvenues qui peuvent jalonner ce cheminement. Réhabiliter son pouvoir d’agir sur sa propre vie se fait selon 3 axes principaux :

  1. Couper le contact avec les influences nocives.
  2. Entamer un travail introspectif, de préférence avec un psychothérapeute.
  3. Œuvrer dans le sens d’une autonomisation et d’une reconstruction.

Une fois que la prise de conscience du problème a eu lieu, il faut évidemment s’interroger sur les raisons profondes qui ont mené à une telle situation de domination. Parfois, ce sont des croyances inculquées dès le plus jeune âge qui vous ont enfermée dans un schéma d’acceptation docile. Il peut être extrêmement éclairant de comprendre cela pour avancer.

Toutefois, il faut confronter votre élan de libération au principe de réalité. En effet, certaines situations échappent totalement à votre contrôle et c’est normal. Cependant, ces interrogations peuvent aussi occasionner la mise en place d’objectifs réalisables et concrets. À force de mener des actions positives dans le sens de votre autonomisation, vous renforcerez votre autoestime. N’oubliez pas de bien vous entourer pour bénéficier d’un soutien social solide et ô combien salvateur après des années d’isolement et de résignation induite.

L’impuissance apprise et la perversion narcissique fonctionnent bien ensemble, car elles participent au processus de soumission et de perte de confiance en soi de la victime. Toutefois, lorsque l’on comprend que ce réflexe de passivité a été inculqué par des procédés manipulatoires pervers, on réalise qu’il est tout à fait envisageable de réapprendre à notre cerveau que son pouvoir de décision et d’action est toujours opérant. Après tout, c’est notre libre arbitre qui fait de nous des êtres évolués. Entamer ce cheminement personnel vers la reconquête de votre destin fera que personne ne sera plus en mesure de vous contraindre de façon aussi machiavélique. Soyez patient avec vous-même et avec de la persévérance et le bon système de soutien, vous y parviendrez.

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