FRÈRE OU SŒUR PN : la manipulation perverse dans la fratrie

Frère PN ou sœur PN, comment composer avec la manipulation perverse lorsqu’elle s’invite au sein d’une fratrie ? Et si c’était simplement de la jalousie ou de l’égocentrisme, typiques d’une certaine immaturité ? Comment les personnalités narcissiques impactent-elles la dynamique familiale du point de vue des frères et sœurs qui subissent leurs comportements machiavéliques ? Passons en revue les attitudes toxiques perpétrées par un frère ou une sœur à la personnalité perverse narcissique et les moyens de s’en protéger.

Avant-propos sur le diagnostic de PN pour un frère ou une sœur

Tout d’abord, avant de déclarer un frère PN ou une sœur PN, sachez que cette expression n’a pas de valeur scientifique. Les ouvrages internationaux de référence en matière de catégorisation des maladies mentales (en l’occurrence, la CIM ou le DSM) parlent plutôt de trouble de la personnalité narcissique. Cela ne veut pas dire que les pervers narcissiques n’existent pas, mais bien que la communauté scientifique préfère un terme plus adapté à la façon de classifier les psychopathologies. En conséquence, la formation d’une personnalité étant considérée comme plus ou moins aboutie seulement à partir de la majorité biologique et jamais avant, aucun psychologue, psychothérapeute ou psychiatre ne s’avancera à déclarer un mineur comme souffrant de trouble du narcissisme.

Ainsi, quelle est la tranche d’âge de votre frère ou votre sœur PN ? Adulte, Adolescente ou enfant ? Cette question est cruciale, car les stades de développement des jeunes sont en effet jalonnés de phases plus ou moins critiques d’instabilité de l’humeur et des comportements. De plus, il est notoire que certaines périodes d’immaturité sont teintées d’un égocentrisme exacerbé et d’actes d’affirmation de soi plus ou moins tonitruants.

Comprenez bien que les coups d’éclat d’un mineur, tantôt dans la jalousie, tantôt dans la mégalomanie, mais aussi dans la paranoïa, dans le manque d’empathie, voire dans le sadisme, peuvent également être le fait d’ajustements comportementaux ou de déséquilibres hormonaux transitoires. Autrement dit, ne vous précipitez pas à proclamer votre frère PN, alors que celui-ci n’a que 13 ans. Cela n’aurait aucun fondement scientifique, même si la pathologie peut effectivement être latente et commencer à causer des dégâts dans la fratrie. 

Les jeunes années avec un manipulateur machiavélique en devenir dans la fratrie

La fraternité, la sororité sont des valeurs cruciales aux yeux de certains. Mais si l’amour fraternel est largement édulcoré dans les fictions de toutes sortes et de toutes époques, il faut bien admettre qu’une relation de complicité entre frère et frère, sœur et sœur ou frère et sœur constitue un idéal auquel tout le monde aspire, y compris les enfants uniques ! Dans l’imaginaire collectif, c’est un peu comme avoir son meilleur ami à domicile, avec la certitude qu’il ou elle sera à vos côtés pour toute votre vie. Mais ce scénario idyllique n’est malheureusement pas accessible aux personnes ayant la malchance de compter un PN parmi leur fratrie.

La compétition fraternelle

Si vous et votre frère ou sœur PN êtes encore dépendants de vos parents, le mot d’ordre est très certainement : compétition. L’enjeu ? l’attention du père, de la mère ou des 2. Vous n’avez donc pas un allié, mais un rival. Le personnage toxique occupe toute la place et veille bien à vous reléguer au second plan. C’est lui qui parle, impose ses choix, revendique la priorité sur tout et pique des crises de jalousie monumentales dès lors que l’on essaie de s’intéresser aux autres membres de la fratrie. Le plus exaspérant, c’est que ce comportement s’observe chez les aînés, au nom de leur position de “Numéro 1”, mais aussi chez les cadets, par leur statut de “petit dernier à chouchouter”. Et s’il y a plus de 2 enfants dans le foyer, il y aura bien une excuse pour légitimer son despotisme, comme éventuellement le fait d’être le seul garçon ou la seule fille, ou bien d’être celui qui a une particularité comme un problème de santé, par exemple. L’enfance dans un tel contexte est donc marquée par des conflits récurrents et des coups bas. Le frère et la sœur adeptes de la manipulation émotionnelle s’amuseront volontiers à faire des fausses joies ou des fausses gentillesses aux autres “frangins”, pour mieux les décevoir, les trahir, les humilier et leur infliger la désagréable expérience de l’ascenseur émotionnel. N’oublions pas que toute la détresse de leur soufre-douleur émane de cette envie de proximité fraternelle parfaitement humaine, qui est malheureusement à sens unique et cruellement retournée contre lui. Il sera aussi évidemment instrumentalisé, rendu complice, voire coupable de toutes les choses répréhensibles commises par le frère ou la sœur machiavélique.

Le retrait de l’autre enfant

On assiste à un véritable hold-up de la capacité de focalisation des parents qui se cristallise sur le PN en devenir. En conséquence, l’enfant non-manipulateur s’efface et étouffe ses besoins. En général, il est qualifié de “sage comme une image”, on dit de lui qu’”on ne l’entend jamais”, qu’”il ne fait pas de vagues”. Ces petits qui vivent dans l’ombre d’un frère PN travaillent bien à l’école, sont polis, responsables et autonomes. À tel point que la mère et le père ne suspectent pas qu’ils puissent aller un peu plus mal qu’ils ne le montrent. Ils peuvent même aller jusqu’à le parentifier. En grandissant, ce sont aussi les premiers à quitter le cocon familial dès la fin des études, car ils ne se sentent pas chez eux. Ils éprouvent même un immense soulagement à prendre leur envol et à abandonner cet environnement toxique, même s’ils n’en avaient pas forcément conscience. Le problème, c’est que ce retrait dans l’enfance mène à un manque affectif et à un sentiment d’insécurité permanent qui conditionneront la qualité des relations interpersonnelles pour de nombreuses années, surtout en l’absence d’un travail thérapeutique visant à soigner son enfant intérieur. Pire encore, c’est lorsque le frère ou la sœur PN les a pris pour cible principale dans leur démarche destructrice. Ils peuvent alors être victimes de maltraitance émotionnelle et de violence physique.

La manipulation perverse par un frère ou une sœur adulte

La cohabitation avec un frère ou une sœur perverse narcissique est certainement difficile, mais une fois la majorité atteinte, il se peut que les rapports se tendent encore davantage. En effet, un vampire émotionnel étoffe ses stratégies manipulatoires au fil du temps. Ainsi, s’il s’est exercé de façon plus ou moins subtile dans l’enfance, il peaufinera son art à mesure qu’il gagnera en maturité et donc, en dangerosité.

Vivre avec un frère ou une sœur PN adulte

Le scénario catastrophe, c’est lorsque la relation d’emprise entre frère et sœur perdure à l’âge adulte au point de vivre en duo sous le même toit. L’individu manipulateur se comportera alors avec l’autre membre de sa fratrie comme avec n’importe quelle proie dans le cadre d’un couple ou d’une amitié nocive ou d’une relation toxique au travail. Nous vous renvoyons donc à tous les descriptifs de mécanismes manipulatoires en libre accès sur ce site. Sachez qu’il y aura cependant des difficultés spécifiques à gérer pour une fratrie : le poids de la famille et celui du passé lointain. Ces deux facteurs constituent des ancrages encore plus solides à la domination machiavélique.

Entretenir des relations familiales avec un frère ou une sœur PN adulte

Vous avez pu échapper à la toxicité de votre frère ou de votre sœur sadique en mettant de la distance entre vous ? C’est parfait. Mais quid du reste de la famille ? Comment se passent les repas et les fêtes entre membres d’un même clan ? Faut-il aussi couper les ponts avec vos parents ou vos autres frères et sœurs ? C’est certainement la partie la plus difficile à gérer lorsque le non-contact avec un PN n’est pas matériellement possible.

Dans ce cas-là, il ne vous reste qu’à faire preuve de la plus grande assertivité concernant l’individu indésirable. Attention au piège des provocations gratuites lors des regroupements familiaux. La rancœur accumulée depuis des décennies risque fort de vous faire réagir au quart de tour. Toutefois, il faut garder à l’esprit que ce serait entrer dans le jeu du PN qui saura immanquablement toucher votre corde sensible. Dites-vous que vous n’êtes pas là pour cet odieux personnage, mais pour vos autres proches. Et si vous constatez qu’il a l’ascendant sur l’un de vos congénères et que vous souhaitez intervenir, ne vous y confrontez pas ouvertement. Faites plutôt savoir subtilement à la victime que vous êtes là pour l’aider, quoi qu’il se passe. Vous pouvez également vous inspirer des conseils de cette publication “Ma fille est sous emprise, que faire ?” qui s’applique tout aussi bien aux autres membres de la famille.

La famille, c’est pour la vie… si on le veut bien ! Un frère PN ou une sœur PN doit recevoir le même traitement que n’importe quelle personne toxique : l’exclusion de votre vie. Cependant, ne négligez pas les dégâts que la cohabitation avec un tel personnage a pu causer sur vous durant vos jeunes années. Parfois, on idéalise son enfance en la ramenant à des faits matériels ou à des situations dont on n’a pas à se plaindre. On se dit que n’avoir manqué de rien, avoir été élevé dans un foyer sans histoire avec des parents qui font de leur mieux suffit à nous épanouir. Or, la souffrance peut être enfouie et en attente de ressurgir éventuellement sous la forme d’une psychosomatisation. Si vous sentez que la charge émotionnelle est trop envahissante dès lors que l’on traite du membre problématique de votre fratrie (surtout la haine du PN), il est fortement recommandé d’entamer une psychothérapie. Cela permettra de modérer les impacts de cette enfance particulière qui a sous aucun doute été parasitée par le vampire émotionnel beaucoup plus grandement que vous le pensez.

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