Divorces, ruptures, conflits : les séparations sont nombreuses en France aujourd’hui. Le couple décomposé doit ainsi collaborer pour fixer les nouvelles modalités matérielles, pratiques et administratives. Mais le point essentiel de la scission familiale, c’est la question de la garde des enfants et à travers elle, de la parentalité partagée. Chacun sait que la coordination entre parents séparés est rarement facile. Mais qu’en est-il de la coparentalité avec un pervers narcissique ?
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Être parent représente un engagement conséquent, un travail à plein temps. C’est un statut qui implique d’imposer des règles et des bases solides, tout en restant à l’écoute, dans la bienveillance et l’adaptabilité. La nécessité de maintenir un cadre structurant pour l’enfant est d’autant plus évidente dans le cas d’une relation de coparentalité, et c’est un travail qui, dans l’idéal, doit se faire à deux adultes. Le bien-être et le bon développement de l’enfant en sont l’enjeu crucial.
Mais la difficulté de la coparentalité avec un pervers narcissique, c’est qu’il déséquilibre l’ensemble. Ce qui l’intéresse, c’est son lien à l’autre parent et non pas aux enfants eux-mêmes. Maintenir le contact avec un parent manipulateur toxique, c’est ni plus ni moins avoir une double difficulté supplémentaire de taille à gérer. D’une part, il faut assurer pour deux, et d’autre part, il faut se battre contre les assauts vindicatifs du vampire affectif.
Pourtant, il n’y a pas d’autre choix que de redoubler d’effort à veiller sur l’enfant, car il est au milieu d’une guerre sans merci. En effet, le comportement du pervers narcissique est incompatible avec l’établissement d’une relation saine de coparentalité.
Le parent pervers narcissique
Le pervers narcissique n’admet jamais ses torts et cela complique grandement l’entente familiale. L’ex-victime du pervers narcissique est accusée sans relâche et devant ses enfants d’avoir brisé la famille, de l’avoir fui, de détruire sa vie.
L’instrumentalisation de l’enfant
La soif de vengeance du manipulateur narcissique est inétanchable. Il profite de chaque occasion pour blesser ou instrumentaliser l’enfant qu’il utilise comme arme contre l’ancien conjoint. Le PN n’hésite d’ailleurs pas à critiquer le rôle de l’autre parent, et à le considérer incapable, voire néfaste pour sa progéniture.
Dans son rôle parental comme dans toutes ses relations, le pervers manipulateur est incapable d’une quelconque affectivité authentique. Tout ce qui lui importe est d’avoir l’ascendant sur les autres et le pouvoir sur les situations. Il voit l’enfant comme un pion qui lui permettra de “gagner” le rôle du “meilleur parent”, afin de faire souffrir l’autre.
L’incapacité d’aimer
Il ne reconnaît pas son fils ou sa fille comme une personne à part entière (ni personne d’autre, d’ailleurs), et n’éprouve aucune empathie, ni considération, ni aucun amour, qu’il confond avec l’attachement pathologique. Il est, de plus, dépourvu de conversation significative, résultat d’une connexion émotionnelle inexistante. Il est l’opposé d’un parent structurant, nécessaire au bon développement de l’enfant. En réalité, il considère même sa descendance comme une propriété sur laquelle il a tous les droits.
En compétition constante, le PN crée dans la famille éclatée une dynamique empoisonnée, y compris entre frères et sœurs. Cependant, aux yeux de la loi et jusqu’à la fin, il reste le parent de l’enfant, à égalité avec sa victime.
Porter tout seul la coparentalité
Se distancer d’un pervers narcissique est un défi de taille. C’est une tâche encore plus difficile lorsqu’il subsiste un lien indéfectible : les enfants.
Pour exercer son devoir de parent conjointement avec un PN dont on est séparé, il faut savoir s’armer de patience pour gérer le conflit perpétuel avec le père ou la mère PN et surtout, s’en protéger avec l’enfant.
L’impossibilité de coopérer
On peut difficilement faire une équipe de coparents avec un narcissique sadique. En effet, cela implique de travailler ensemble pour l’intérêt des mineurs, de fournir des efforts communs et une cohérence éducative. Il faut aussi adopter une communication efficace et des positions cohérentes pour une parentalité aimante et structurée.
Cependant, la coparentalité avec un pervers narcissique s’apparente plutôt à deux adversaires qui s’affrontent, plutôt que de travailler ensemble. En effet, une discussion avec un manipulateur sentimental ne mène quasiment jamais à un échange productif. Il est toxique et sa structure de personnalité est pathologique. La coopération n’est pas dans son vocabulaire. L’entente est donc impossible.
La mission du parent sain
Ainsi, la mission du parent sain est de limiter les dégâts et de minimiser les impacts sur l’enfant du parent pervers narcissique. Le foyer de la figure parentale la plus équilibrée doit être un refuge où la tolérance, l’amour et le sens des responsabilités sont essentiels. Il ne faut jamais perdre de vue que la séparation est un bouleversement pour les plus jeunes membres de la famille, et que ses retombées laisseront des traces.
Comment atténuer les effets négatifs de la coparentalité avec un PN ?
Voici quelques conseils pour parer la toxicité du parent narcissique et gérer la séparation dans cette coparentalité complexe.
1. Préserver l’enfant de la toxicité parentale
C’est un conseil qui semble évident, mais qu’il faut coûte que coûte garder en tête. Les manipulations du pervers sont parfois telles qu’il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : l’enfant. C’est un être en construction qui a besoin de stabilité et d’un environnement sain et aimant.
L’enfant n’est pas un messager ou un défouloir, ni même un confident ou un enquêteur. Il faut tenter autant que possible de mettre la sensation de guerre froide de côté, car le seul combat qui importe est celui de son épanouissement.
Malgré tout, il est bon de garder en tête que le parent narcissique est susceptible d’utiliser l’enfant comme complice et de provoquer l’aliénation parentale. Les signaux d’alerte (troubles du sommeil, du comportement, somatisation, etc.) doivent être pris au sérieux et pris en charge par un professionnel de santé.
2. Ne rien attendre du parent défaillant
Il n’y a aucune attente à avoir de la part du parent narcissique. Il revient au parent aimant d’incarner à lui seul le fondement des valeurs à transmettre à ses enfants.
Malgré la situation toxique et parfois instable, il faut autant que possible garder ses émotions sous contrôle. Le pervers narcissique tentera inévitablement de provoquer, de négocier, de contrarier et de faire exploser de rage sa proie, dans l’objectif d’un combat perpétuel. La meilleure solution est alors de ne rien lui donner en retour, pas une émotion, pas une attention. Les disputes ne feraient qu’alimenter sa perversion et sa toxicité, c’est son plaisir que de vous amener “hors de vous”. La clé est de limiter les conflits pour protéger l’enfant.
3. Prendre soin de soi pour résister aux assauts
La coparentalité avec un parent pervers narcissique est épuisante. C’est une situation anxiogène qui joue sur les nerfs et remet constamment en question sa capacité parentale. Il est ainsi primordial, pour son propre bonheur et celui de l’enfant, de prendre soin de soi.
Le parent est gardien de l’intégrité de son enfant. Lorsque l’un des deux est défaillant, l’autre doit faire preuve de solidité. Faire un travail sur soi avec un thérapeute spécialiste permet également de se repositionner et d’éviter une reproduction du schéma. Il faut être le meilleur exemple possible pour son enfant pour l’empêcher de reproduire les erreurs de ses parents.
4. Fixer des limites claires de coparentalité
Les pervers narcissiques se nourrissent de la confusion. Ils aiment l’instabilité, c’est le terreau de leur emprise. Pour ne leur donner aucune graine à planter, il vaut mieux prendre les précautions suivantes :
• Communiquer par écrit uniquement pour bloquer l’emprise et garder des traces des échanges.
• Reporter par écrit tous les faits à retenir. Noter tous les manquements, les agressions verbales et les agissements néfastes du PN, quitte à les signaler, un jour, aux autorités.
• Fixer un accord de garde détaillé par la justice. Horaires et jours de rendez-vous, de prises de vacances ou de week-end, tous les détails sont importants à noter. Les zones grises sont un terrain de jeu pour les manipulateurs pervers, car elles lui donnent la liberté d’enfreindre les règles et vous manipuler. Le pervers narcissique cherchera toujours à vous nuire et à tourner la situation à son avantage. C’est une nécessité vitale que de faire intervenir la loi pour encadrer les relations de coparentalité.
5. Se concentrer sur l’épanouissement de l’enfant
L’enfant doit pouvoir s’épanouir auprès d’un adulte solide, aimant, empathique et disponible émotionnellement. Il faut être à l’écoute de ses besoins et de ses envies. La sécurité et la stabilité doivent être les piliers de son environnement.
Il est également important de l’aider à développer son esprit critique, de lui inculquer des règles et des valeurs saines et authentiques, mais aussi de lui apprendre à distinguer le bien du mal tels que vous les concevez. Par-dessus tout, il faudra se concentrer sur son acquisition de notions fondamentales comme le libre-arbitre, l’honnêteté ou le respect de soi et des autres.
Lui permettre de s’exprimer, de construire son identité, de jouir de son espace propre afin qu’il puisse se structurer sereinement seront les meilleurs garants de son bon développement.
Accompagner l’enfant face à la toxicité
Pour contrer la toxicité de son parent pervers, l’enfant doit sentir qu’il peut parler de ses émotions sans tabou, quitte à le faire en consultation avec un professionnel de la psychologie infantile.
Ne pas laisser l’enfant porter la culpabilité
Les enfants n’ont pas la capacité émotionnelle à gérer la violence du déchirement entre parents. Par contre, ils ont tendance à en porter la culpabilité et il faut éviter ce sentiment dévastateur à tout prix. C’est pourquoi il ne sera jamais vain de continuer de les rassurer en leur expliquant, quel que soit leur âge, que ce qu’ils ressentent est légitime, et que la situation qu’ils vivent n’est en aucun cas de leur faute.
Valider les perceptions de l’enfant
Certains professionnels vous conseilleront de protéger l’image du parent toxique, mais lorsque votre enfant vous décrit une attitude toxique, validez ce qu’il ressent, sinon il risque de douter de ses propres perceptions. Cette validation est essentielle pour qu’il développe un rapport sain à la réalité et ne devienne pas lui-même vulnérable au gaslighting.
Les signes d’alerte à surveiller
Soyez attentif aux signaux que l’enfant peut envoyer après les périodes passées avec le parent toxique :
• Troubles du sommeil ou cauchemars
• Changements de comportement (repli, agressivité)
• Somatisations (maux de ventre, de tête)
• Régression dans le développement
• Anxiété de séparation accrue
Ces signes nécessitent une prise en charge par un professionnel de la santé mentale de l’enfant.
Conclusion : un combat pour l’enfant
La coparentalité avec un pervers narcissique est souvent un défi usant et frustrant, mais qu’il faut surpasser pour le bien de sa progéniture. Le parent sain a le devoir de se focaliser sur le développement de ses enfants en s’organisant au mieux et en prenant du recul dans les conflits conjugaux.
Vous ne pouvez pas changer le parent toxique. Mais vous pouvez être le parent stable, aimant et structurant dont votre enfant a besoin. Vous pouvez créer un espace de sécurité où il apprendra ce qu’est une relation saine. Vous pouvez lui transmettre les valeurs qui le protégeront toute sa vie.
L’aide d’un psychologue spécialisé peut être une solution précieuse pour bénéficier d’une écoute professionnelle et de conseils sur la gestion de la parentalité partagée avec un pervers narcissique. Pour votre enfant et pour vous-même, n’hésitez pas à vous faire accompagner dans cette épreuve.
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FAQ : Questions fréquentes sur la coparentalité avec un PN
La coparentalité avec un PN est-elle possible ?
Une vraie coparentalité (coopération dans l’intérêt de l’enfant) est impossible avec un PN. Il utilisera les enfants comme outils de manipulation et de contrôle. Ce qu’on peut viser est une “parentalité parallèle” : chacun exerce sa parentalité séparément, communication minimale et strictement factuelle, passages via tiers si possible. Acceptez que le PN ne changera jamais son comportement, protégez-vous et vos enfants du mieux possible.
Comment communiquer avec mon ex PN pour les enfants ?
Utilisez une application de coparentalité (OurFamilyWizard, Coparentalys) qui documente tout. Communications écrites uniquement, courtes, factuelles, sans émotion. Format : “Sujet : Rendez-vous médecin / Message : RDV pédiatre 15/12 à 14h, merci confirmer”. N’engagez jamais le débat, ne répondez pas aux provocations. Si possible, passez par un tiers (avocat, médiateur) pour les décisions importantes. Chaque interaction doit pouvoir être montrée au juge.
Le PN peut-il obtenir la garde exclusive ?
C’est rare mais possible si le PN manipule bien le système judiciaire et réussit à vous faire passer pour instable. D’où l’importance de: 1) Rester calme et factuel dans toutes communications, 2) Documenter tous les comportements toxiques, 3) Ne jamais dénigrer l’autre parent publiquement, 4) Avoir un avocat spécialisé qui connaît les PN, 5) Demander une expertise psychologique. Votre stabilité émotionnelle et votre capacité à favoriser la relation enfant-autre parent jouent en votre faveur.
