GHOSTING : Comment Gérer la Manipulation Sentimentale Passive ?

Qu’est ce que le ghosting ?

Le ghosting désigne une disparition volontaire, brutale et inattendue. Issu du terme anglais “ghost” qui veut dire “fantôme”, c’est l’acte de sortir de la vie de quelqu’un subitement, sans la moindre explication. Mais le comportement violent, irrespectueux, voire sadique qu’implique le ghosting est une tecnique de manipulation très fréquente du pervers narcissique. Que l’on subisse cette violence psychologique en famille, en amitié ou en couple, il indique un égocentrisme cruel qui provoque toujours souffrances et interrogations et surtout, c’est un déni de lexistence même de la victime. Voici comment réagir à cette forme passive de manipulation mentale.

Se faire ghoster, c’est quoi ?

Quand on se fait ghoster, c’est que la personne avec qui l’on était en lien a coupé le contact du jour au lendemain, sans crier gare et sans la moindre explication. Plus de réponse aux messages, plus d’interaction sur les réseaux sociaux, pas de lettre d’adieux et le téléphone qui sonne désespérément dans le vide.

Ignorer l’autre, c’est le mépriser

Comme le disait très bien l’auteur George Bernard Shaw :

Le silence est l’expression la plus parfaite du mépris.

On ne trouve aucune justification valable au ghosting. Il soulève véritablement un rapport consumériste à la relation interpersonnelle. Si l’autre, relégué à l’état d’objet puisque renié dans ses affects, n’a plus d’utilité, on le jette à la poubelle sans gaspiller la moindre once d’énergie à lui fournir un minimum d’explication. Mais c’est aussi une technique de manipulation qui consiste à créer le manque et l’angoisse chez la(e) partenaire.
Dans ce cas, difficile de dire qui est devenu le fantôme… Est-ce la victime qui est réduite à l’état de “rien” dans la vie du ghosteur ou est-ce le fuyard qui s’est rayé lui-même de la vie de l’autre ? Quoi qu’il en soit, le ghosting est une forme de violence morale qui atteint le summum de l’irrespect, qu’il soit vécu dans le cadre professionnel (avec un licenciement brutal, par exemple) ou privé (dans la famille ou le couple). C’est un silence asssourdissant !!

Pourquoi être ghosté fait si mal ?

Le ghosteur, c’est-à-dire celui qui s’évanouit dans la nature, fait ainsi preuve d’une inconsidération totale de l’autre et de ses sentiments. Le ghosté est laissé dans l’incompréhension et la souffrance dans une effrayante indifférence. Et ne nous méprenons pas : se faire ghoster inflige une souffrance bien pire que se faire quitter. En effet, à la douleur de l’abandon, du rejet et du manque s’ajoute l’impossibilité de faire le deuil de la relation qui n’a pas été terminée clairement. La victime de ce silence radio insoutenable se sent non seulement dévalorisée, avilie, dégradée, mais elle se trouve de surcroît aliénée par le questionnement permanent. “Va-t-il me contacter / revenir ?”, “Lui est-il arrivé quelque chose ?”, “Ai-je causé des torts sans m’en rendre compte ?” “Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?” sont des réflexions qui tournent en boucle dans sa tête et la submergent. Elle refait toute l’histoire et cherche les signes avant-coureurs qui auraient pu la mettre en garde contre ce traitement méprisant, voire cherche des explications. Ainsi, elle s’oublie et met sa vie en suspens. Ce que fait le ghosteur en la privant de certitude, c’est qu’il la laisse présumer jusqu’à douter d’elle-même. On reconnaît ici la technique manipulatoire du gaslighting si chère aux pervers narcissiques. Cette passivité suffit à empêcher la victime d’aller de l’avant pour guérir de ce qui est ni plus ni moins un traumatisme. Le PN place, par cette technique, son jouet (vous) en suspens.

Qu’est-ce qui pousse le ghosteur à disparaître ? 6 pistes de justification au silence radio choisi

Il arrive que le fuyard refasse surface, mais il n’y a pas d’équivoque possible : derrière un ghosting, il n’y a que des explications égocentrées ! Bien évidemment, un cas de force majeure n’entre pas en ligne de compte. Ce sera d’ailleurs l’excuse préférée des plus lâches, incapables d’affronter leurs responsabilités. Mais à moins d’invoquer un coma ou une séquestration, difficile de nos jours d’imaginer quelqu’un rester sans aucun moyen de communication et de déplacement pendant des semaines, voire des mois. Bien qu’insuffisantes pour la plupart, voici les éventuelles justifications au ghosting.

1. Fuir une situation compliquée

La relation est houleuse et il est parfois difficile de prendre du recul pour s’interroger sur ce que l’on désire vraiment ? Mettre de la distance est effectivement un moyen de se recentrer, bien que les règles de base de la communication bienveillante auraient dû imposer de prévenir l’autre de ce besoin. Le triangle de Karpman nous enseigne combien il est facile de passer de victime à bourreau en troquant les tourments du couple contre le no contact.

2. Avoir peur de rompre

“Courage fuyons !” est le mot d’ordre de cette façon de rompre. Plutôt que d’assumer une décision unilatérale, autant faire la politique de l’autruche et laisser l’autre se débrouiller avec sa peine, il finira bien par comprendre. Le problème, c’est que tant que l’espoir subsiste (parce qu’effectivement, le silence donne une place à l’espoir), la personne ghostée est privée de sa chance de guérir plus rapidement du chagrin d’amour. C’est une fois de plus la preuve que l’égocentrisme est à l’origine de cette stratégie d’évitement.

3. Éprouver des difficultés à s’exprimer

Parler de ses sentiments et de son ressenti n’est pas évident pour tout le monde. Mais même lorsque l’on présente une inaptitude à communiquer sur ce registre, le courage de ses opinions et le respect d’autrui devraient toujours dicter d’en faire l’effort. Il suffit de poser des mots, aussi concis et factuels soient-ils tels que “J’ai besoin de temps” ou “C’est fini”.

4. Redouter de se confronter à la souffrance de l’autre

Chez quelqu’un de psychologiquement normalement constitué, assister à la peine de l’autre n’est jamais plaisant. Une personne hypersensible peut vouloir s’épargner cette étape. Mais si elle est aussi empathique qu’elle se plaît à le croire, elle ne doit pas céder à la déresponsabilisation. Se mettre des œillères n’est jamais la solution et ce n’est pas parce que la peine n’est pas vue qu’elle n’existe pas. Et en voulant se préserver, on cause encore plus de torts à l’autre. C’est l’inverse de l’empathie, finalement.

5. Craindre l’engagement

La peur de l’engagement peut frapper brutalement parfois. C’est vrai qu’une relation qui passe de la légèreté des débuts au sérieux de se projeter à deux peut provoquer une phase de panique qui nécessite un recul momentané. Mais là encore, ghoster l’autre, c’est le renier et donc, prendre le risque de lui infliger une blessure impardonnable et donc, de le perdre pour de bon. Si un moment de réflexion est nécessaire, il faut en parler sans détour. On ne le dira jamais assez : sans communication, toute relation est condamnée à l’échec.

6. Jubiler de placer l’autre en demande

Vous l’aurez compris : cette piste concerne les pervers narcissiques en premier lieu. Elle peut aussi entrer dans le cadre d’une vengeance basse, mais dans tous les cas, il s’agit ici de nuire volontairement à l’autre par le biais du ghosting. D’ailleurs, la personne ghostée peut constater qu’elle n’est pas bloquée des applications diverses. Les messages sont distribués et lus, le ghosteur est connecté et actif en ligne. Il choisit de bouder comme un gamin et de le faire savoir indirectement à sa victime. Ainsi, constater qu’il fait du mal le fait jubiler et le rassure dans son besoin de puissance. Il peut se montrer très endurant à ce petit jeu et plus les tentatives de contact affluent, même si elles sont à caractère haineux (ce qui est courant chez la personne déboussolée et en attente de réaction), et plus le supplice du silence durera. Voir aussi notre article sur le Benching.

Victime de ghosting, comment réagir ?

En disparaissant brutalement de la vie de sa victime, le ghosteur a fait un choix égoïste qui met la relation en péril. Pour trouver le salut, la personne délaissée devra se placer, elle aussi, au centre de ses propres préoccupations.

Tirer profit du silence radio subi pour avancer, plutôt que d’attendre

Puisque le lien est rompu, même momentanément, autant ne pas dépenser d’énergie à s’y accrocher. Cela augmenterait le risque de s’embourber dans la solitude et la dépression. C’est difficile, mais il faut se faire une raison : arrêter net de communiquer et commencer à avancer seul est un pouvoir à saisir. Le silence assourdissant devra faire place à un temps d’introspection et de mise en perspective de l’avenir. “Suis-je heureux dans ma situation actuelle ?”, “Que mettre en place pour m’épanouir davantage ?” sont des questions à régler indépendamment d’un tiers. En se concentrant sur soi, ses envies et son bien-être, on occupe son esprit de façon constructive et on réhabilite à terme une bonne image de soi.

Le ghosteur revient, que faire ?

Après avoir tant espéré, tant pleuré, tant souffert, il n’est pas rare que le ghosteur revienne, même après plusieurs mois d’absence. Et, fait exprès ou pas, souvent l’inconséquent personnage réapparaît justement lorsque la victime va mieux et qu’elle est en train de sortir de sa dépression amoureuse ou de sa dépendance affective. Cette étape représente un danger pour elle et il faudra faire preuve de vigilance.
3 cas de figure se présenteront :

  1. Les ghosteurs les plus fourbes mentiront sur les raisons de leur escapade, se cachant derrière des excuses plutôt que de donner des explications.
  2. Les moins immatures assumeront les causes de leur faute (car oui, ghoster est toujours une erreur difficilement pardonnable) et la victime aura peut-être des réponses utiles.
  3. Les pervers narcissiques voudront réinstaurer leur emprise, n’hésitant pas à retourner la situation. L’un des signaux d’alerte est que parfois, celui-ci ne laisse pas son jouet complètement à la dérive. En général, il a fait le nécessaire pour répondre juste assez pour entretenir le lien de soumission. Ce sera alors la faute de la victime de ne pas s’être suffisamment battue pour sauver le couple.

Dans tous les cas, la seule réponse est en soi-même. Il faut faire preuve de suffisamment d’amour-propre pour décider du pouvoir à conférer au ghosteur. Mérite-t-il l’attention qui lui est portée ? A-t-il droit au pardon et à une deuxième chance ?, c’est à la personne ghostée de reprendre le contrôle de la situation et de poser ses limites. Mais si l’on part du principe qu’une personne capable d’un tel égoïsme a toutes les chances de récidiver, qu’il soit pervers narcissique ou pas, il est bien plus sage de tirer un trait définitif sur cette histoire. Inutile d’attendre le verdict du bourreau, c’est à la victime de se positionner sur ce qui est tolérable ou non. Si elle a du mal à retrouver son système de valeurs profondes, un accompagnement thérapeutique sera tout indiqué pour cheminer vers un retour à l’apaisement émotionnel.

Le ghosting est une forme de manipulation mentale, qu’elle soit consciente ou inconsciente. On plonge volontairement l’autre dans un doute envahissant, que ce soit par pur nombrilisme ou par sadisme. En ne fermant pas la porte à la relation, on se laisse la possibilité de revenir ou non, sans prendre en compte les affects du partenaire qui subit le silence. La seule solution pour le ghosté est de cheminer seul et d’entamer au plus vite le deuil d’une relation bancale qui a déjà souffert du plus grand des affronts : le manque de respect.

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