LA VICTIME D’UN PERVERS NARCISSIQUE

Je suis comme dans une prison, où le châtiment serait d’être bloqué dans mon propre destin, celui de victime.

“Victime”, ce mot glace, effraie, terrifie. C’est un mot aux milles destins comme on en connaît tant d’autres. Être victime est un châtiment dont on ne se relève pas sans blessures, celles du passé mêlées au présent. Mais alors, être victime d’un pervers narcissique, quelle en est la signification ? Qu’est-ce que cela implique ? Et pourquoi-elle ?

Le profil type de la victime du pervers

Comme l’illustre parfaitement Louis Deniset :

Victime, oui, nous le sommes tous, d’un destin qui nous poursuit autant qu’il nous aspire.

Le préjudice corporel et moral subi par les victimes d’un pervers narcissique va bien au-delà. Au-delà de ce qu’il est humainement imaginable de subir : manipulation, emprise, abus et dépendance.

La confiance en soi, l’identité, les valeurs. C’est son monde entier qui s’effondre face à l’emprise d’un pervers polymorphe.

Ses qualités

C’est un premier point essentiel du travail d’élaboration et de reconstruction que les victimes de pervers narcissiques ont parfois du mal à saisir. En effet, ce sont les qualités et les valeurs morales et humaines de la victime qui séduisent le pervers narcissique. La joie de vivre, la spontanéité, la connaissance et la chaleur. Les victimes sont convoitées par le pervers narcissique comme un rayon de soleil au milieu d’un orage.

Ses failles

Parallèlement, ce sont les failles de la victime qui ont attiré le pervers narcissique, notamment la dépendance affective. Un manque d’estime et de confiance en soi. Une blessure qui n’aurait pas encore été colmatée, laissant apparaître sa souffrance aux yeux du pervers polymorphe. Le manipulateur voit en sa proie, la faille dans laquelle il pourrait s’engager sans trop de difficulté. Comme une réelle porte d’entrée au travail d’asservissement dans lequel la victime se trouvera plongée.

Leur vulnérabilité face au pervers narcissique est accrue par leur fragilité et leur propension à culpabiliser. Or, cela les empêche de poser des limites saines. C’est la faille idyllique dans laquelle le pervers narcissique va pouvoir exercer sa violence et sa perversion.

Empathie ou la capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent

C’est une des plus belles richesses : l’empathie ! A l’écoute, sensible, la victime du pervers narcissique comprend bien souvent ses pairs. Elle est en capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent et ce qu’il vit. C’est une noblesse de la preuve vivante de l’amour pour son prochain. Une vertu millénaire sollicitée par les plus grands sages. 

S’il y a un conseil auquel consentir quant à cette empathie, c’est de trouver le juste milieu entre soi et l’autre, pour ne pas “en pâtir”. Un juste milieu qui se travaille, qui se cherche, seul(e) où à l’aide d’un professionnel (psychanalyste, psychothérapeute ou psychiatre). 

Loyauté sans faille

Cependant, sa loyauté exemplaire a fait d’elle une proie idéale où toutes les cases sont cochées. Sa volonté de porter de l’aide sans mesure, voilà une qualité qui s’est brutalement retournée contre la victime. Dans cette relation sans fin ni limite, cela l’a vidée de toute force de s’aider elle-même.

La victime est naturellement tournée vers les autres, et cherche à se situer dans le désir de l’autre. Parfois au détriment d’elle-même, elle porte en elle un espoir symbolique grandissant. Mais le pervers réceptif ne saura que se jouer de cette ferveur pour mieux la détruire. Elle devient alors symptôme de ses failles et de son amour, dans l’instrumentalisation parfaite que recherche le pervers narcissique.

Participation involontaire à l’emprise

Paul Ohl disait :

Depuis des siècles, l’homme est victime d’un paradoxe : il cherche le métal précieux qui le libérera, et pourtant il reste son prisonnier.

La victime est naturellement tournée vers les autres, et cherche à se situer dans le désir de l’autre. Parfois au détriment d’elle-même, elle porte en elle un espoir symbolique grandissant. Mais le pervers réceptif ne saura que se jouer de cette ferveur pour mieux la détruire. Elle devient alors symptôme de ses failles et de son amour, dans l’instrumentalisation parfaite que recherche le pervers narcissique.

La victime s’est tue, renfermée pour retrouver l’état idyllique de sa rencontre avec le pervers. Malheureusement, sans se douter une seule seconde que c’est justement ce qui ne ferait qu’aggraver la situation..

Dans le paroxysme le plus total, les valeurs de la victime, ses agissements et sa dévotion ont permis au pervers narcissique de renforcer son ascendance sur elle. Plus la main est lourde, plus la victime tente de se justifier, de se faire aimer. Conséquence de quoi, elle se retrouve d’autant plus asservie.

C’est une complicité involontaire dans laquelle elle s’est jetée à corps perdu, une prison invisible dont les murs bâtis sur de l’amour et de la luminosité, n’ont participé qu’à l’embauche d’un bourreau dont elle n’avait pas conscience. Les règles de l’établissement que vous portiez, où altruisme et bonheur étaient vos missions, se sont retournées contre vous.

Somme toute, c’est une valse d’attirance et de répulsion. Entre dégoût de soi et nostalgie de la lune de miel. Valse où symptômes, culpabilisation, manipulation et isolement de l’entourage règneront en maître. Une réalité alternée dont les psychanalystes et psychothérapeutes tentent d’en révéler les complexes manifestations de souffrance. C’est à cet égard une pantomime de violence et de perversion.

Victime : de chez soi à chez l’Autre

Les manipulations du pervers narcissique sont si bien orchestrées, que ni la victime ni l’entourage personnel ou professionnel de la victime ne se rendent compte du manège morbide. Voici quelques situations dans lesquelles les victimes peuvent être confrontées à un pervers narcissique :

Conjoint de pervers narcissique

La recherche de l’amour est sans doute le moment humain et solennel, dans lequel l’Homme s’ouvre et se livre le plus. C’est un moment vulnérable de lâcher prise et d’exploration de soi, dont les victimes de pervers narcissiques sont d’autant plus à vif qu’elles s’ouvrent au bourreau qui s’apprête à les détruire. Les conjoints de pervers narcissique, une violence invisible mais plus que bien ancrée dans le réel.

Enfant de pervers narcissique

L’enfance est le moment le plus crucial de la vie d’un être humain. C’est un moment de construction de soi, d’amour et de définition de soi, où l’enfant ne peut survivre sans l’autre. Face à un parent pervers narcissique, l’enfant est plongé dans un univers dysfonctionnel et tyrannique, auquel il ne peut malheureusement échapper.. l’isolement de l’entourage et la non connaissance d’une réalité autre que celle-ci sont à la source d’une perversion encore plus marquée où souffrance et distorsion de la réalité sont maître mots.

Collègue de pervers narcissique (hiérarchie, subordonné)

Le monde du travail est l’une des sphères de la vie où les victimes de pervers narcissiques sont également très nombreuses. Victimes de la hiérarchie et des ordres à exécuter, les victimes se trouvent avalées dans une spirale mêlée d’injonctions contradictoires, de tâches herculéennes à accomplir et de harcèlement moral pathologique dans leur sphère professionnelle. Le harcèlement du pervers narcissique ne connaît pas de crise, sinon celle du silence de ses victimes prises au piège dans une tourmente infernale.

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