6 signes de maltraitance psychologique
L’abus émotionnel du PN est pernicieux et fait parfois plus de ravages que la violence physique, car il blesse l’âme. Il s’immisce progressivement, sans que la victime ou son entourage s’en aperçoive. Le symptôme principal est une perte d’estime de soi, but du pervers narcissique. Lorsque la confiance en soi est entamée, c’est qu’elle a mis du temps à se mettre en place et est déjà profondément ancrée. Le combat pour guérir de la maltraitance psychologique est long, fastidieux et implique souvent un accompagnement thérapeutique. Pour éviter d’en arriver à des extrêmes, voici 6 signes de harcèlement moral auxquels être attentif.
Penser qu’on ne sera jamais à la hauteur
Le manipulateur sentimental sait épater la galerie. Acteur hors pair, il est perçu en société comme brillant, sympathique, serviable et charismatique. À force de love bombing et autres démonstrations de générosité débordante (mais feinte), il a réussi à séduire sa victime qui se sent privilégiée d’être l’élue. De ce déséquilibre naît l’abus moral. Face à un personnage si extraordinaire et apprécié de tous, la proie se sent d’emblée inférieure et en retrait.
Le pervers narcissique utilise l’humour pour critiquer subtilement sa partenaire, notamment en lui lançant des piques devant tout le monde. Sous couvert de se montrer taquin ou de faire rire l’assemblée, il s’autorise des remarques désobligeantes, voire humiliantes. S’en offenser équivaudrait à manquer d’autodérision, alors la victime encaisse en silence et personne ne voit le machiavélisme de ce comportement dénigrant. Plus le temps passe, et plus elle est rabaissée, parfois dans un effort collectif dû à une triangulation stratégique voulue par le PN, utilisant le phénomène de gaslighting. Ce n’est ni plus ni moins du harcèlement moral. La victime finit par accepter qu’elle ne sera jamais à la hauteur et pourtant, fournira des efforts constants et épuisants pour s’attirer les bonnes grâces de son formidable bourreau.
Voir ses sentiments reniés ou retournés contre soi
Lorsqu’une détresse psychologique apparaît chez quelqu’un, que la raison soit intra ou extra familiale, le réflexe le plus humain du témoin de cette souffrance est de vouloir aider. Un interlocuteur bienveillant fait en général preuve de compassion et veut réconforter. Mais chez le PN, l’empathie est une arme utilisée à mauvais escient. Bien sûr, il voit que sa victime est plongée dans le désarroi, et cela lui ouvre justement la porte à encore plus d’abus émotionnel.
La faiblesse est une opportunité pour le manipulateur sadique. C’est tellement jouissif pour lui de piétiner quelqu’un qui est déjà à terre qu’il lui est bien impossible de résister. Ainsi, si la proie a passé une mauvaise journée de travail, elle se verra taxer de chercher les ennuis et d’avoir provoqué le courroux de ses pairs ou supérieurs, ou bien de se comporter de façon puérile. Si elle est triste de ne pas avoir été invitée au mariage de sa cousine, elle entendra que c’est parce qu’elle est compliquée à gérer, ou qu’elle n’est pas de bonne compagnie. De toute façon, soit la situation est de son fait, soit de son imagination. Cela revient à considérer qu’elle est responsable de tous les événements à l’origine de sa souffrance psychologique.
Être comparé constamment
La victime d’abus émotionnel fait tomber quelque chose ? C’est qu’elle est encore plus maladroite que son horrible mère. Elle a mis une jolie tenue pour sortir ? Cela lui va moins bien qu’à sa superbe sœur. Elle a cuisiné toute la matinée pour faire un bon plat ? Il n’est pas aussi savoureux que celui que faisait l’inégalable ex du PN. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, la proie rappelle quelqu’un d’autre à son bourreau, mais en pire. C’est comme si son individualité n’était pas reconnue. Elle n’est qu’un pâle copie manquée de quelqu’un d’autre. Difficile de faire plus dévalorisant que d’être perçu comme une image dégradée d’une autre personne.
Le point de référence absolu de la victime de violence psychologique devient son bourreau. Lui seul a raison et constitue un exemple à suivre. Il se met constamment en avant et détient la seule et unique vérité. Reléguée au second plan, la proie n’a plus aucune légitimité à contredire son harceleur, ni même à le remettre en question.
Se sentir incompris face à l’abus émotionnel du PN
La confusion plane en permanence au-dessus de la tête de la victime d’abus moral. Elle ne sait pas ce qui lui arrive et se sent incomprise des autres. Ses tourments et ses émois ne sont jamais pris en compte, au point qu’elle doute de leur bien-fondé. Comme son interlocuteur ne fait jamais l’effort de se mettre à sa place, toutes ses tentatives d’explications sont rendues nulles et irrecevables. Au-delà de n’être pas comprise, elle n’est pas entendue, jusqu’au point de s’isoler dans sa peine et de s’autodévaloriser.
Le manipulateur sentimental doit être le centre d’intérêt. Il est le seul digne d’égards. Les tourments internes de sa victime sont malvenus et déclassés au point qu’ils ne méritent même pas que l’on s’y attarde. La victime finit par tout refouler d’elle-même, créant une véritable bombe émotionnelle à retardement. Cette violence morale répétée pourra causer à terme des troubles alimentaires, du sommeil, du comportement ou toute autre manifestation symptomatique de l’état dépressif de la personne harcelée.
Être jugé futile
Toute manifestation d’envie ou d’ambition est immédiatement découragée. Sous le prétexte de vouloir protéger sa proie d’un échec inéluctable par pure bonté, le pervers narcissique (ou tout autre manipulateur psychologique) tuera dans l’œuf le moindre élan de motivation. Briser la volonté et démolir les désirs d’indépendance entretient le lien de soumission.
Ce qui anime la victime d’abus émotionnel, ses aspirations, ses goûts, ses habitudes sont vains et immédiatement tournés au ridicule. À force, elle s’isole de toute vie sociale et professionnelle, n’ayant plus rien à partager d’excitant à son sujet et ne cherchant même plus l’inspiration ailleurs. Le vide intérieur qu’elle ressent l’enferme encore plus dans sa prison et la rend totalement dépendante de son geôlier.
Se voir infantilisé
Lorsque l’on se sent diminué, on finit par devenir incapable. Si tous les choix, toutes les actions, tous les avis, toutes les paroles, toutes les interprétations sont des erreurs, la victime de violence morale se déresponsabilise. Elle remet ainsi les rênes de sa vie à son bourreau et ne se sent plus à même de s’assumer. Le lien de dépendance est du même ordre que celui d’un enfant envers ses parents.
La victime est convaincue de son inaptitude à se gérer seule au quotidien. Le PN a alors tout le contrôle de sa vie et n’hésite pas à asseoir sa toute-puissance par des menaces ou des châtiments. Il ne manque pas une occasion de faire sentir à sa proie combien elle serait mal en point s’il ne lui faisait pas l’immense honneur de s’occuper d’elle. La réalité, c’est que c’est tout l’inverse : toutes les victimes de pervers narcissiques sont bien plus capables de prendre leur vie en main qu’elles ne le pensent lorsqu’elles sont sous emprise.
L’abus émotionnel du PN est nettement moins pris au sérieux que les violences physiques, y compris par les victimes elles-mêmes. Pourtant, les conséquences de maltraitances psychologiques peuvent poursuivre les individus toute leur vie. La souffrance morale et la douleur physique siègent dans la même zone cérébrale et devraient être considérées avec la même importance. D’ailleurs, guérir des tissus est bien souvent un processus plus simple que de soigner une blessure psychique qui nécessite quasiment systématiquement l’intervention d’un psy ou d’un thérapeute spécialiste de la manipulation affective.