Yvon
Bonjour à toutes et à tous, j’ai hésité avant de vous écrire, et puis je me suis dit que mon témoignage pourrait certainement aider d’autres personnes et m’aider aussi un peu à avancer. Tout d’abord merci pour votre site qui m’a beaucoup éclairé sur des situations que j’ai vécues et qui ouvrent les yeux pour les victimes. (Même si je trouve un peu dommage que beaucoup d’articles, je ne parle pas que de votre site, considèrent systématiquement que les PN sont des hommes, mais bon, je pense que ce doit être dû aux statistiques des cas que vous croisez en cabinet). Et aussi, cela soulage de voir que je ne suis pas seul et que je ne suis pas fou !
Je suis moi-même victime de mon ex-femme
Je l’ai été pendant mon mariage et j’ai divorcé il y a un an. Déjà au fil de nos années mariés, je sentais un malaise profond et je me suis reconnu dans beaucoup de situations et notamment l’inversion de situation ou la culpabilité inversée (elle m’accuse d’être bi-polaire, d’être coupable de tout), les accusations mensongères (elle m’accuse d’avoir failli tuer notre fils), menaces (délation, menace de procès), les humiliations insidieuses (sur ma capacité de père, mes capacités sexuelles), manipulation diverses (par le biais de ma famille), mensonges (sur des actes notariés nous concernant), changements de comportement incompréhensibles (rejet d’amis et famille discréditée…)…
Au cours de notre mariage qui a duré presque 20 ans,
j’ai aimé ma femme comme un fou (et je pense que je l’aime encore…). Notre relation s’est dégradée à partir du moment où elle a eu une aventure avec un ex qu’elle qualifiait elle-même de pervers narcissique… Relation dans laquelle elle m’a embringué, tenu au courant, allant même jusqu’à conter les frasques sexuelles !… Je me suis rendu compte au fil du temps qu’elle construisait mensonges sur mensonges. Je lui ai donné d’abord beaucoup de circonstances atténuantes (elle a été violée à un très jeune âge), et une relation très perverse s’en est dégagée, à un point que je me suis demandé si je devenais fou ou si c’était moi l’agresseur! Elle a voulu garder une relation “amicale” que je ne voulais pas et que j’ai malgré moi essayé de maintenir pour les enfants (peur de les perdre, de passer pour le mauvais père).
J’ai toujours “su” ou cru savoir “gérer”
Ce que je voyais comme des imperfections et qui se sont révélés être des comportements très toxiques. Bilan : 4 ans de psy (et je pense que ce n’est pas terminé), une dévalorisation et une perte de confiance totale de moi, j’ai même pensé au suicide, eu des angoisses et anxiétés à me rouler par terre, des troubles du sommeil à répétition (attention, je n’attribue pas ces maux à mon ex-femme, car je suis d’un naturel anxieux et avait déjà eu des phases dépressives avant notre histoire, mais ça été sans aucun doute un facteur agravant). Mais après un passage de 15 ans sans gros accrocs, une situation de foyer dont j’étais fier, une famille que j’adorais (et certainement idéalisait), badaboum…
Aujourd’hui je commence à comprendre
Je commence à admettre seulement la situation et à mettre des mots, bref à me rendre compte !
J’ai une compagne que j’aime et qui m’aime depuis 3 ans. Pour vous dire, il y a encore 1 an, je défendais mon ex-femme, lui trouvait des circonstances atténuantes, me sentait mal quand je disais du mal d’elle sans sa présence, j’ai même cherché à lui faire rencontrer ma nouvelle copine !
Il y a 3 jours encore, mon ex a réussit à me faire appeler chez elle : pendant 30 minutes elle m’a dévalorisé, menacé, détruit, anéanti, alors qu’elle prétend vouloir rétablir une communication saine avec moi ! Il n’y a qu’une seule vérité : la sienne. Inutile de parlementer !…
Heureusement, j’y vois de plus en plus clair
(un grand merci à ma compagne qui est si compréhensive et si patiente) et j’apprends à dire non et surtout à ne pas avoir peur d’elle. Moi-même je ne me considère pas comme totalement guéri (et pourtant je peux vous dire que je suis d’ordinaire un homme confiant, optimiste et gai).
Pour ceux qui se posent des questions et qui vivent ce genre de situation : FUYEZ ! Tout de suite ! Ecoutez votre ventre et votre instinct, il ne vous trompe jamais, il est là pour vous protéger! Rappelez vous également que pour qu’une relation perverse s’installe il faut être deux. Si vous fuyez, il n’y a plus de pervers, plus de victime. En ne vous culpabilisez pas de le faire! C’est ce qu’il/elle cherchera à faire dans le seul but de faire joujou…
Aujourd’hui
je ne veux plus parler à mon ex, même s’il m’en coûte avec mes enfants.
Aujourd’hui
je ne veux plus la rencontrer, ni même la croiser.
Aujourd’hui
je dépose les enfants devant la maison de mon ex.
Aujourd’hui
je veux ne plus avoir peur de fuir ou ne veux plus me sentir honteux de le faire
Aujourd’hui
je veux être libre et heureux, vivre ma vie !
Si vous êtes dans une telle situation, courage, il en coûte parfois, mais avec un peu de travail sur soi c’est possible !
Et pourtant, malgré tout cela, il y a encore des jours où je me surprends à douter. Non pas de ce que j’ai vécu – les preuves sont là, claires et indéniables – mais de moi-même. Comme si cette petite voix, semée par des années de dénigrement et de manipulations, murmurait encore : « Peut-être que tu aurais pu faire mieux ? Peut-être que tu es vraiment celui qu’elle décrivait ? » C’est le poison insidieux qu’une relation toxique laisse derrière elle. Mais, pas à pas, je m’en libère.
Avec ma compagne actuelle, je découvre ce qu’est une relation saine. Pas parfaite, mais saine. Où on peut être soi-même, avec ses forces et ses faiblesses, sans craindre d’être jugé ou attaqué. C’est une découverte, presque un apprentissage, d’aimer et d’être aimé sans devoir « mériter » chaque geste de tendresse. Et cela m’aide, un peu plus chaque jour, à réparer ce qui a été brisé en moi.
Je ne vous dirai pas que c’est facile. Les blessures sont profondes, et la tentation de retourner dans l’ombre, où tout semble plus simple, est parfois forte. Mais ces blessures ne définissent pas qui je suis. Elles sont juste la trace d’un combat, un rappel de ce que j’ai surmonté.
Si je peux donner un conseil à ceux qui lisent ces lignes et se reconnaissent dans mon histoire : ne sous-estimez pas votre force. Même si vous avez l’impression d’être au plus bas, même si vous avez été réduit à une version de vous-même que vous ne reconnaissez plus, il y a encore une lumière en vous. Elle peut sembler faible, vacillante, mais elle est là, et elle mérite d’être protégée. Entourez-vous de personnes qui la nourriront, qui vous aideront à la raviver.
Et surtout, pardonnez-vous. Pas pour ce que vous avez vécu – vous n’en êtes pas responsable – mais pour les moments où vous vous êtes cru coupable, pour les jours où vous vous êtes reproché d’aimer encore, ou d’avoir été faible. Pardonnez-vous d’être humain, tout simplement.
Aujourd’hui, je continue de me battre, pour moi, pour mes enfants, pour l’homme que je veux redevenir. Chaque « non » que je prononce à mon ex-femme est une victoire. Chaque sourire échangé avec ma compagne est une petite réparation. Chaque matin où je me lève sans cette boule d’angoisse dans la poitrine est une preuve que je progresse.
Alors, à vous qui vivez peut-être quelque chose de similaire, je vous dis : ne baissez pas les bras. Votre bonheur est encore possible, et il vaut la peine de se battre pour l’atteindre. Vous n’êtes pas seul, et vous n’êtes pas fou. Vous êtes juste quelqu’un qui a aimé, qui a été blessé, et qui a maintenant le droit, comme moi, de se reconstruire.