LA JALOUSIE DU PERVERS NARCISSIQUE
La jalousie chez le pervers narcissique est souvent un trait dominant de son caractère. Elle prend des proportions très importantes dans la relation, car elle participe grandement à la manipulation mentale et représente un moyen d’isoler les victimes. Elle présente donc, un caractère pathologique.
Même lorsqu’ils ont l’air d’admirer les autres, les pervers narcissiques se réjouissent rarement de leur bonheur. Leur égocentrisme leur rend difficile la vue de la chance et de la réussite d’autrui. Elle fait naître chez eux un profond sentiment d’injustice. La jalousie chez le pervers narcissique est donc un sentiment assez banal, dès que sa radieuse personne n’occupe pas le devant de la scène. Elle rejaillit sous forme de critiques acerbes vis-à-vis de ceux de son entourage disposant d’attributs dont il ne dispose pas : réussite sociale, instruction, physique avantageux, affection des autres… S’il lui arrive de cultiver de bonnes relations avec de telles personnes, c’est souvent qu’il cherche à en tirer avantage. Mais que l’on ne s’y trompe pas, cela n’exclut nullement chez lui une secrète jalousie.
Lorsqu’il jette son dévolu sur une victime, la jalousie du pervers narcissique devient souvent une arme redoutable.
Elle va s’exprimer au départ de façon mesurée, par des remarques sur son apparence pour tenter de l’ « éteindre » et de lui ôter sa séduction. L’homme pervers commence par prendre en grippe la féminité de sa compagne. Il commente son maquillage, ses vêtements trop sexy, sa familiarité… La femme manipulatrice, elle, fera de petits reproches bien appuyés à son compagnon sur son apparence quand elle le voit sortir.
À ce stade, les victimes cèdent souvent innocemment, la jalousie étant très souvent malencontreusement assimilée à de l’amour et de l’attachement. La culpabilité sera d’ailleurs généreusement employée pour justifier cette intrusion dans leur vie : « Mais c’est parce que je t’aime, voyons… » Petit à petit, la victime se laisse donc envahir et consent à se plier aux désirs de son tyran. Et c’est là une belle erreur, car il va ensuite amplifier le harcèlement pour envahir complètement son espace personnel.
La jalousie d’un pervers narcissique le pousse ensuite à revendiquer une exclusivité totale sur l’autre.
D’où la nécessité de se débarrasser de l’entourage de ses victimes. Chantage, dénigrement, intimidation : tout est bon pour le mettre à distance. Il faut savoir que c’est avant tout pour que ce harcèlement moral cesse, que les victimes consentent, petit à petit, à s’éloigner de leurs proches. Ce qu’elles ignorent, c’est que pour la retenir dans ses griffes, le pervers les dénigre aussi vis-à-vis de ces proches qu’elles aiment.
Une fois l’isolement orchestré, leur voie est tracée : elles deviennent la propriété de leur bourreau. Il va alors déployer sa jalousie dans toute son ampleur, et dans tous les domaines de leur vie (matériel, professionnel, personnel).
Le versant pathologique
La jalousie d’un pervers narcissique est celle des jaloux maladifs. Elle les pousse à fouiller les affaires de leurs victimes et à inquisiter sans cesse dans leurs fréquentations et dans leur vie. Ils leur font vivre en cela un véritable enfer. Ils usent de violence et cassent par exemple, les objets auxquels elles tiennent. Car un manipulateur pervers est un grand immature qui n’a pas grandi. Il rivalise de façon inconsciente avec tous ceux qui lui volent le temps et l’énergie de sa proie. Il sera agressif vis à vis des enfants, ou à défaut, avec les animaux de compagnie. À cet égard, une vie de famille avec un conjoint pervers narcissique rime avec culpabilité et mal-être profond pour les mères. Elles ne peuvent à la fois répondre aux sollicitations de ce compagnon autoritaire et parano, et aux besoins de leurs enfants.
Les crises de jalousie d’un pervers narcissique n’ont d’ailleurs rien à voir avec les crises de jalousie d’une personne ordinaire. Il s’agit de véritables rages, assorties souvent d’accusations aussi outrancières que délirantes. Elles ont pour résultat d’entraîner chez ceux qui en sont victimes, un véritable effet de sidération. Ils essaieront, néanmoins, toujours de défendre leur intégrité, tout en se demandant souvent si ce qu’ils entendent est bien vrai. Vains efforts bien sûr, qui reviennent à se battre contre des moulins à vent…
Un pervers narcissique possède des trésors d’imagination pour accabler et blesser son ou sa partenaire !
Ces propos ridicules à première vue, cachent une stratégie d’emprise très efficace. Car, en s’usant en de vaines justifications, les victimes perdent la force et le courage de vivre comme elles l’entendent. Elles perdent ainsi peu à peu leur liberté et leur autonomie. Ce qui n’est pas réciproque, bien sûr, car le partenaire pervers lui, continue de vivre pleinement sa vie. Comble d’ironie, la fidélité n’est pas son fort, car son narcissisme le pousse à prospecter sans cesse autour de lui un vivier de nouvelles victimes. Mais chez lui, le mystère règne et il garde le silence sur ses absences. À l’extérieur, selon le fonctionnement bien connu de la perversion narcissique, les rôles sont inversés. C’est sa compagne qu’il va faire passer pour folle, et la jalouse, bien sûr, ce sera elle.
Les enjeux de la jalousie
Si le pervers narcissique est un grand jaloux, c’est que le trouble narcissique dont il est atteint lui ôte toute estime de soi authentique. Mais il n’est pas uniquement possessif, il a besoin aussi d’être destructeur. Là où d’autres jaloux étouffent leur partenaire, lui a besoin de la faire souffrir. La jalousie d’un pervers narcissique ramène à la question du pouvoir chez ce type de personnalité : elle sert d’outil d’emprise et de domination.
Plus d’amis, plus de sorties, plus d’activités. Seul l’ego du tyran domine la vie des victimes qui se retrouvent dépossédées de leur personnalité. Pour guérir, elles devront comprendre qu’elles se sont fait voler. Cela est d’autant plus patent que les manipulateurs ne manquent pas de s’emparer chez l’autre des ressources qu’ils leur convoitent sur le plan matériel. L’erreur des victimes est de croire à la relation avec ce type de partenaire, alors que lui n’est jamais authentiquement en relation avec quiconque. Les autres existent au travers de son intérêt : tel est le visage qu’il cache au départ sous son masque de gentil. S’il sent sa victime éprise d’un autre partenaire, il peut décider de rompre, son égo étant bafoué. Il ne sera d’ailleurs jamais long à se consoler.
Dans l’ombre tortueuse de la jalousie du pervers narcissique, il est essentiel pour les victimes d’allumer des flambeaux de résilience. Une première étape consiste à cultiver un jardin secret de bien-être personnel, où les pensées et les émotions peuvent fleurir loin de l’influence toxique. Cela peut impliquer des pratiques comme la méditation guidée, le yoga ou même des promenades solitaires dans la nature, offrant un havre de paix pour restaurer l’équilibre mental.
Parallèlement, il est bénéfique de tisser une toile de relations positives et authentiques. La création de liens avec des personnes qui valorisent et respectent l’individualité peut agir comme un contre-poids aux effets néfastes de la jalousie narcissique. Ces connexions peuvent venir sous la forme d’amitiés sincères, de groupes de soutien ou même de relations professionnelles bienveillantes.
Un autre aspect crucial est l’art de la journalisation introspective. Tenir un journal offre un espace sécurisé pour exprimer des pensées et des sentiments, souvent réprimés dans une relation avec un pervers narcissique. Cet exercice peut aider à clarifier les expériences vécues, à démêler les émotions complexes et à tracer un chemin vers la reprise du contrôle sur sa vie.
Enfin, la quête de nouvelles passions ou la redécouverte d’intérêts oubliés peut être une puissante bouffée d’air frais. Que ce soit l’apprentissage d’un instrument de musique, la peinture, la cuisine, ou tout autre hobby, ces activités peuvent renforcer l’identité personnelle et offrir des moments de joie et d’accomplissement, loin des turbulences émotionnelles.
La route vers la guérison est pavée de petits succès personnels et de moments de paix retrouvée. Chaque pas en avant est un acte de courage et un témoignage de la force intérieure, rappelant que la lumière peut percer même dans les nuits les plus sombres.