9 POINTS POUR COMPRENDRE COMMENT ÊTRE UN BON PARENT QUAND ON A EU UN PARENT TOXIQUE ?

Comment être un bon parent quand on a eu un parent toxique ? Notre vécu avec un père pervers narcissique ou une mère manipulatrice sentimentale nous prédestine-t-il à reproduire un schéma dévastateur auprès de notre progéniture ? Ou au contraire, un enfant sous l’emprise d’un parent toxique deviendra-t-il, à l’âge adulte, un exemple de parentalité bienveillante ? Voici 9 pistes pour se libérer des modèles d’éducation entachés de manipulation.

Prendre en compte les émotions infantiles pour être un bon parent

On entend souvent que les enfants sont des éponges émotionnelles. Essentielles à leur construction intra et interpersonnelle, les émotions déterminent leurs futurs comportements. Mieux elles seront identifiées, plus elles seront contrôlables pour atteindre, avec la maturité, un certain équilibre psychologique.
Un enfant en proie à n’importe lequel des six émois humains (peur, colère, tristesse, joie, surprise, dégoût) ne devrait jamais être enjoint à le refouler. Des phrases comme “arrête de pleurer, ce n’est rien” ou “les superhéros n’ont pas peur du noir, eux !”, etc., peuvent avoir des conséquences terribles, car elles renient à l’enfant son ressenti. Or, apprendre à ne pas faire confiance à ses sensations, c’est se couper de son intériorité et instaurer un doute permanent sur la validité de son jugement. Un enfant qui pleure, par définition, a des raisons de pleurer, lui dire que ce n’est rien revient à lui signifier qu’il ne peut pas faire confiance en son propre ressenti, que celui-ci est illégitime (vous sentez tout de suite l’effet que cela peut avoir sur ces mêmes questions à l’âge adulte !).
Une émotion doit être accueillie pour être reconnue et donc, maîtrisée. L’enfouir, c’est poser une bombe à retardement. Un enfant qui exprime un sentiment, aussi démesuré et incompréhensible semble-t-il, devrait toujours être écouté et guidé vers un apaisement. L’injonction à combattre son ressenti n’a pas de sens. Le déni ou la minimisation des émotions infantiles, surtout venant de modèles parentaux en qui l’enfant place une confiance aveugle, causent des dommages aussi conséquents que durables.

Protéger les rêves enfantins pour ne pas les intoxiquer des frustrations d’adultes

Un enfant n’est pas une deuxième chance, pour son parent, de réparer ses échecs passés. Et pourtant, il est encore si courant que nos jeunes soient pressés à devenir médecins, militaires, reines de beauté, etc. pour perpétuer la tradition familiale ! Avoir un avenir tout tracé, servi par ceux qui disent vouloir le meilleur pour leur enfant, équivaut à tuer ses propres rêves et à lui interdire l’épanouissement personnel. Ne pas demander à un enfant ce qu’il aimerait être ou faire pour en décider à sa place, c’est le priver de son droit au bonheur et donc, être un mauvais parent.

Encourager l’enfant à cultiver sa différence pour s’affirmer

Dans la même logique, celui qui se croit bon parent a toujours une ambition débordante pour son enfant. Bien souvent malgré lui, il projette des idéaux standardisés de ce que la société attend d’un modèle de réussite. Mais cela représente un formatage qui va à l’encontre de l’affirmation de soi. Cultiver sa différence, assumer ses choix, cela relève d’un caractère iconoclaste qui, s’il peut angoisser les parents traditionalistes, devrait être vu comme une chance d’ouvrir de nouvelles perspectives. Chaque être est unique et c’est une richesse que de côtoyer des personnalités surprenantes. Tout enfant a le potentiel de faire bouger les lignes, à condition de lui apprendre que c’est une qualité. Plutôt que de lui asséner des paroles dénigrantes comme “tu es toujours dans la lune”, “tu es trop sensible” ou “tu m’épuises”, il vaut mieux explorer le caractère créatif des petits rêveurs, encourager la générosité des enfants empathiques, enseigner aux jeunes exaltés à tirer parti de leur énergie débordante, etc.

Favoriser l’autonomie dès le plus jeune âge pour ne pas être un parent toxique

Certains adultes éprouvent une telle joie à endosser le rôle de parent qu’ils en deviennent toxiques. En effet, le “papa poule” surenveloppant pourra par exemple induire son enfant à considérer que la vie est un danger permanent et que seule la présence du père peut le sauver.
Il y a aussi la mère sacrificielle qui commet inconsciemment l’erreur de faire porter à son fils ou à sa fille le fardeau de tout ce qu’elle a perdu en mettant son bébé au monde. Protéger sa descendance, c’est lui apprendre à puiser dans ses ressources intérieures en l’incitant à trouver elle-même les solutions plutôt que de les lui fournir sur un plateau. Un parent pervers narcissique est incapable d’encourager l’autonomie de son enfant puisque l’aider à grandir et à s’émanciper revient à le prémunir des techniques de manipulation.

Lutter contre culpabilisation et autres formes d’abus moral ou physique sur les enfants

La culpabilisation de l’enfant par un parent toxique est tellement ancrée dans les schémas d’éducation qu’on n’en voit même plus les effets. Une phrase telle que “mange encore une cuillère pour papa… et une autre pour maman, etc.” ne choque personne alors qu’elle perturbe la capacité de l’enfant à gérer son propre appétit (avec tous les troubles alimentaires qui pourraient en découler). De plus, cela représente une injonction à “faire plaisir” à ses parents, au détriment de sa propre envie. “Si tu ne me fais pas de bisou, je serai très triste” est un exemple volontairement anodin en apparence pour illustrer le principe du chantage affectif, qui pose les prémices de la manipulation. Pour bien élever son enfant dans la bienveillance et la positivité, il faut savoir détecter les phrases chargées de contraintes pour en interroger le bien-fondé. Et surtout, il convient de garder en tête que l’autorité réside dans le fait de permettre, plutôt qu’uniquement interdire ou négocier une contrepartie. Et bien évidemment, le châtiment corporel est à proscrire totalement, surtout qu’il est interdit par la loi Française.

Réfréner les jalousies et les manipulations pernicieuses

Dans le cas d’une fratrie, recomposée ou non, ou dans n’importe quel schéma familial où plusieurs individus se côtoient, la jalousie est un fléau. Le parent pervers narcissique est adepte de l’adage “diviser pour mieux régner”. Un bon parent fera tout son possible pour que chaque membre de la famille, tous âges confondus, trouve sa place et joue un rôle utile et valorisant dans le groupe. Favoriser l’esprit d’entraide et de solidarité est essentiel dans tout microcosme.

Préserver sa progéniture du conflit avec l’autre parent

Nous savons que le parent PN n’hésite pas à utiliser sa progéniture pour assouvir son besoin destructeur. Mais même lorsqu’un couple de personnes relativement équilibrées se sépare, les parents peuvent facilement tomber dans le travers de mettre leur enfant au cœur de leur conflit. Les juges aux affaires familiales sont d’ailleurs aux premières loges pour rappeler aux parents se déchirant sur les questions de garde que l’intérêt du mineur prime toujours sur le reste. Il est impératif pour l’enfant de se construire avec l’image rassurante d’un père et d’une mère aimants. Malgré les différends entre adultes, il ne faut pas détruire ces symboles fondamentaux de construction psychique. En effet, dénigrer un ex-conjoint devant son fils ou sa fille, même si le parent s’est mal comporté, a surtout pour effet de meurtrir l’enfant.

Être honnête et transparent quant à sa capacité parentale

Le meilleur moyen d’être un parent exemplaire, c’est de montrer que l’on fait de son mieux, tout en admettant que la perfection n’existe pas. C’est bien là la plus grande différence avec un parent manipulateur pervers qui, lui, se présente sous un aspect irréprochable. Découvrir que ses parents sont humains et faillibles est souvent déstabilisant dans le cheminement personnel. C’est pourquoi pour aider son enfant à bien grandir, il faut plutôt se positionner comme quelqu’un d’honnête, conscient de ses qualités et de ses défauts, responsable de ses erreurs et déterminé à s’améliorer. La communication est la clé de cela. Un père et une mère consciencieux et bienveillants n’ont pas peur de décevoir leur progéniture en cas d’échec. Ils ne tenteront pas non plus de masquer leurs impairs en jouant sur le mensonge, l’imprécision et les promesses intenables.

Se détacher de son parent toxique pour cesser toute influence

Enfin, afin de mettre toutes les chances de son côté pour devenir un bon parent quand on a eu un parent toxique, il est préférable de mettre de la distance avec l’ascendant identifié comme nocif. La parentalité possède son lot de doutes et d’angoisses qui fragilisent et bousculent les certitudes. C’est l’occasion rêvée pour des figures d’autorité néfastes d’exercer leur influence dévastatrice. Savoir s’entourer de modèles d’éducation vertueux ou bénéficier d’un soutien psychologique garantira une bien meilleure expérience du lien parent-enfant que de s’efforcer de garder contact avec un ascendant toxique, au nom des conventions.

La chose la plus évidente qui soit en matière de parentalité, c’est d’admettre que son enfant est une personne à part entière, et ce, dès sa naissance. Ce n’est ni un objet, ni un poids, ni un outil de réparation de soi et encore moins un moyen d’accomplissement. Un parent idéal, c’est tout simplement quelqu’un qui va accompagner l’enfant vers la découverte de lui-même. Être un bon parent quand on a eu un parent toxique, c’est aussi avoir la référence de ce que l’on ne veut pas être, surtout si le problème a été clairement identifié et résolu, notamment grâce à un accompagnement thérapeutique, par exemple. S’il est toujours compliqué d’être père ou mère, un tel vécu pour aussi donner, finalement, un avantage pour démarrer cette aventure sous de meilleurs auspices.