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Sortir du rôle de victime : si facile ?

13 Juin,2022

Rédaction : Pascal Couderc, psychologue, psychanalyste et auteur, président du comité scientifique de pervers-narcissique.com

Qu’est-ce qu’un traumatisme psychique ?

Une surcharge émotionnelle impossible à traiter

Le traumatisme psychique ne se définit pas par la nature de l’événement, mais par l’impact qu’il produit.

Il apparaît lorsque la charge émotionnelle excède la capacité de la personne à la traiter.

Le psychisme ne parvient ni à symboliser, ni à digérer. Il encaisse, se fige, ou se dissocie.

Il tente de se protéger, parfois au prix d’une rupture avec le réel.

Les effets sur le fonctionnement psychique

Ce type de sidération affecte les fonctions mentales de manière profonde :


  • Mémoire fragmentée : difficultés à se rappeler clairement ou au contraire, souvenirs intrusifs qui surgissent sans prévenir

  • Humeur instable : passages brutaux de l’anxiété à l’apathie, sans transition apparente

  • Attention dispersée : impossibilité de se concentrer durablement sur une tâche

  • Repères temporels flous : confusion entre passé et présent, impression de revivre les événements

La pensée devient morcelée. L’émotion ne circule plus. Elle encombre.

Le sujet peut se retrouver dans un état de confusion persistante, parfois sans parvenir à relier ce qu’il vit à ce qu’il a subi.

💡 À retenir

Le traumatisme n’est pas défini par l’événement lui-même, mais par votre incapacité momentanée à le traiter. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une réaction normale à une situation anormale.

Les facteurs aggravants dans les relations toxiques

Dans le contexte d’une relation avec un pervers narcissique, plusieurs éléments renforcent le potentiel traumatique :

La répétition : les violences psychologiques ne sont pas ponctuelles. Elles reviennent, encore et encore.

L’ambiguïté du lien : l’alternance entre moments de tendresse apparente et violences crée un brouillage émotionnel.

La durée : plus l’exposition est longue, plus les traces sont profondes.

L’isolement émotionnel : la victime se retrouve seule face à la violence, sans témoin ni soutien.

Il ne s’agit pas d’un effondrement brutal, mais d’un processus d’érosion. Progressif. Silencieux. Mais ravageur.

Le traumatisme des relations toxiques

Les relations toxiques avec un pervers narcissique constituent en soi un véritable traumatisme.

Bien que l’expérience de chacun soit unique, les répercussions et les conséquences sont nombreuses chez les victimes des manipulateurs pervers.

Une violence psychique sans repos

Lors d’une relation avec un pervers narcissique, la victime est assaillie de tous les côtés.

Assaillie sans repos, par une violence psychique terrifiante :


  • Les mensonges constants qui déforment la réalité et créent une confusion permanente

  • Les critiques systématiques qui détruisent l’estime de soi, goutte après goutte

  • Les reproches injustifiés qui installent la culpabilité comme compagne quotidienne

  • La haine déguisée en amour, en soin, en protection

  • Le doute permanent sur ses propres perceptions, sa mémoire, sa santé mentale

  • Parfois, les agressions physiques qui viennent sceller la domination totale

L’effraction psychique

Le pervers narcissique dépasse toutes les limites. Par l’emprise, il parvient à rentrer dans l’esprit de sa victime dans l’impunité la plus totale.

Il n’a aucune morale, aucune empathie et encore moins de limite.

Le pervers narcissique est un individu pathologique qui utilise l’autre comme objet à détruire.

On peut alors parler d’une réelle effraction psychique, marquant la victime au fer rouge.

Le doute et la confusion s’installent, renforcés par la manipulation continue du manipulateur narcissique.

La victime ne sait plus ce qui est réel, ce qui est imaginé, ce qui est justifié ou non.

L’hypervigilance permanente

La victime est en hypervigilance constante, à l’affût du moindre signe d’agressivité ou de violence.

Elle scanne en permanence l’humeur du pervers narcissique. Elle analyse chaque geste, chaque mot, chaque silence.

Cette hypervigilance est épuisante. Elle mobilise toute l’énergie psychique disponible.

Le pervers narcissique parvient ainsi à capter toute l’attention de sa victime dans une seule direction : lui-même.

L’omniprésence psychique

Cette omniprésence que le pervers narcissique parvient à créer puis instaurer chez sa victime est effrayante.

Même loin de lui, même lorsque les ponts ont été coupés, la victime fait face à un immense souvenir, omniprésent et aliénant.

Le manipulateur continue d’occuper l’esprit, les pensées, les cauchemars. Il hante.

💡 À retenir

Un trauma est la résultante d’un événement ponctuel ou d’une suite d’événements dont la durée, l’exposition, l’impact ou la répétition font traumatisme et écho dans le psychisme.

Les mécanismes de destruction psychique

La dissociation : quand on décroche pour ne plus ressentir

Parfois, c’est trop. Trop de violence, trop d’attaques, trop de tension accumulée.

Alors l’esprit décroche. Il se met en mode survie.

C’est ce qu’on appelle la dissociation.

Ce moment étrange où l’on continue de parler, de vivre, d’agir… mais sans vraiment être là.

Comme si on regardait sa vie depuis l’extérieur. On devient spectateur de soi-même, presque détaché.

Ce n’est pas de la folie. C’est un réflexe de protection.

L’esprit se met à distance pour ne pas s’effondrer. Il fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a, pour continuer d’avancer, malgré tout.

La dissociation peut prendre plusieurs formes :


  • Sentiment d’irréalité, comme si tout était flou ou lointain

  • Impression de sortir de son corps, de se voir de l’extérieur

  • Trous de mémoire, absence pendant certains moments

  • Engourdissement émotionnel total, incapacité à ressentir quoi que ce soit

L’effacement de soi : quand il ne reste plus rien

Et pendant ce temps, quelque chose d’encore plus insidieux se produit : on se perd.

Lentement. Silencieusement. Sans même s’en rendre compte.

Ce qu’on aimait, ce qu’on pensait, ce qui faisait notre singularité… tout s’efface progressivement.

Le pervers narcissique a un talent cruel : il ronge l’intérieur.

Il déforme vos goûts. Il conteste vos opinions. Il détruit ce qui fait que vous vous sentiez vivant.

Et un jour, vous ne savez plus qui vous êtes. Vous doutez de tout. Même de ce que vous ressentez.

Vous vivez sous influence. Il a pris toute la place.

Les conséquences concrètes de l’effacement


  • Perte d’identité : vous ne savez plus ce que vous aimez vraiment

  • Disparition des limites : vous ne savez plus dire non, poser des frontières

  • Isolement social : vous avez coupé les liens avec vos proches, souvent sans comprendre pourquoi

  • Dépendance totale : vous ne pouvez plus prendre de décision sans l’avis du manipulateur

Et après ? Le chemin de la guérison

Le temps et l’entre-deux

Quand on a été traversé de part en part par une telle violence, il faut du temps. Beaucoup de temps.

Et souvent, ce n’est pas l’après qui est le plus difficile. C’est l’entre-deux.

Ce moment flou où l’on comprend ce qu’on a vécu, mais où l’on ne sait pas encore comment se retrouver.

Cette phase de désorientation est normale. Elle fait partie du processus.

L’importance de nommer

Mais il y a une chose essentielle : nommer.

Nommer le traumatisme. Nommer la douleur. Nommer la perte de soi.

Parce que ce qu’on ne dit pas continue d’agir, en silence, dans l’ombre.

Mettre des mots sur ce qui s’est passé, c’est reprendre du pouvoir sur son histoire.

Ce n’est pas juste une mauvaise relation. C’est un traumatisme. Et le reconnaître, c’est déjà commencer à le réparer.

Se faire accompagner

Le traumatisme complexe nécessite souvent un accompagnement thérapeutique spécialisé.

Plusieurs approches ont fait leurs preuves :


  • EMDR : pour retraiter les souvenirs traumatiques

  • Thérapie des schémas : pour identifier et modifier les patterns destructeurs

  • Psychothérapie psychodynamique : pour comprendre les mécanismes inconscients

  • Thérapie cognitivo-comportementale : pour sortir des pensées automatiques négatives

L’important est de trouver un thérapeute formé aux traumatismes complexes et aux violences psychologiques.

Reconstruire son identité

La reconstruction passe par plusieurs étapes :

Reconnectez-vous à vos sensations. Qu’aimez-vous manger ? Quelles musiques vous touchent ? Quelles activités vous apaisent ?

Réapprenez à dire non. Commencez par de petits “non” dans des situations sans enjeu. Entraînez-vous.

Renouez avec vos proches. Expliquez-leur ce que vous avez traversé, si vous le pouvez. Acceptez leur soutien.

Pardonnez-vous. Vous avez fait ce que vous pouviez avec les ressources que vous aviez à ce moment-là.

💡 En résumé

La guérison d’un traumatisme complexe prend du temps. Ce n’est pas linéaire. Il y aura des hauts et des bas. Mais chaque petit pas compte. Et reconnaître le traumatisme, c’est déjà commencer à le réparer. Lentement, mais sûrement.

💬 Vous reconnaissez ces mécanismes ?

Un psychologue spécialisé dans les relations toxiques et les traumatismes peut vous aider à sortir de l’emprise et retrouver votre liberté.

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FAQ : Traumatisme et relation toxique

Comment savoir si j’ai développé un traumatisme d’une relation toxique ?

Si vous présentez plusieurs de ces signes de manière récurrente : troubles de la mémoire, hypervigilance permanente, dissociation, cauchemars récurrents, évitement de certaines situations, réactions émotionnelles intenses face à des déclencheurs, flashbacks. Le diagnostic doit être posé par un professionnel de santé mentale spécialisé.

Combien de temps dure la guérison d’un traumatisme de relation toxique ?

Il n’existe pas de durée fixe. Cela dépend de nombreux facteurs : durée de la relation, intensité de la violence subie, ressources personnelles, présence ou non d’un accompagnement thérapeutique, soutien de l’entourage. En général, la guérison prend de plusieurs mois à plusieurs années. Ce n’est pas linéaire et chaque parcours est unique.

Peut-on guérir complètement d’un traumatisme complexe ?

Oui. Avec un accompagnement adapté (thérapie EMDR, thérapie des schémas, psychothérapie spécialisée dans les traumatismes), il est possible de traiter le traumatisme et de retrouver une vie épanouie. La guérison ne signifie pas l’oubli, mais la capacité à vivre avec ce qui s’est passé sans être constamment envahi par la douleur ou les symptômes.

La dissociation est-elle dangereuse ?

La dissociation est un mécanisme de protection naturel face à un trauma. Elle n’est pas dangereuse en soi, mais elle indique une souffrance psychique importante qui nécessite d’être prise en charge. Si les épisodes dissociatifs sont fréquents ou intenses, il est important de consulter un professionnel spécialisé dans les traumatismes.

Quels types de thérapie sont les plus efficaces pour un traumatisme de relation toxique ?

Les thérapies qui ont fait leurs preuves sont : l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) pour retraiter les souvenirs traumatiques, la thérapie des schémas pour identifier les patterns destructeurs, les thérapies cognitivo-comportementales pour modifier les pensées automatiques négatives, et la psychothérapie psychodynamique pour comprendre les mécanismes inconscients. L’important est de choisir un thérapeute formé aux traumatismes complexes.

Comment savoir si mon thérapeute est compétent pour traiter les traumatismes de relations toxiques ?

Un bon thérapeute pour ce type de traumatisme doit : être formé aux traumatismes complexes, connaître les dynamiques des relations avec pervers narcissiques, ne jamais minimiser votre vécu ni vous culpabiliser, comprendre les mécanismes d’emprise et de manipulation. N’hésitez pas à poser des questions sur sa formation et son expérience avec ces problématiques lors du premier rendez-vous.

Puis-je avoir une relation saine après un traumatisme de relation toxique ?

Oui, absolument. Avec un travail thérapeutique approprié, il est possible de reconstruire sa capacité à faire confiance, à poser des limites saines et à reconnaître les signaux d’alerte. Beaucoup de victimes de pervers narcissiques parviennent à construire des relations saines et épanouissantes après leur guérison. Le temps et l’accompagnement sont essentiels.

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