La famille perverse narcissique est le milieu, par excellence, où ce mode relationnel se met en place et s’élabore. On peut être victime de ce type de famille de plusieurs manières : en y entrant par le biais d’une union, ou pire — en y naissant sans pour autant être atteint du trouble commun au reste de la cellule familiale. Ce système toxique dépasse largement le cas du manipulateur isolé : c’est tout un clan qui fonctionne selon les règles de la perversion.
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Faire le test maintenantLa famille perverse narcissique : un système clanique
Il semble difficile de dresser un portrait-robot de la famille perverse narcissique. Souvent, le trouble pourra être partagé par les parents et s’étendre à certains membres de la fratrie, sans que cela ne soit le cas pour tous.
Il y a par contre, toujours un dominant au sein de cette famille, mais il n’y a pas de membre attitré pour ce rôle. Parfois, le problème peut venir d’un oncle, d’une tante ou d’un grand-parent.
Le fonctionnement “en meute”
On parle de système tribal ou de fonctionnement “en meute”, car la structure familiale est dominée par un “chef”, un pervers dominant. Les membres respectent donc une hiérarchie qui les met aux ordres de leur chef. Ce dernier a besoin que l’on l’admire et que l’on l’encense perpétuellement. Le rôle des membres d’une famille manipulatrice est donc de servir le chef.
La transmission du pouvoir
Le système clanique d’une telle famille exige que son chef désigne un “héritier”. C’est celui ou celle à qui il va transmettre symboliquement son pouvoir de manipulation. Cet héritier ou cette héritière deviendra à son tour plus tard l’homme ou la femme forte du clan.
Cette transmission peut se faire :
• Par modélisation : l’enfant observe et imite
• Par privilèges : l’enfant doré reçoit un traitement de faveur
• Par alliance : l’enfant devient le complice du parent
• Par corruption : on lui apprend à manipuler les autres membres
Les caractéristiques de la famille perverse narcissique
Une petite société fermée
Ces familles représentent de petites sociétés en soi, fonctionnant sur le mode de la pensée unique et régies par des règles rigides. Elles vivent selon des normes comme :
• Le goût pour l’argent et les apparences
• Le silence sur soi et les secrets de famille
• La haine de la différence
• L’exclusion de ce qui n’appartient pas au clan
• La méfiance envers l’extérieur
Le fonctionnement d’une famille perverse narcissique se rapproche de celui des sectes.
L’illusion de bonheur
Elles veulent donner à croire que leurs membres sont heureux et unis entre eux, alors qu’ils sont en réalité tenus par des liens de dépendance. L’individualité de chacun a été étouffée très tôt au profit de la personnalité écrasante du chef.
À l’extérieur, cette famille présente une façade irréprochable : des enfants bien élevés, des fêtes de famille joyeuses, une image de respectabilité. Mais derrière le décor, règnent :
• La peur du chef
• Les alliances secrètes et les trahisons
• Les humiliations à huis clos
• L’interdiction de parler de ce qui se passe
Le huis clos redouté
Une famille perverse narcissique est un milieu fermé. Elle n’a pas d’amis et fuit la compagnie des autres. Elle redoute que l’on découvre ce qui se passe dans son huis clos et a peur de se faire démasquer. Cette famille dissimule jalousement ses secrets de famille.
Les rôles dans la famille perverse narcissique
Chaque membre de la famille se voit attribuer un rôle précis qui sert le système.
Le chef / Le dominant
C’est le pervers narcissique principal autour duquel tout le système s’organise. Ses caractéristiques :
• Il détient le pouvoir absolu
• Il distribue les rôles aux autres
• Il peut changer les règles à sa guise
• Tout le monde doit le servir et l’admirer
L’héritier / L’enfant doré
Celui qui a été choisi pour reprendre le flambeau :
• Il bénéficie de privilèges
• Il est complice du chef
• Il apprend les techniques de manipulation
• Il participe parfois aux humiliations des autres
Le bouc émissaire
L’enfant sacrifié sur lequel se déversent les frustrations du clan :
• Il est systématiquement critiqué
• Ses réussites sont minimisées ou niées
• Il porte la responsabilité des problèmes familiaux
• Il est celui que le clan a choisi pour “devenir fou à leur place”
Les exécutants
Les autres membres de la famille qui :
• Obéissent au chef par peur ou par intérêt
• Participent passivement à l’exclusion du bouc émissaire
• Ferment les yeux sur ce qui se passe
• N’osent pas s’opposer au système
Ce que subissent les victimes
Les victimes de telles familles sont étrangères à leur propre clan, et en deviennent très tôt les esclaves. Parce qu’elles refusent d’être au service du chef, elles sont l’objet d’un rejet des autres membres.
Une souffrance multipliée
Elles subissent ce que les victimes d’un parent narcissique manipulateur subissent, augmenté par le poids du clan. La blessure de trahison, vécue auprès des autres membres de la famille dont on aura vainement cherché le soutien, sera cuisante.
Plus encore que la victime d’un seul parent destructeur, la victime d’une famille perverse narcissique vit prisonnière d’un enfer. Elle fait face à la perversion vécue comme normale et normative, dans un contexte clos où chacun la pratique.
Le sort du bouc émissaire
Le sort des victimes est celui des enfants de manipulateurs, qui grandissent très tôt dans :
• La peur de leurs parents toxiques
• Le harcèlement continuel
• Les colères imprévisibles
• Les blessures et l’humiliation
• La solitude absolue
Un parent toxique exerce une véritable emprise sur un enfant en le persuadant très tôt qu’il pense à sa place : il fait ainsi de lui son jouet. Dans le cas de la famille toxique, c’est le clan entier qui va se relayer dans ce rôle.
Comment échapper à l’emprise de la famille
Le difficile chemin de la prise de conscience
Comprendre que l’on est issu d’une famille perverse narcissique entière est un chemin difficile. Il faut accepter d’être vraiment seul au monde et être capable de se reforger entièrement des repères.
Plus profondément, cela pose un problème identitaire, relatif à la question de ses origines. Des difficultés qui bien souvent, font reculer et atermoient le processus de la prise de conscience.
Les techniques de rétention
Il est difficile de fuir ces familles, car elles ne lâchent pas facilement leurs proies. Parmi leurs techniques de manipulation :
• La culpabilité : “Après tout ce qu’on a fait pour toi…”
• L’appel aux devoirs filiaux et aux liens du sang
• Les menaces : héritage, rupture définitive
• Le chantage affectif : maladie, fragilité feinte
• L’instrumentalisation des événements familiaux
Les pièges à éviter
Malheureusement, ce type de manipulation émotionnelle est très fort et fonctionne sur des victimes. Faute d’avoir pu se construire, elles restent inconsciemment en quête d’appuis et d’identifications dans l’existence.
La justification la plus courante pour ne pas rompre est un faux principe de responsabilité. Cela les prédispose à penser qu’elles peuvent “aider” les leurs, au travers d’une dangereuse illusion : devenir “le parent de leurs parents”.
Après la fuite : le combat continue
Quant aux victimes qui réussissent à fuir courageusement ces familles, elles n’en ont pas pour autant fini avec elles !
La poursuite de la vindicte
Tout comme l’individu, la famille perverse narcissique répugne à lâcher sa proie et la poursuit longtemps de sa vindicte. Elle tente donc de s’immiscer dans sa vie pour briser tous ses accomplissements personnels :
• Son union : tentatives de sabotage du couple
• Son foyer : intrusions, conflits créés
• Son travail : calomnies, pressions
• Ses enfants : tentatives de manipulation des petits-enfants
L’instrumentalisation de la justice
Il faut s’attendre parfois au pire, comme à des attaques en justice sous des prétextes fallacieux, car ces familles sont expertes dans l’art d’instrumentaliser la justice.
S’il est difficile de “guérir de son enfance”, il est bien plus compliqué encore de guérir d’une famille perverse narcissique. Face à la famille comme face à l’individu rongé par ce trouble, se préserver exige de fuir.
Se reconstruire après une famille perverse narcissique
La reconstruction après une telle famille est un long chemin, mais il est possible.
Accepter la rupture
La première étape, souvent la plus difficile, est d’accepter que cette famille ne changera pas. Attendre qu’elle reconnaisse ses torts ou qu’elle vous aime enfin correctement est voué à l’échec.
Faire le deuil
Il faut faire le deuil de la famille que vous n’avez pas eue et que vous n’aurez jamais. Ce deuil est douloureux car il touche à quelque chose de fondamental : l’origine, l’appartenance, l’identité.
Se créer une nouvelle famille
Beaucoup de survivants de familles toxiques se créent une “famille choisie” : des amis proches, des mentors, des figures d’attachement saines qui deviennent leur vrai soutien.
Travailler avec un thérapeute spécialisé
Un accompagnement professionnel est essentiel pour :
• Comprendre les mécanismes du système familial
• Identifier les schémas reproduits
• Soigner les blessures profondes
• Apprendre à poser des limites
• Se reconstruire une identité propre
Conclusion : sortir du clan
La famille perverse narcissique représente l’un des systèmes toxiques les plus difficiles à quitter et à surmonter. Le poids du clan, les liens du sang, la pression identitaire rendent la libération particulièrement douloureuse.
Mais cette libération est possible. Elle passe par la reconnaissance de ce qui s’est passé, l’acceptation d’une rupture nécessaire, et la construction patiente d’une nouvelle vie.
Vous n’êtes pas ce que votre famille a fait de vous. Vous êtes ce que vous choisissez de devenir.
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