AUX ORIGINES DE LA PERVERSION NARCISSIQUE

« On ne naît pas pervers, on le reste », a dit Freud en se basant sur l’idée de la perversion polymorphe. Dans leur grande majorité, les spécialistes s’accordent sur le caractère incurable de la perversion narcissique qui n’est pas une maladie mais une structure de personnalité. Mais, la curiosité pousse à s’intéresser aux origines de cette stucture, non pour tenter de changer ce qui ne peut l’être, mais pour mieux comprendre.

Les origines de la perversion narcissique : un sujet mal connu

Quelles sont les causes du développement d’un trouble aussi dérangeant que la perversion narcissique chez un individu ? Ou comment arrive-t-on à se structurer de façon totalement égocentrique, en éliminant toute empathie humaine ?

Ce sont les scénarios qui se sont joués dans la petite enfance qui suscitent, à ce sujet, tout l’intérêt des spécialistes. La première explication souvent développée est celle d’une carapace d’insensibilité. Elle aurait isolé le jeune enfant de l’hostilité de son entourage familial dont il aurait été victime. On suppose généralement que cet entourage était dénué de la moindre attention pour l’enfant. Il ne présentait aucun caractère protecteur, soutenant et compréhensif. C’est donc pour se protéger que l’enfant aurait appris à éliminer de sa vie ses affects, pour survivre en se repliant sur la satisfaction de ses seuls besoins. À l’âge adulte, il continuerait de perpétrer ce comportement instinctif et ne serait touché ni par les autres, ni par les conséquences de ses actes.

Les psychanalystes pointent souvent du doigt les mères fusionnelles, qui entravent le développement psychologique de l’enfant.

La fusion empêche l’enfant de développer une notion fondamentale : celle de l’altérité à l’autre. Si dès 4 ans, l’enfant ne comprend pas que le corps nourricier et sécurisant de sa mère appartient à une autre personne, il n’acquiert pas cette notion. On retrouve là l’une des prémices de la perversion narcissique, avec des individus qui puisent indéfiniment dans la vitalité de l’autre. Autre qui n’a pas de limite propre voir d’existence à leurs yeux, mais n’est perçu que comme prothèse de leur propre narcissisme.

Au sujet de ces enfants prisonniers de ces mères, la psychanalyse parle d’ « objet phallique ». Ils se retrouvent otages du désir maternel, car cette mère n’existe qu’au travers d’eux.

La modélisation avec un parent pervers

Ce phénomène fusionnel, qui peut tout aussi bien se produire avec le père, s’aggrave lorsque le parent fusionnel est atteint lui-même de perversion narcissique. Il se produit alors, si l’on peut dire, un « passage de flambeau » entre les générations, où l’hérédité n’a que peu de chose à voir.
Le dysfonctionnement du comportement d’un parent manipulateur met à jour le terreau où les graines de la perversité vont s’épanouir. Il s’implante dans le caractère pathologique de la fusion, là où le parent pervers, souvent une mère manipulatrice, va donner toute sa mesure en annexant son enfant sur tous les plans : psychologique, physique, et même sexuel.

C’est en niant leur enfant en tant que sujet que les pervers narcissiques s’accordent le droit de leur inoculer leur vision plutôt ténébreuse de l’humanité. L’enfant ne doit avoir pour lui d’autres choix que d’assimiler ce qui est pour son parent, parole d’évangile. On peut insister sur le caractère totalisant d’une telle éducation, car toute tentation de l’enfant de s’opposer en tant qu’être pensant sera réprimée.

Si l’enfant parvient néanmoins à s’opposer, il échappera aux mécanismes de la perversion narcissique.

Mais s’il reste fusionné à ce parent pervers et destructeur, ces deux-là finissent par ne former plus qu’un. On peut parler de cannibalisation de l’enfant, dans ce duo où il devient le reflet des déviances de l’adulte.

Cette fusion nauséabonde crée un climat très malsain qui s’épanche dans tous les aspects de la vie de l’enfant. Ce dernier n’aura jamais droit à une intimité. Il est sommé d’être le réceptacle des pulsions du parent manipulateur pervers qui l’investit, l’envahit et l’annexe à sa personne. S’il tient un journal intime, il sera lu, ses affaires fouillées et ses moindres secrets démasqués.

Tous les témoignages des enfants ayant subi ce type de traitement se rejoignent au niveau de l’érotisation des rapports avec le parent pervers. Celui-ci peut se balader nu, se livrer à des manœuvres séductrices et des gestes équivoques. On parle alors de climat incestuel en psychologie. Ce climat passe outre la barrière de l’interdit de l’inceste. Barrière hautement civilisatrice pourtant, qui permet la résolution du complexe d’Œdipe, pour s’acheminer vers un développement psychologique normal à l’âge adulte. Or, les enfants confrontés à un parent pervers narcissique fusionnel, ne font pas leur complexe d’Œdipe. P.-C. Racamier, psychanalyste et père du concept de la perversion narcissique en France, parle d’anti-Œdipe dans ce genre de configuration.

Il est à noter que l’autre parent est censé jouer un rôle, dans la résolution de l’Œdipe, en interdisant à l’enfant « le chemin » vers le parent objet du désir.

Or, dans une famille dysfonctionnelle téléguidée par un parent pervers, l’autre conjoint est sous emprise. Cela limite son action. Une raison de plus qui favorise la transmission de la perversion narcissique sur plusieurs générations.

Tous les enfants ne réagiraient pas de la même manière aux manœuvres d’un parent pervers. Certains parviendraient, non sans mal, à s’extraire du processus pour briser ce fonctionnement inscrit dans le temps. La part de l’inné et de l’acquis ne sont donc pas clairement définies dans l’histoire. Mais l’éducation joue un rôle manifestement prépondérant.

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